- Présentation de Lacrimosa et d'Artemis:
Salut à tous, et merci pour votre lecture =D !!
Sur Lacrimo, la terre est devenue un désert radioactif à l’exception d’une unique ville : Pandémonium. Le soleil a explosé et la terre dérive dans l’univers protégée par un énorme bouclier nommé Gaïa. C’est un monde très pauvre où l’électricité et l’eau courante sont réservées à de très rares élites, où la majorité de la population tente de survivre plus que de vivre. Divers types de personnes se côtoient dans ce monde : humains lambdas, caduties (des sortes de mages), manticore (des êtres hybrides humains x animaux), vampires (qui contrôlent actuellement ce monde.), anges et démons. Note : la ville est divisée en plusieurs quartiers. La Benne est le plus pauvre, l’Eden le plus riche, le Centre le quartier le plus diversifié (commerces, lieux dédiés à la culture, appartements…), le Quartier Rouge celui de tous les vices et le Quartier religieux, rassemble la populace angélique, l’orphelinat, école, etc.
Artemis est un vampire né au temps de la Grêce antique. Ancien eunuque à la cours du roi de Constantinople, il possède un physique androgyne qui lui permet de jouer sur son genre en fonction des situations. Transformé contre son gré, il vit très mal son immortalité qu’il considère comme une malédiction et a fait du vampire originel à l’origine de sa lignée le pilier de son existence, pour ne pas sombrer.
Pour lui, il est devenu le parfait espion. Et dans le présent de notre forum, il se sert de la prostitution comme une couverture pour approcher ses cibles.
Autrement c’est un être assez renfermé qui pense qu’il n’a pas le droit au bonheur. Il culpabilise facilement du mal qu’il peut semer autour de lui, souvent contre son gré. Il déteste la violence et sa profonde lâcheté le pousse facilement à fuir lorsqu’il se sent piégé. Malgré tout, il garde un côté profondément bon et innocent.
- IMPORTANT A LIRE :
Comme expliqué par Moira dans son post, les rps que vous allez lire se situent dans une Europe alternative du Moyen-âge, bien loin dans le passé par rapport au présent de mon forum d’origine.
Artemis y a un peu plus d’un millénaire.
Avertissement : Comme dans le poste précédent, la mort est évoquée plusieurs fois dans ce texte.
Vocabulaire : Eclisser : Mettre une attelle.
Word m’annonce 1529 mots avec la mise en forme (en sachant qu’il compte les guillemets, les points d’exclamations, etc. Comme des mots, je dois rentrer dans les clous 8’)
« Oh Moira, dans quel état t’es-tu mise mon amie ? »Un murmure, le bruissement d’aile d’une libellule, guère plus. Certains se seraient récriés « Mensonges ! » pour celui qui les avait brusquement abandonnés. Pourtant, l’air soucieux peint sur son visage ne mentait pas.
Il s’était glissé dans l’embrasure de la porte sans un bruit, tel un félin aux pattes de velours. Revenu après tant d’années sans fouler ces terres, sans avoir jamais pensé qu’ils puissent se revoir un jour. Le temps avait marqué son passage dans les nombreuses rides de ce visage amical mais avait épargné son corps juvénile.
Elle était alitée et la Mort avait étendu son voile sur son corps vieillissant, dont il tentait de faire baisser la fièvre en passant un linge humide sur sa peau.
***
« Je me nomme Artemis, enchanté Ma Dame. »« Enchantée, Artemis. On devrait pouvoir te trouver une petite place »Le visage qui lui faisait face accusait les premières rides de la vie. La jeune femme, la trentaine, semblait déjà fatiguée par les heures harassantes passées au chevet des malades. Le responsable du campement les avait laissés seuls sans même présenter le nouveau venu. Bien loin d’être là pour soigner qui que ce soit, le « jeune » maudit avait pourtant proposé ses maigres compétences, se prétextant fils de guérisseur habitué à veiller blessés et mourants et à procurer des soins sommaires.
Économe en mots comme en gestes, il s’était avéré efficace et prêt à apprendre tout ce que Moira voudrait volontiers lui enseigner. Pâle et froid comme un fantôme, il gardait pour lui ses sombres secrets, être éteint là où sa nouvelle mentor était rayonnante. Et s’il était doux avec les patients, il s’avérait avare de sourires et distant avec ses compagnons.
Il faudrait à la guérisseuse toute sa patience et sa bonne volonté pour venir à bout du mur qu’il semblait avoir érigé autour de son cœur.
***
« Sortez sans m'attendre si vous le désirez, je vais continuer de veiller Jean et sa fièvre qui ne tombe pas… »« Tu devrais vraiment prendre l'air, tu es si pâle… »Comment lui avouer que la morsure du soleil lui serait fatale ? Prenant les gardes de nuit, ne sortant que lors des jours de grisaille et de pluie, il avait jusqu’alors réussi à préserver son secret aux yeux de tous.
