- Terrae et Mira en quelques mots :
L'institut Terrae, c'est un endroit qui accueille des jeunes qui ont acquis des pouvoirs, après avoir subi le "Vide", autre mot pour dire "dépression x1000". C'est un genre de refuge secret dont l'existence n'est pas connue du monde extérieur, excepté quelques rares exceptions.
Mira est une italienne, fille unique d'un parrain de mafia, qui a subi son vide après l'assassinat de celui-ci, ainsi que de sa mère. Ses pouvoirs prématurément arrivés à cause d'une éclipse, qui a l'équivalence d'un énorme bug de la matrice sur la magie, elle s'en servit pour griller vif le coupable présumé du meurtre de ses parents avant d'être recueillie par l'Institut.
Une fois en pleine conscience de ce qui lui arrivait, elle s'est mise en tête d'acquérir autant de pouvoir que possible, et ce, tout en demeurant, de manière officielle, à la tête de sa mafia. Avec l'aide d'une amie de confiance, Hortensia, elle maintient les affaires de ses parents en place, sans vraiment avoir le temps de s'y consacrer. En conséquence, la plupart des mafiosos ont décidé d'ignorer l'autorité de la nouvelle marraine en place, puisqu'ils la jugent incompétente et trop inexpérimentée pour régir quoi que ce soit.
Cela la vexe énormément, plus encore, cela l'énerve au plus haut point. Elle entame alors une période de volonté de pouvoir presque folle qui la pousse à essayer de progresser malgré l'impossibilité imposée par un sceau qui maintient les pouvoirs des novices à un niveau raisonnable. Malgré tout, elle essaye tant de dépasser cette frontière qu'elle finit par constamment fournir des efforts déraisonnés qui continuent à avoir une influence néfaste sur elle.
Enfin, Mira est une Feu "Marionnettiste", ce qui signifie que ces pouvoirs lui permettent de contrôler le feu, ainsi que les mouvements d'autres personnes.
Je ne crois pas au destin. Je ne crois pas à un chemin scellé. Je ne crois pas aux liasses tendues par le ciel, accrochées à nos bras et nos jambes qui nous retiennent de dévier du droit chemin, creusé pour nous. En rien de cela, je n’ai foi, tout ce qui m’apparaît comme certitude, c’est que ceux qui se soumettent à pareille pensée seraient capables de tout justifier. « Ce n’est pas de ma faute », « c’était écrit », « c’est ainsi » … toutes ces excuses qui ne sont rien d’autres que des peurs inassumées. C’est une fabrication, un tissu de mensonges, un prétexte pour ne pas devoir aller face à face avec la souffrance.
Mais moi … moi, je n’ai pas peur ! Je n’ai aucune crainte, je n’ai rien d’autre que des objectifs. Et dans l’immédiat, mon objectif était simple, clair, accumuler de la puissance, accumuler du pouvoir ! Briser ce sceau que l’on m’impose et outrepasser les attentes qui me sont allouées. Je n’ai rien en commun avec toutes ces personnes, dans ces grilles rassemblées. Je suis le genre de fille à rester debout à l’heure où tout le monde est couché. Il était quatre heures du matin, j’avais les pieds dans l’eau du lac et j’adressais à mes propres pensées ce discours acharné. Je sentais brûler dans mon cœur une envie, un profond désir, l’adrénaline passait dans mes veines à la simple pensée d’un jour prendre la place sur le trône, en haut des cimes. Même si Dieu n’existait pas, même s’il n’y avait que nous, alors je comptais m’élever, trouver l’ascension. Seule moi en suis capable, et pourquoi ?
- Je n’ai pas peur de souffrir.Seule face au lac, j’entends dans ma poitrine le battement qui allume le brasier au bout de mes bras. Entre mes mains, je créé la flammèche, destinée à devenir bien plus grande que ce auquel on espère me maintenir. J’entame une lourde respiration et la flamme s’élargit, chauffe de plus en plus les paumes de mes mains. Ce n’était là que la moitié de mon maximum, je devais continuer, persévérer, prolonger l’effort jusqu’à ce que je me sente mourir ! Alors, j’y sacrifia mon cœur, je plongeai dans l’œuvre toute ma dédication et tandis que je sentais mes veines se serrer, le brasier que j’avais créé s’étendait, encore et encore.
Ce n’était pas assez, c’était loin d’être assez ! Je continuais, toujours plus fort ! Mes doigts crispés semblaient maintenir la flamme sous une solide emprise, tandis que je sentais le craquement de mes os sous ma peau. Une chaleur humide s’apposa sous ma narine, le premier signe de fatigue, la goutte de sang nasal qui promet de graves conséquences pourvu que l’effort doive continuer. J’ignore ce signal, j’intensifie mon emprise. Je tousse des projections écarlates qui décorent mes mains de leur aspect morbide. Mais jamais je n’arrête de faire grandir ma flamme. A tel point que j’en viens à la comprimer, la serrer dans une lumière brillant de mille feux, une aube blanche entre mes doigts qui se lève et hurle comme un sifflet dans mes oreilles. Je hurle sous la douleur et envoie une dernière fois le reste de ce que je peux fournir dans cette œuvre … j’entends le cri de ma propre conscience qui m’implore la prudence. Trop tard. Je sens l’espace entre mes mains exploser, et pendant un instant, je perds connaissance du monde autour de moi.
