Miss Fortune - Plaisirs, ripailles, viv' la canaille ! Je bois, je chante et je tue tour à tour. [Terminé]

Juchée sur sa légendaire paire de bottes à talons Miss Fortune fait tourner les têtes. Très altière autant dans sa démarche que dans son port de tête elle dégage un certain charme attractif, une aura physique et sensuelle qui fonctionne comme un aimant. S'il est vrai qu'elle est séduisante, il est aussi vrai qu'elle s'en donne les moyens. Son apparence est soignée, ses vêtements également. Choisis pour la mettre en valeur, Sarah joue parfois avec la limite de la décence, optant la plupart du temps pour, notamment, de généreux décolletés plongeants. La silhouette élégante, mince et toute en jambe, Miss Fortune possède des formes plantureuses et ses agréable courbes sont misent en valeur par un déhanché naturel ainsi qu'une cambrure de dos qui s'achève sur une chute de rein sculpturale. Sous l'ombre de son tricorne de capitaine se dissimule deux grands yeux d'un bleu stellaire, une bouche délicate aux moues séductrices, une harmonie dans chacun des traits fins de son visage et une crinière de cheveux rouges encadrant une peau d'un pâle exquis.

L'écorchée vive, qui vit dans la passion de l'instant, l'avidité des sens, l'envol des émotions. Elle est fière, pragmatique, mais insaisissable derrière cette façade instable du jeu des apparences. Loin d'incarner la fille fragile que l'on peut aisément mettre de côté, Sarah est hargneuse, voire explosive et sa force de caractère fait d'elle une personne à manipuler avec des pincettes. C'est une battante aux idées fortes qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, endurcie par une lutte perpétuelle contre la stigmatisation et pour ses idéaux. Elle a la rage au cœur, celle de vivre, d'être libre, de se battre pour s'imposer. Sa détermination sans failles la pousse à aller au bout des choses et ce, quoi qu'il lui en coûte car têtue, elle l'est ! Une véritable acharnée que l'on peine à détourner de sa direction initiale. Néanmoins, Miss Fortune n'a pas intérêt à se tromper parce qu'il faut admettre que c'est une mauvaise perdante qui n'apprécie guère que l'on lui rappelle ses échecs ou plus globalement ses erreurs. Bourrée d'orgueil, elle témoigne d'une dignité inhérente à sa façon d'être et si on ne peut parler d'égocentrisme ou de réelle condescendance - car elle ne se considère pas comme supérieure - elle possède malgré tout une attitude parfois arrogante qui peut déplaire. Ceci n'est pourtant qu'une façade et toute sa personnalité s'articule autour de cette dernière, de ce double jeu permanent qui fini par être une mécanique plus qu'une réflexion. − Comme beaucoup de gens, il y a un gouffre entre ce que Sarah ressent et ce qu'elle exprime, et la spontanéité de ses réactions ne fait que dissimuler le recul intérieur qu'elle prend vis-à-vis des événements. En effet, ce n'est pas quelqu'un de "franc" dans sa relation aux gens, dissimulant ses faiblesses, ses doutes, se repliant partiellement sur elle-même. (Non pas qu'elle cherche sciemment à conserver un mystère mais elle part du principe que moins on en sait sur elle, mieux c'est.) Si il y avait possibilité de creuser réellement, on découvrirait une personnalité torturée, bouffée de remords, de non-dits, de frustration, de colère, de reproches, de faiblesses et de peur, la part sombre de tout être humain, qui ne se devine même pas et que Miss Fortune n'accepte ni ne reconnaît. Sorte de mensonge envers elle-même, refus d'admettre que beaucoup de choses ont "foirées" - et souvent par sa propre faute - mais ça, mieux vaut ne pas le lui dire, car blessée ou confrontée à ses erreurs, Sarah fait preuve de mauvaise foi plus que de patience. − C'est quelqu'un pour qui les apparences ont un rôle primordial. Plus qu'une façade, son attitude semble une manipulation permanente. Une manipulatrice oui, une manipulatrice intéressée qui le fait par profit ou pour faire du tord, une personne qui en a besoin, qui se protège ainsi et n'a même plus conscience qu'elle est fausse. Ce n'est pas quelqu'un d'entier, mais de bridée par sa propre façon d'être, un caméléon qui s'adapte au gens comme aux situations. Son pragmatisme la dépasse, l'écrase complètement puisqu'elle s'est tant niée pour correspondre à ce qu'on attendait d'elle. Elle est une image, une apparence avant d'être une personne à part entière mais elle joue le jeu, et de main de maître. Son manque de stabilité est invisible tant sa mécanique est rodée, ses sourires calibrés et chacune de ses attitudes calculées. C'est une joueuse d'échec, et plus que devant le plateau, c'est face aux gens qu'elle exerce cet art de l'anticipation et de la stratégie. Ce que l'on voit d'elle en revanche, c'est