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Epreuve 5 • Manifestation • Lacrimosa [LC]

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Maître de Jeu
Maître de Jeu
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Jeu 22 Oct - 18:45
Epreuve 5 • Manifestation • Lacrimosa [LC] 18042811493423808115690098
Interforum X

Epreuve 5 : Manifestation
Texte solo : MANIFESTATION
Dimanche 25 octobre (de 00h01 à 23h59)
Illumination, révélation, vision ou encore prophétie. Bien des mots qui pourraient caractériser ce qui vient de vous arriver mais qui, pourtant, ne retranscriront jamais exactement ce que vous avez vécu...

Que vous y croyez ou non, il n'y a aucun doute sur le fait qu'une entité surnaturelle et probablement supérieure soit venue ici pour communiquer avec vous. Qui est-elle ? Pourquoi vous avoir choisi ? Que vous veut elle ?

Rappel ○ Texte solo :


En supplément :

• Si vous ne souhaitez pas de commentaire, n'oubliez pas de le mentionner.  :p :p :p
• Les mises en forme sont autorisées, mais privilégiez la lisibilité !
• A propos de mise en forme, vous pouvez mettre un joli avatar en utilisant le code de transformation ! (Et le sujet est là pour faire des essais au préalable ! Wink)

○ N'oubliez pas de faire une petite mise en contexte (univers / personnage) au début de votre post. (En spoiler, c'est bien.) CALIN Ainsi qu'un avertissement si vous constatez que votre post contient une certaine violence. ○

Maître de Jeu
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Aodhán O'Fife
Invité
Anonymous
Aodhán O'Fife
Dim 25 Oct - 22:34
Aodhán O'Fife

Le forum et le personnage en jeu:

L’aube automnale peignait de nuances de rouges et de roses les cieux nuageux. Comme des perles au son cristallin, les gouttes de rosée accrochaient les premiers rayons du soleil dans une musique que seul le regard pouvait embrasser. L’orée du bois, où le chasseur se trouvait, sentait bon la fraîcheur de l’humus. Le sous-bois éclatait d’ambre sur le sol tapissé des feuilles déjà tombées. Sous ses pieds bottés de peau retournée, un crissement léger raisonna à son changement d’appui dans le silence qui l’entourait. L’hiver s’annonçait dans le givre qui dessinait ses élégantes arabesques sur la végétation, métamorphosait en parures de perles diamantines les toiles d’araignées patiemment tissées dans les buissons et ronciers lourds de fruits noirs.

Aodhán expira longuement, admirant le nuage qui s’échappa de ses lèvres sèches, blanches de froid. Bientôt, celui-ci se dissipa dans la brume qui l'entourait encore, couvrant le sol pour mieux le faire disparaître dans un flou irréel à seulement quelques mètres de distance. La plaine devant lui s’ouvrait, au loin, sur le loch qu’il apercevait à peine. Non. Il le devinait, mais celui-ci restait inaccessible à son regard acéré. L’étendue d’eau claire, salvatrice, était encore un rêve qu’il ne pouvait que caresser de son imaginaire fertile.

Les deux vampires qu’il protégeait avec amour et dévouement étaient vouées au repos dès l’aube annoncée. Lui non. Il devait boire et lever ses pièges. Il voulait se laver aussi, malgré les températures d'ores et déjà nivales. La saponaire avait macéré dans son outre de peau. Ses cheveux en avaient besoin, sa peau aussi. Naturellement, l’onde serait glaciale, prémisse des hivers précoces de la région. C’était son pays, sa terre natale. Il l’aimait telle qu’elle était, dure, froide, peu fertile et difficile avec les hommes qui la foulaient. Mais fière, majestueuse, indomptée également. Ici, dans ces terres que les hommes appelleraient plus tard Terre de Fife, chaque chose se méritait : comme cette aube éthérée qui semblait perdue dans le temps, offerte par les fées et les esprits.

Silencieux, le chasseur foula la plaine. Son corps, sec et délié, était protégé d’étoffes de laine volées au dernier village qu’ils avaient croisé ainsi que de chausses de peau. Il était un paria, et l’avait toujours plus ou moins été. Peu lui importaient les règles de vie en communauté.

Dans les volutes glaciales du brouillard qui aspirait sa silhouette, il était attiré par le loch comme par un aimant. Quelque chose vibrait en lui. Un chant ancien le prenait au cœur : qu’il aurait cru oublié des siens mais qui faisait intrinsèquement partie de lui. Il l’hypnotisait. C’était un rythme, comme le ronronnement de la terre, le roulement des cieux aux nuages de la couleur du feu et de la magie. C’était un battement de cœur, comme le tambour du vent de la mer, le chuintement du ressac sur les galets en contrebas. C’était une respiration, comme le souffle des esprits anciens qui avaient façonné les vallées et les lacs, qui avaient peint de roses, d’or et de pourpres les ciels du matin, de vermeil et d’indigo les ombres du soir.

Soudain, Aodhán se figea. Il y avait quelqu'un, il en était certain. Quelqu'un, ou quelque chose.

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-il à la brume qui l’enveloppait.

La brume ne répondit pas.

« Que voulez-vous ? » ajouta-t-il quand il eut suffisamment écouté le silence.

Le silence perdura.

