- Elysion et Siffroy:
En quelques mots, Elysion est la Terre, juste quelques milliers d'années plus tard. Une petite Pangée de plus, une poussée évolutive laissant apparaître la magie et l'abandon d'une partie de la technologie plus tard, le mélange donne une étrange science-fantasy où l'on se permet un peu tout. Les expériences les plus folles sont menées par certains, menant à la création d'êtres inimaginables.
L'Ombre en fait partie, de ces êtres inimaginables nés d'erreurs magiques. Des erreurs qui pour certains deviennent le point de départ d'une nouvelle vie. L'Ombre amène avec elle ses propres convictions, du genre qui ne plaisent pas à tout le monde et elle est enfermée une première fois après une longue guerre. Sauf que voilà, les emprisonnements à perpétuité ça ne va jamais vraiment jusqu'au bout, surtout quand on compte sur la magie. Nouvelle ballade de l'Ombre dans les terres d'Elysion et départ d'une nouvelle guerre.
Dans cette guerre, Siffroy prend un peu de place. C'est un vieux briscard, le genre qui a bien vécu, et a qui on a prédit de grandes choses notamment sa participation à l'actuel combat avant que tout cela ne se produise. Alors il a passé des années à accumuler des informations sur tout ceux qui pouvaient avoir un lien avec l'Ombre avant même le retour de celui-ci et a même été propulsé au rang de conseiller royal sur un tirage au sort. Maintenant que la guerre est déclarée, il prend part à l'organisation, trop vieux pour se battre sur le champ de bataille, mais persuadé d’œuvrer pour le bon et le juste. Ah oui et il se transforme en Narval !
"Attention ..."
C'est le dernier mot que le vieux loup de mer a entendu avant de ... s'endormir ? En tout cas c'est la sensation qu'il a eu et maintenant il flotte sur le dos comme dans de l'eau, comme un poisson fatigué, le ventre dirigé vers le ciel. Comme un poisson fatigué ? C'est un poisson fatigué ! Mais bon ça il connaît le vioc, il se transforme en Narval et fend les eaux depuis sa plus tendre enfance. Après un tourner-bouler dans l'eau, de nouveau en position pour nager, il se concentre sur sa corne-dent-organe sensoriel, le truc qu'ont les Narvals quoi.
Pouet.
Pas de trace de son appendice buccal. Merde. Il y avait forcément quelque chose de bizarre pour qu'il se retrouve ainsi dans l'eau. Primo il est coincé, poisson bien plus petit, pas Narval majestueux, petites nageoirottes, ils sent bien ses dents quand il ferme sa gueule... De gros yeux, sûrement, parce qu'il y voit bien. Et un gros pif surtout, parce qu'il sent tout ! Les odeurs de vases viennent vite lui prendre la tête. Il ne le sait pas, parce qu'il faudrait qu'il puisse se voir et qu'il ait une meilleure connaissance de la zoologie marine mais il est maintenant poisson-lanterne. Pas la femelle évidemment mais le mâle, celui qui n'a même pas de lanterne ni grand-chose d'autre pour lui !
« Fait chier »
- Blrglbl
C’est tout ce qui s’échappe alors que ses branchies s’agitent et que sa gueule les suit dans une danse ridicule. Bon, ce n’est pas tout ça mais faut se mettre en route ! Où ça me direz-vous ? C’est une bonne question ça, où ça, mais Siffroy lui il est persuadé de savoir vers où se diriger pour régler absolument tous ses soucis. On va mettre ça sur le compte de sa grande sagesse qui est venue avec l’âge et du fait qu’il soit persuadé d’avoir toujours raison.
C’est ainsi que commence son périple à travers les fonds marins, alors qu’il décide de s’enfoncer vers les fonds marins comme mû par une volonté inaltérable. C’est par là pour s’en sortir, c’est par là-bas pour retrouver sa conjointe, il fonce tout droit vers Odéline il le sent au plus profond de ses tripes. Enfin de ses tripes, surtout au fond de ses narines, il agite ses petites nageoires frénétiquement alors que des phéromones du fond des abysses viennent lui chatouiller l’organe voméronasal et agiter l’hypothalam- … Non attends il n’est pas humain, il n’a pas d’organe voméronasal, et puis en plus ce serait vestigial et … Oh on s’en fout non ?
