Miss Fortune - Reine autoproclamée de Bilgewater. [Terminé]

Selon un témoignage d'un habitant lambda de Bilgewater, je cite, à propose de Miss Sarah Fortune : "Ah, Didiou, c'qu'elle est belle la p'tite Fortune. Des yeux à s'y noyer, une bouche plus rouge qu'une cerise et un cul, mais alors ce c-" Hum. Enfin, vous aurez compris l'idée. La petite dernière de la longue lignée des Fortune est largement gâtée par la nature, et qu'on se le dise, à matière à user de ses charmes.
De grande taille, son corps est proportionné de façon... surréaliste. Ventre plat, hanches généreuses, fessier rebondit, musculature agréablement fine, jambes interminables, d'une douceur et d'une finesse sans nom et... une poitrine, qui, en tant qu'arme, est aussi efficace qu'Outrance et Offensive. A se demander si ce n'est pas elle qui fait la popularité de Fortune, au lieu de ses exploits. Bien consciente de cet atout qu'est son corps, Sarah ne le cache que très peu, préférant les vêtements certes aux tons de Bilgewater, mais d'une légèreté on ne peut plus sensuelle. Décolletés plongeants, tissus tout juste suffisant pour masquer ses attribues, bottes à talons... ce n'est pas son entourage qui s'en plaindra, ni même ses cibles, pour qui la dernière vision avant l'Eden est bien agréable...
Mais qu'est-ce qu'un corps parfait, sans le minois qui va avec ? Les traits de Miss Fortune sont fins, d'une délicatesse sans nom. De grands yeux d'un bleu céleste, un petit nez constellé de claires tâches de rousseur, des lèvres pulpeuses couleur cinabre... sans oublier la mémorable chevelure flamboyante, qui lui retombe sur les épaules, telle une vague sanglante sur le sable pâle de sa peau.
Pour compléter le tableau fort séduisant, la jeune femme porte constamment un tricorne de grande taille, attestant de ses qualités en tant que capitaine. Et faisant d'elle la chasseuse de prime la plus fatale qu'ai vu naviguer la mer du Gardien...

Aaah, Miss Fortune... si belle, courageuse, franche, sûre d'elle... et si, si insupportable... Oh, peut-être certains ont pu, le temps d'une nuit. Mais n'importe qui, dans son entourage, vous le dira. Accrochez-vous, la Fortune arrive. Plus acide que les cours d'eaux zauniens, plus hautaine qu'une Leblanc en pleine forme, plus moqueuse qu'une troupe de yordles. La douce Fortune n'est supportable que par son équipage, qu'elle paye grassement.
Si quelqu'un avait prit la peine de connaître un tant soit peu la jeune femme, au-delà de la barrière qu'elle-même a forgé, peut-être aurait-il fait la connaissance d'une Dame au cœur d'or, au désir de justice bien plus poussé que celui qu'on ne lui connait pour les bourses bien pleines, et à la capacité d'avancer, encore et toujours, malgré les tempêtes et bourrasques qui tentent de la détourner de son chemin. Mais ne dit-on pas que la fortune sourit aux audacieux ? Et de ces derniers, le monde manque cruellement...

Le Syren vogue au grès des flots, magnifique bâtiment dont les voiles pourpres claquent légèrement au vent. A sa tête, Miss Sarah Fortune, Chasseuse de Primes à la moralité n'ayant rien à envier au plus puant des pirates, recrache la fumée inspirée. La mer est calme, aujourd'hui. Elle en profite pour fermer les yeux, l'espace d'un instant.


"Sarah !"

Les yeux bleus restent résolument clos. Les souvenirs remontent, comme les vagues chargés d'eau trouble sur les quais de Bilgewater. Ou du moins, le goût dans sa gorge est le même.

"Sarah, je regrette de fabriquer de telles armes pour un homme comme lui..."

En se concentrant, elle peut presque sentir la douceur d'une caresse sur ses cheveux. Le soupir d'une femme qui lui parle, la voix chargée d'amertume. Pourquoi vendre de si beaux pistolets à cette pourriture qu'est ce marin d'eau douce, alors ?

"C'est un client comme un autre, Sarah..."

Un client comme un autre, hein...
Maman, te rends-tu compte de ton erreur, de là où tu es ?
Oh, les bribes de leur conversation ne lui reviennent pas. Voilà un échange qui date d'une dizaine d'années, dix ans à avancer en piétinant les cadavres, dix ans à souiller l'éducation donnée par des parents aimants... si ils voyaient ce qu'est devenue leur petite Sarah...
Le ton, la façon dont sa mère parlait à cet homme, voilà ses seuls souvenirs. Les mots sortaient d'entre ses lèvres comme des anguilles, son visage était tiré dans une moue dégoûtée. La boîte où étaient enfermés les pistolets jumeaux était d'un bois sombre, de l'ébène, sûrement. Entourée d'un papier léger, rougeâtre, sur lequel était appliqué le sceau de la boutique. Et elle la tenait fermement, attendant la lourde bourse que valaient ces deux merveilles. Mais lui, lui n'était pas là pour offrir de quoi récompenser la dure labeur de la fabricante d'armes. Lui était là pour prendre son bien et partir. Lorsqu'il arracha la boîte des mains de sa mère et en sortit l'un des deux pistolets, Sarah exécuta un pas en avant, tendant la main vers...

*BANG*

Est-ce bien sa maman, qui ouvre de grands yeux horrifiés, le corps jeté vers l'arrière ? Est-ce bien son papa qui se précipite à ses côtés, tentant de repousser la jeune Fortune vers l'arrière de la boutique ? Oh, ce n'est pas ça qui la sauvera. Ce n'est pas ça qui la ramènera à la vie, quelques heures plus tard, ses cheveux blonds imbibés du sang de ses parents. Non. C'est sa bonne fortune...

Lorsque Miss Sarah Fortune se releva de ce drame, ce fut le coeur lourd et l'âme animée par la haine. Chacun de ses pas fut poussé par une détermination sans failles, avançant avec grâce, séduction et surtout, sans la moindre pitié. Sous le trône de la reine autoproclamée de Bilgewater, s'entassent les cadavres et elle boit à sa victoire dans le crâne de Gangplank, l'homme qui a eu le malheur d'avoir raison de ses parents.




Miss Fortune ouvre à nouveau les yeux lorsque l'un des membres de son équipage la rejoint, un perroquet perché sur l'épaule. Il l'informe d'une nouvelle liste de crapules, voguant sur ses mers. Leur capture apportera de 5 à 20 pièces d'or. Une bagatelle... et pourtant, Sarah ne peut s'empêcher de sourire, son visage partiellement masqué par le nuage de fumée qui se dissipe dans l'air frais du matin. Non, on ne lui en voudra pas de ramener ces proies plus mortes que vives. Et c'est ça qui est amusant... sa voix déchire le silence, ramenant chaque homme, chaque femme à sa place. Ce sera cap au Nord et ce soir, ils fêteront leurs captures dans une taverne. Reine ou pas, Miss Sarah Fortune n'est, après tout, qu'une fieffée chasseuse de prime...