- Un peu de contextualisation !:
Ziggy Zolero, ancien vampire, est un écrivain déluré et original qui se sert d'un grimoire magique (Le Livre de Guthemberg) et de sa Plume d'Oie dorée pour faire devenir réalité tout ce qu'il rédige. Sur un coup de sang très propre au caractère flamboyant de notre dandy, celui-ci décide de mettre fin à une immortalité durant depuis deux siècles pour découvrir toutes les joies et peines de la vie mortelle afin qu'elle n'alimentent sa prose et ses idées. Ziggy est un être en constante évolution, refusant de se voir comme un acteur de son histoire mais comme la plume qui la narre. Ceci dit, s'il faut botter deux ou trois derrières et gagner de l'argent facile, l'amour de l'art de l'humain à tôt fait de déserter, et il se plie à l'exercice avec un entrain plutôt effrayant ! Alors asseyez-vous confortablement, car notre héros s'apprête à se transformer en un Pitiponk, une créature du Bestiaire Dùralassien !
J'étais dans mes appartements, ayant préféré me laisser tremper dans un long bain plutôt que d'entreprendre une quelconque activité productive, et me demandais que faire de ce long Dimanche, lorsque sorti de nulle part entrait un personnage que je ne connaissais que trop bien : mon maître en magie Vermillon Coursimphone. C'était un vampire de la haute aristocratie et ces termes suffisaient à deviner le reste, il était blême, tranchant et autoritaire, et portait généralement sur lui de l'or en quantité suffisante pour acheter des contrées aux faibles revenues. Mais ne vous méprenez pas, Vermillon était bourré de talent, et j'apprenais grâce à lui des ficelles de la magie que je n'avais jamais soupçonnées, et lorsqu'il était de bonne humeur, il lui arrivait de m'accorder le droit de parole et j'échangeais alors quelques phrases avec mon mystérieux tuteur.
D'un signe de la main, il me fit signe de me taire bien que je n'eus pas pipé mot, et me lançait sur un ton agacé que l'on allait pratiquer aujourd'hui l'art de changer les métaux en or. Ne comprenant pas ce qui pouvait l'agacer, mais sachant pertinemment que tout contrarie un vampire, je décidais d'hocher la tête et d'allumer une pipe pleine d'herbe elfique car j'allais en avoir besoin.
Le début du cours se passait plutôt bien, sans accrocs, mais lorsqu'il me demandait de réciter à voix haute la formule inscrite sur un parchemin ésotérique je remarquais la ressemblance d'un terme à un mot argotique salace et ma langue fourchait, transformant ma diction en incompréhensible gloussement.
- Erzeto salopi... hahahaha
- Oh Seigneur ! Attention... !
Un flash m'éblouissait tandis que je calculais l'étendue de mon erreur pourtant mineure. L'alchimie était une branche de la magie liée à la Transmogrification, l'art de manipuler le tissu du réel, et le moindre grain de sable dans l'engrenage ésotérique pouvait créer une distorsion désastreuse.
Trop tard.
Je voyais Coursimphone d'en bas, et voulu parler, mais un "glouglou" roucoulant jaillissait de mes cordes vocales à la place d'une phrase construite. De surcroît, ma pensée commençait à s'étioler, et les mots, les choses, les
pitoki... se confondait dans ma tête.
Qu'est-ce que je venais de
piter ?!
- Eboujeazizijeaisouawangé !
Pititai i piti a comprendre ! Je bondissais sur piti poi avant de piti pita. Potopi pata piti. Il était potkinant qu'en dépitikala mon état se détériorait, puisant dans mes popokilmes je scandais :
- Ponkponk !
Mes bras avançaient, portés par un parkoko kururk de mon âme, et je savais seulement voir caresser la peau soyeuse de ce prokoponk qui était là au-dessus de moi. Il semblait avoir la peau si ponkoko, la chaire si prakito, et mes popokilme pitaiaient dans une ponkina joyeuse tandis que mes appendices touchaient la veste du prokoponk.