Flip flop flip flop
Il passe devant des bancs de poissons arc-en-ciel magnifiques, il doit être dans les alentours de Minos, il n’y a que là-bas que les animaux sont si colorés. Et ils ont tous l’air si doux. Même les petits bouts de charognes qu’il dévore sur son passage en s’enfonçant toujours plus profondément semblent avoir un goût de bonbon acidulé. Petit à petit la faune autour de lui évolue doucement, il croise de plus en plus d’animaux aquatiques chelous aux formes désagréables à l’œil. Des trucs qui semblent marcher sur le sol, d’autres qui se baladent comme en sautant, des vers de plusieurs mètres de long qui dépassent du fond de l’eau. Oh une crevette avec un revolver qui en affronte une autre sur un face-à-face sous le Soleil couchant ! D’ailleurs en parlant de Soleil, y’en a plus du tout maintenant qu’il est si profond, y’a plus un pet de lumière …
Et c’est long, oh que c’est long ce voyage, heureusement qu’il trouve un peu de bouffe sur le chemin de temps en temps … Ce qu’on ne ferait pas sous l’impulsion de l’amour ! Il fait noir comme dans un four, Siffroy salive d’ailleurs à l’idée d’une bonne lotte au four ce serait plutôt sympa quand il aura trouvé le moyen de s’en sortir ! Et soudain, la lumière au fond du tunnel, la voilà !
« Hehehe »
-Blrblrblr
Epuisé, il accélère tout de même, il est temps de retrouver sa femme et de se sortir de ce merdier. Enfin proche de celle qu’il pense être son âme-sœur, il la voit enfin à la lumière de la lanterne sur son front : De beaux cheveux blonds, une énorme bouche, des yeux bleus quoiqu’aujourd’hui un peu vitreux… Magnifique en tout cas c’est ce que lui crient les phéromones ! Il aperçoit alors des miroitements autour de lui, ça s’agite, il n’est pas seul … Soudain un autre petit poisson tente de le dépasser à toute vitesse par la droite ! Et un autre par au-dessus. ILS SONT LEGION. Et ils s’attaquent à sa dulcinée !?
Dans l’obscurité, tous se ruent vers la seule source de lumière, ils lui ressemblent d’ailleurs comme deux gouttes d’eaux : Peut-être des gens comme lui, victimes d’un étrange tour dangereux qui les auraient tous changé en petit poisson des abysses. Sauf que c’est sa femme qu’ils mordent, et lui ne va pas en démordre, c’est avec lui qu’elle est mariée ! Alors il se précipite pour se trouver une petite place et …
*CRONCH*
Il la mord, s’accrochant à son flanc, épanoui : Ça y est il est à sa place. Eclairé par la faible lumière qui vient du front d’Odéline, il peut jeter un œil torve sur le côté pour essayer d’apercevoir sa belle. Entre eux encore un obstacle se dresse, un concurrent qui est venu la mordre et qui s’est fiché là un peu plus tôt, le saligaud ! Il s’agite en plus, qu’est-ce qu’il croit faire ? Oh il fond tout simplement, des enzymes digestives s’échappant de la belle blonde pour le faire disparaître petit à petit. Et pouf, une petite boule, pas plus grande qu’une phalange, il ne reste plus rien d’autre de lui … Hein ?
Tentant de regarder autour de lui -n’oublions pas qu’il peut voir des deux côtés au vu du placement de ses yeux -, il ne voit plus que des petites boules qui parsèment le corps de la baudroie femelle. Serait-il l’élu ? Il est le dernier en vie, celui qu’elle a choisi ! C’est en suivant ces pensées qu’il commence à sentir quelque chose lui picoter ce qui lui sert de lèvres. Ca brûle, un peu, mais c’est la chaleur de l’amour, et le voilà qui s’abandonne doucement au sommeil éternel alors que sa peau chauffe et picote doucement …
- Bwaaaaah !
Le vieil homme ouvre les yeux d’un seul coup et se redresse dans son lit, faisant craquer ses articulations et réveillant par la même des douleurs lombaires. Dans la chambre autour de lui, alors qu’il regarde, perdu, il voit une petite veilleuse encore allumée. Sur ses genoux, laissé ouvert sur une page cornée, un livre sur la reproduction étrange des animaux, ouvert sur la page de la baudroie. A sa gauche, Odéline dort profondément, visiblement son cri n’a pas réussi à la faire sortir de sa torpeur.
Ce n’était qu’un cauchemar. Ses branchies frétillent puis disparaissent sous sa peau alors qu’il assume totalement sa forme humaine et se débarrasse de tout ce qui peut être poissonneux chez lui. Urgh, cette histoire se termine sur un frisson de dégoût du vieux conseiller royal qui malgré son poste élevé, fait des rêves éclatés.