Il suffit d’un battement de cil pour m’y ramener, en tout cas, c’est ainsi que j’en eu la sensation. Aussitôt endormie, aussitôt réveillée. J’ai l’impression … que je vais bien ? L’aube approche ? Autour de moi, tout semble plus … terne. Je regarde l’endroit d’où j’ai pratiqué plus tôt. Il n’y a rien qui indique mon passage, ma flamme n’était pas assez puissante apparemment. Je n’ai plus rien à faire ici pour aujourd’hui, naturellement, je reviens dans l’institut, tout me semble calme. Les couloirs vides que j’arpente sont sans saveurs, je ne remarque plus les posters que les étudiants ont affiché sur les murs. Quelque chose a changé … quelque chose a tué la passion qui caractérise la vie telle qu’elle est et l’illumine. J’ai l’impression d’avoir réalisé une chose importante, mais impossible de dire laquelle.
Je rentre dans mon appartement, et pousse un très long soupir. Traversant ma chambre, je rentre dans ma salle de bain et me penche sur mon évier. J’avais une sensation étrange, dans l’estomac, celle d’aller si bien que tout allait mal. C’était un paradoxe inexplicable, comme une superstition qui me rongeait le ventre, cherchant à me rappeler quelque chose que j’avais oublié. Les yeux plongés dans le siphon d’eau, je me trempais le visage pour essayer de me réveiller. Je me redressai, avant de me figer.
Dans le miroir, je vis ma mâchoire claquer, tombant comme celle d’un pantin, j’aperçus mes yeux bleus, peints à l’huile sur un fond de bois. Levant la main devant ces yeux, je pris conscience de la rigidité de mes articulations. Mes mouvements étaient saccadés, mon équilibre défaillant fut mis en évidence par la glace qui accusait mon aspect. J’étais horrifiée, secouée, l’expression transmise par mon visage factice n’aurait pu trouver de mot pour en décrire l’apparence. J’étais une humaine sous une peau de marionnette, j’étais une marionnette.
La réalité de ce fait m’apparut alors comme une évidence, comme si j’avais toujours su quelle était ma nature véritable, comme si j’étais un pantin avant d’être une humaine. Me relevant de ma frayeur, je me repositionnai tant bien que mal devant mon miroir et mirait mes traits inhumains. Les doigts qui vinrent toucher mon visage pour voir s’il était bien réel avaient la texture de bois poli. J’avais oublié. Je suis bel et bien un mannequin, le jouet d’une volonté supérieure, la conséquence d’actions qui trouveront une logique à leur suite. En bref, je suis la création du monde tel qu’il veut que je sois. La marionnette parfaite. Je suis mon chemin, j’emprunte la route tracée à mes pieds et c’est tout ce dont j’ai besoin de faire. Pas de douleur, pas de peine, pas d’efforts … pas besoin de mourir ailleurs que dans mon lit.
Je remarque alors une anomalie dans mon reflet, une trace noire dans le bas de ma cote gauche. Comme si mon bois avait été rongé par la pourriture. Relevant mes yeux, je vis une lueur au-dessus de mon cou, une brève brillance. De mes mains, j’allai la saisir. C’était une ficelle si longue qu’elle s’élevait jusqu’au plafond, et encore, elle semblait traverser ce dernier comme de l’eau. Je devinais que ce lien s’élevait jusqu’aux cieux … mais alors, quelqu’un contrôle mes mouvements ? Oui. C’était évident. Mais l’évidence trouva une contradiction, dans mes pensées, comme un cri de l’âme qui résonna jusque dans le creux de mon buste. Non … non … c’était impossible ! J’étais seule maîtresse de moi-même ! Je suis la bergère, pas la chèvre ! Je refuse d’être l’outil de quelqu’un d’autre que moi-même. Tremblante, je suivis cette rébellion intérieure et du bout de mes doigts j’arrachai le fil accroché à ma nuque.
Une douleur perçante me fit sortir un cri mécanique, tandis que j’aperçus d’autres ficelles similaires à plusieurs endroits sur ma peau. Une à une, je les rompais, encaissant la douleur à chaque séparation. La tâche à l’emplacement de mon poumon gauche s’élargissait à chaque fois que je répétais le processus. Je finis alors par rompre le dernier fil, raccordé à mon cœur, et plus aucune sensation ne me vint. Seul le noir complet s’imposa.
…
Puis la lumière.
- Mira ? Tu es réveillée ?Mes yeux s’ouvrirent avec peine sous de fortes lueurs blanches qui agressaient mes pupilles. Tranquillement, je les laissais se rhabituer au soleil matinal. Tout tournait autour de moi, la première chose que j’aperçus fut les bandages sur mes mains.
- On t’a retrouvée dans ton appartement, en train de hurler.Hurler ? Ce n’était pas un rêve. Qui était en train de me parler ? Je ne connais pas cette voix. Je comprends ses paroles, mais elles n’ont pas l’air d’avoir le moindre sens.
- Après t’avoir examinée, nous avons décelé … hm … il n’y a aucune bonne manière d’annoncer ça.M’annoncer quoi ? Dis-le vite ! Je n’ai toujours pas vu ma peau, suis-je encore un pantin ? Pitié, faites-que non.
- Nous t’avons diagnostiquée un cas de tuberculose, je suis désolé.- Comment vous m’avez trouvée ?- Des voisins de dortoir ont entendu des cris, et ils sont entrés dans ta chambre. La porte n’était pas verrouillée. Ils t’ont trouvée évanouie sur un tas d’immenses ficelles. … pft … ha … haha. Alors c’était bel et bien réel. Je ne m’expliquais pas comment c’était arrivé, ni ce que signifiait ce phénomène, pas plus que j’aurais pu expliquer à mon médecin pourquoi je m’étais soudainement mise à rire joyeusement. C’était parce que j’avais coupé mes ficelles. Dans ta gueule, le Destin.
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