Prrrrrrrrrr
Si ponkoko ! Si prakito !
- Ponkponk !!!
Je sautillais de nouveau, mais constatais la grimace du prokoponk. Ressentait-il ... ? Que ressentent les prokoponk, déjà ? Suis-je prokoponk ou pitiponk moi ? Je... j'avais faim. Il me fallait preskopiko des baies d'agagabir ! Mon cou pivotait sur lui-même, à cent-quatre-vingt degrés, à la recherche de la précieuse nourriture, et j'enrageais de ne pas voir d'agagabir, ni de buissons à babatikir, par les Mollusques Sacrées même des Zbramiko auraient fait l'affaire ! Ma colère devenait sourde, et je lâchais un grognement guttural.
- Ponkopoko ! Agagabir !
Visiblement totalement ébahi par ma magnificence pokturale, le prokoponk ouvrait l'issue sur sa demeure prokaïque et j'en profitais pour me faufiler dehors. Grande pokomak ! Beaucoup de brillance ! Mais au détour du couloir j'aperçu une kikambel de prokos et décidait de me liquéfier sous la première issue que je trouvais.
Dans cette nouvelle pièce il y avait un zbrot ! Le zbrot crépitait, et j'en avais une peur incroyable ! Mais les pitiponk savent bien que les zbrot ne bougent pas, tant que les prokoponk ne s'en servent pas pour zbrotiver leurs prokomak, tout irait bien ! Un pas gélatineux après l'autre, je cherchais de quoi manger lorsque mes narines molles captaient l'essence d'une baie d'agagabir !
Agagabon ! Agagabir si si ponkina !
- Zrrrrrr !
Je glissais rapidement jusqu'à me tenir si proche de la baie que mes popokilmes frétillaient de pitoki pokoyoko ! Parsi, poki tiki koyo akikipa Agagabir ! Murkiponko, prokoponko d'ipoki e'kripokona !
- Zrrrrr zrrrr ! Ponkponk !
Dans mes proska mouillées je glissais l'agagabir et guettait d'autres signes de nourriture... j'avais faim ! Terriblement faim ! La trouvaille de la baie n'avait fait qu'exciter mes popokilmes, et il m'en fallait plus ! C'est alors qu'une prokapak m'aperçu, en ouvrant grand l'issue, bientôt suivie par le reste des prokoponk qui pullulaient ici. Infâme vermine, laissez-moi donc en paix avec l'agagabaie ! Je crachais mon liquide kilmar en leur direction, les apostrophant de mes invectives les mieux formulées.
- Ponkotarn, kokirto zorviti ponk ! Parkiki !
C'est alors que se saisissant de moi, le prokoponk du début, celui qui m'avait ouvert l'issu, récitait ses incantations de vil païen ; pas étonnant que leurs Dieux les aient abandonnés tant leurs popokilmes étaient dilatées, laides, et sentaient le vokoko séché.... D'un geste de ma petite main sans doigt, je lui décochais une claque au bruit sourd, pareil à une agagabaie qui tombe dans l'eau, et riait.
- Zrrr Zrrr Zrrr ! Mikikina !
Un nouveau flash.
Je me découvrais en boule sur une table en chêne massif, dans une chambre d'invité, prostré au-dessus d'un vase de fleurs. Ma tête était encore dans l'eau trouble, et j'en sortais un visage trempé où étaient collées plusieurs mèches de cheveux. Un goût amère avait envahi ma bouche, si bien que j'en recrachais immédiatement le contenu ; une gerbe de cailloux se déversait devant moi, par terre, pour aller jusqu'aux pieds de mon maître en magie qui me toisait d'un regard sévère. Au moins avais-je aujourd'hui découvert que les Pitiponk se nourrissaient de cailloux, mais seulement les blancs et polis, car les autres les rebutaient.