sa volonté de profiter, ce désir de se sentir vivante. Elle se bat constamment pour ne pas finir blasée avant d'être vieille et même si la lassitude l'étouffe parfois, Miss Fortune est encore quelqu'un qui tente de ne pas accepter la dure réalité et son désenchantement intrinsèque. Bien que terre-à-terre et consciente qu'elle ne pourra guère espérer que tomber plus bas, Sarah aimerait réaliser ses rêves - part d'enfance qui s'accroche à l'utopie d'une vie meilleure, d'un soulagement même tardif et d'un accomplissement. De pouvoir un jour regarder en arrière sans honte. − Dans sa conception des plaisirs de la vie, il y a les excès. Miss Fortune n'a pas peur du lendemain, ni de le commencer avec une gueule de bois magistrale ! Elle recherche tout ce qui pourrait lui insuffler un peu d'adrénaline, c'est presque un besoin ce frisson de la peur ou de l'excitation : celui qui réveille son goût pour la vie. Joueuse, elle à tendance à se moquer des conséquences de ses actes et ne se gêne pas pour provoquer et chercher la merde (que ce soit en se fourrant dans des situations pas possibles ou en se frottant d'un peu trop près à des gens peu fréquentables). Délurée aussi, elle se plait à user de ses charmes sur la gente masculine, parfois gratuitement, juste pour le plaisir d'être flattée (faisant preuve d'un rentre-dedans souvent déstabilisant). En somme toute, Sarah est une femme décomplexée qui assume ce qu'elle fait et qui n'a pas honte de grand chose, préférant foncer, oubliant parfois qu'il y a un mur au bout. Autant les fondements de sa personnalités sont bancals, autant socialement, elle est pleine d'assurance. Ouverte à la discussion, fluide dans les contacts, elle demeure néanmoins insaisissable lorsqu'on veut les approfondir. Si elle accepte l'amitié, l'apprécie et se montre "honnête" autant que "loyale", c'est est une handicapée sentimentale, incapable de s'attacher réellement. Passionnée, elle peut débuter une relation le cœur ouvert mais se lasse très vite et repousse rapidement la personne. Plus que de la peur ou un refus, elle est d'une inconstance qui ne lui permet pas de conserver son attachement à quelqu'un dans un contexte autre qu'amical, et son amitié même est parfois ambigu ou à double tranchant. − On ne peut pas dire que Miss Fortune soit quelqu'un de facile à cerner, c'est un bouillonnement permanent d'émotions et de calculs, jouant sur le fil du rasoir. D'un côté les sourires et la provocation, de l'autre un penchant plus solitaire et autodestructeur. Elle ne sait pas elle même qui elle est, elle se cherche, et dans cette quête, il y a des failles ou des frémissements qui font de son caractère un château de carte. Parfois au vitriol, parfois entêtante, sa complexité fait d'elle une véritable énigme.

« IL EST MORT ! GANGPLANK ET MORT ! »
La nouvelle se propage, afflue comme une traînée de poudre. En quelques minutes à peine tout Bilgewater s'entasse sur les quais pour assister à la déchéance du pirate. De son navire il ne reste qu'un vulgaire amas de bois en proie aux flammes, de son équipage que ceintures et pistolets flottants, et de lui que vagues chuchotements sur les lèvres des habitants. « C'est terminé. » susurre fébrilement la responsable de ce capharnaüm les doigts crispés sur le bois sculpté de son bastingage. C'est fini. Il était mort. Gangplank était mort... Après des années passées à attendre, à opérer dans l'ombre elle était enfin parvenue à débarrasser Runeterra de la présence de cette raclure des bas-fonds. Enfin. Si Miss Fortune aurait dû se sentir extatique, elle se sentait vide, inguérissable de la haine débordante qu'elle vouait à ce rustre qui avait ôter la vie de ses parents plus de quinze ans auparavant. Elle aurait préféré le tuer de ses propres mains, lui mettre une balle en plein cœur, mais il avait toujours été trop fort pour qu'elle l'affronte ouvertement. Alors elle avait attendu, attendu patiemment l'instant propice, le moment où Gangplank s'était senti le plus puissant, le moment parfait, là où il ne l'aurait jamais senti venir. Et ça avait fonctionné. Le roi autoproclamé de Bilgewater avait été renversé de son trône et, mieux encore, toute la ville entière avait assistée à sa chute. Miss Fortune esquissa un sourire les yeux-clos, humant à pleins poumons les senteurs que lui rapportait la légère brise nocturne. « Sarah... » Son sourire s'évanouit, rattrapé par les stigmates de son passé.. « Sarah... » la voix de sa mère résonna à travers la nuit, comme un murmure porté par le vent. L'odeur âpre et chaude des flammes et de la chair grillée happa le chasseur de primes dans les méandres de ses souvenirs, la transportant à l'époque où elle vivait encore sur les îles de la Flamme Bleue.