Était-ce son imagination ? Y avait-il seulement qui que ce soit dans les environs ? Ou n’était-ce que son imagination trop prolifique, ses fantaisies d’homme solitaire, l’aspect de la lande en cette matinée qui rendait idoine l’apparition mystique de quelque déité ?

S’ébrouant comme pour chasser les restes de sensations étranges qui parcouraient son corps telles des fourmis l’envahissant, Aodhán s’élança, courut à perdre haleine jusqu’à la berge. Les pierres humides le firent glisser; il se rattrapa de justesse. Il était idiot. Il n’y avait rien ici. Et qui pourrait bien vouloir lui parler, en dehors de sa sœur et de Nefereth ? Pour se rassurer, pour se donner de la présence, il se mit à fredonner alors qu’il se déshabillait.

Une bourrasque de vent le cueillit au creux des reins, le faisant se raidir de crainte. Était-ce vraiment possible que l’eau claire brille ainsi, à illuminer la brume qui ne voulait pas se décrocher du fond de la vallée ? Il plissa les yeux. Mais non, ce n’était que l’illusion des rayons du soleil.

La fraîcheur des vaguelettes accueillant ses pieds le transirent de froid, dardant des pointes de douleur dans sa peau claire alors que malgré tout, par entêtement, il se glissait dans le loch. Mouillé, il remonta vers le rivage, où il avait laissé ses affaires. Son outre contenant le macérât de saponaire était-il tombé jusqu’à la rive comme par magie, ou l’y avait-il déposée sans y prêter attention ? De nouveau, il parcourut les environs, mu par l'instinct que ce matin n'était pas comme les autres. Il n’y avait toujours personne aux alentours. Soudainement angoissé plus qu’appréciateur du paysage grandiose qui semblait n’être là que pour lui, un frisson plus long, plus intense, le traversa. Il était en danger. Il le savait. Un Être était dans les environs, caché dans la brume, dans les ombres du jour qui s'éveillait.

Un éblouissement le posséda, le choqua. Le corps raidi, il ne sut soudain plus discerner l'éveil du sommeil, la pensée de l'action. Il n’avait plus froid. La faim et la soif s’étaient tues. Il entendait, percevait tout avec une acuité surnaturelle. Le détail des tâches brunes piquetant les feuilles grenat et ocre parsemant les flots çà et là... Il devina où serait son prochain repas... Il sentait son odeur, il entendait les petits sons discrets du lapin qui se dirigeait vers lui.

Le temps et l’espace semblaient se distordre. Il y avait des lumières comme il n’en avait jamais vues, des champignons géants qui montaient haut dans les cieux, chassant les nuages, menaçants avec en leur cœur une lueur qui n’avait rien de saine. Il y avait des arbres, des fleurs, des oiseaux, des animaux de toutes sortes qui s’effaçaient, fanaient, disparaissaient. Et le sentiment inexplicable que tout cela arriverait, éventuellement. L’idée qu’il puisse alors jouer un rôle s’il le souhaitait, dans cet avenir incertain, prit subrepticement forme dans son esprit. La brume autour de lui était si dense qu’il ne voyait plus ses pieds. Il sentait quelque chose le frôler, griffer le creux de ses reins, une voix lui susurrer des apocalypses terribles et lui offrir le pouvoir de les contrer. Il comprenait cet être, cette chose autre, immensément puissante sans avoir à faire d’effort. Pourtant, l’ombre de l’orgueil, le sel de la méfiance l’amenèrent à prononcer un seul mot :

« Non. »

Le vide se referma alors sur l'esprit d'Aodhán. Le frêle corps humain chuta lourdement sur la berge, les vagues lui léchant les orteils. Par instinct, le jeune homme avait résisté à la tentation mais resterait à jamais entaché par le doute, le sens du devoir, les questionnements sans réponse autre que celle que ses actes apporteraient.

Combien de temps resta-t-il dans cette brume de demi-conscience ? Ce furent des mains, des cheveux, des voix qui le ramenèrent au présent. Il faisait froid. Terriblement froid. Il y avait une voix affolée, une autre inquiète. Des voix de femmes : Deirdre et Nefereth. Le corps figé, les membres lourds refusant de répondre aux injonctions de sa volonté, il se sentait trimbalé sur le dos de sa sœur. Le crépitement du feu finit par avoir raison de l’immobilisme catatonique de son organisme qui, par quelque miracle, avait survécu à l’hypothermie d’une journée sur les berges du Loch Leven.

La chaleur salvatrice se remit à couler lentement dans son corps que sa jumelle enserrait fébrilement. Il posa son regard vert et changeant, clair, sur le beau visage figé dans le temps, et lui sourit. Elle n’avait pas à s’inquiéter, il ne comptait pas mourir. Au contraire, il voulait vivre, vivre fort, vivre longtemps, au-delà du temps alloué à son espèce. La curiosité l’avait piqué et désormais, il devait savoir. Il se releva sur un coude et capta l’or intense de la femme vampire qui faisait désormais partie de leur vie.

« Nefereth, transforme-moi. Il y a des choses que je veux faire, que je veux voir. Je dois perdurer. »

Dans des années, des siècles, des millénaires. Il voulait savoir : avait-il rêvé ? Avait-il eu raison de refuser à l’entité qui l’avait visité ?


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Aodhán O'Fife
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