L'enfant contemplait de ses yeux ébahis, les pistolets jumeaux disposés dans un écrin en bois sculpté. Ils étaient magnifiques, deux chefs-d'œuvres parfaits et uniques, confectionnés avec soin par la réputée mère de Sarah. Cette dernière, en les observants semblait pensive, tourmentée par une chose dont, à l'époque, Miss Fortune n'était pas encore consciente. « Ils sont pour moi ? » Déclara d'une voix fluette la petite fille aux cheveux d'or. La femme sourit tristement mais ne dit rien, se contentant simplement de l'embrasser sur le front. L'échéance arrivée à son terme. La date limite qu'il lui avait imposé pour accomplir sa tâche, la tâche de confectionner une paire de pistolets tels qu'aucun autre homme ne pouvait en posséder. Avec amertume elle avait accepté et aujourd'hui, c'était sans douceur qu'il venait réclamer son dû. Lorsque le pirate jailli dans l'atelier le visage couvert par un foulard aussi rouge que son regard, la mère de Sarah se renfrogna, refusant toutes négociations. D'après elle, de si belles créations ne convenaient pas à un mauvais homme tel que lui, et c'est, sous le nez du pirate qu'elle referma le coffret dans lequel avaient été enfermés les deux tromblons. Fou à l'idée que quelqu'un ose lui tenir tête, il saisit brusquement le précieux écrin et en sortit les deux pistolets jumeaux, mettant la mère de Sarah en joug.
« Mam.. » *BLANG* L'enfant tressailli à la détonation, s'arrêtant net dans sa course en direction de sa mère. Les yeux écarquillés, elle observa le corps inerte de celle-ci tandis que son père se précipitait déjà, tentant de dissuader le pirate de les exécuter tous les deux. Trop tard... *BLANG* Il tomba à son tour, mort. Sarah ne comprenait pas, ne réalisait pas. Elle se tourna alors vers l'homme, les joues ruisselantes de larmes et croisa son regard. Ses yeux étaient rouges, vifs, et sans la moindre once de compassion. Il n'avait pas hésité à tuer les parents de Sarah devant elle, et n'oscillerai certainement pas à l'idée de l'abattre aussi. Impassible, il l'observa un instant et pointa finalement les deux tromblons dans sa direction, échappant un rire rauque étouffé derrière son masque. « Salue ta mère de ma part petite. » *BLANG BLANG*

Une violente douleur dans la poitrine l'obligea à sortir de ses songes. Rafen était à ses côtés, silencieux. « Alors ? » Elle ne tourna pas la tête vers lui, les yeux fixés, reflétant ce qu'il restait du brasier vivant de toute à l'heure. Rafen ne répondit pas, déposant simplement un vieux tricorne sur le bastingage. Sarah l'observa un instant, le frôlant du bout de ses doigts. « Et le reste ? » Il hocha légèrement la tête sur le côté et elle se retourna vers lui, le regard toujours accroché au vêtement qu'il venait de lui apporter. Pas de doute, il s'agissait bien là du tricorne de Gangplank. « Sûrement dévoré par les raies. » Déclara finalement Rafen, devinant au loin les morceaux de corps flottants parmi les décombres du Deadpool. Elle acquiesça simplement, répondant d'un faible "hm" avant de tourner le dos au port pour regarder Bilgewater. « Et maintenant ? » Elle ne répondit pas, après tout il connaissait déjà la réponse.
C'est le cœur battant que Miss Fortune laissa paraître un large sourire. Pour la première fois depuis ce jour sinistre, elle se sentait vraiment puissante.