Mais il se savait menacé. Les jours succédaient aux nuits qui elles-mêmes succédaient aux jours, course inaltérable du temps. La fatigue et la soif creusaient parfois ses traits mais la vieillesse semblait l’épargner malgré tout.
Il suffit d’un regard. Elle était si intelligente et aimait la vie plus que tout. Sans savoir, peut-être même sans comprendre, mais aussi sans le juger elle accepta ce secret qu’il ne pouvait lui révéler. Elle ne le traita jamais différemment et il finit par lui ouvrir son cœur, à elle seule, rayon de soleil dans sa morne et sombre existence.
***
« Moira… Il allait mourir, et nous le savions tous. »« Ils nous font confiance… »A nouveau un seul regard suffit à le faire taire et il détourna le sien : les reproches muets qu’il y lisait étaient insupportables et lui firent bien plus mal que tous les mots qu’elle pouvait prononcer. Pris sur le fait, une larme de sang coulait encore sur son menton et ses crocs maculés d’hémoglobine ne pouvaient tromper personne.
Les faibles battements de cœur du mourant entre ses bras cessèrent bientôt, leur lente symphonie prenant fin dans ce dernier souffle expiré simplement.
Un inconnu parmi tant d’autres dont l’âme était repartie dans le Grand Tout pour se réincarner prochainement et qu’Artemis serrait contre lui, se voulant présence rassurante malgré les circonstances, glissant des doigts délicats sur les paupières fragiles, cachant aux pupilles éteintes la beauté du monde qu’elles n’auraient plus l’occasion d’admirer.
Lui si fataliste, elle si pleine d’espoir… Elle n’avait pas besoin de mots, Artemis ressentait le dégoût que ses actes avaient fait naître chez elle. Et c’est en silence qu’il enterra la souffrance nouvelle raisonnant dans son palpitant inerte.
***
« C'est bien Marie ! Encore un peu et tu pourras rentrer chez toi. »« Et vérifie la solidité des branches où tu grimpes, à l'avenir. »Quelque chose s’était brisé le soir de la macabre découverte et pourtant, Artemis était resté. Il avait accusé le coup, s’était accroché au pâle fantôme de cette étonnante amitié qu’ils avaient tissée ensemble. Si l’espoir n’avait plus sa place dans sa vie depuis longtemps, il ne parvenait pas à faire le deuil de ce lien encore tangible qui les unissait toujours. Malgré son obstination à faire amende honorable, il sentait que le fossé creusé entre eux n’avait pu être comblé aussi aisément.
Le sourire éclatant de la jeune Marie était un baume sur son cœur blessé et valait tous les remerciements du monde. Il ne put s’empêcher d’y répondre, la main menue et délicate dans la sienne s’appuyait avec légèreté alors que sa rééducation touchait à sa fin. Sa jambe avait été éclissée plusieurs semaines et, une fois remise, il avait fallu encore quelques temps pour qu’elle parvienne à se tenir sur ce membre devenu faible. Un mauvais souvenir, voilà tout ce qui restait dans l’esprit de sa jeune patiente pétillante qui lui rappelait cette guérisseuse qu’il avait appris à aimer, dans la joie comme dans la peine.
***
« Ah, parce qu'une fois qu'ils sont morts leur bien-être t'importe ? Ton hypocrisie dépasse les bornes. »« Ôter la vie d'une personne condamnée ne veut pas dire que je dénigre leur vie ou leur mort... »La dispute avait éclaté dans la fatigue qui les auréolait tous. Trop de morts en ces temps tragiques pour offrir à chacun une sépulture unique et décente. Alors leurs corps rejoignaient la fosse commune.
Artemis ne le supportait plus. Lui issu d’une culture où il était de coutume de prendre grand soin des défunts ne pouvait comprendre ce qu’il appelait « ce manque de considération pour des âmes qui ne trouveraient alors jamais le repos ».
Lui d’habitude si docile, s’était opposé à la décision du plus grand nombre. La colère chaude avait remporté la manche, le pragmatisme à ses côtés. Les mots que Moira cracha à sa figure furent autant de lames transperçant son cœur, marquant son esprit d’une blessure indélébile dont il ne se remettrait jamais.
A nouveau, il se sentit rejeté par cette humanité qu’il n’avait jamais quittée par choix. La tristesse ombra son regard et il la laissa à ses propos vindicatifs, se murant dans un silence de mauvais augure.
***
Seuls les morts hurlaient leur peine ce soir-là, dans la nuit venteuse qui précéda sa fuite. Incapable de faire face à cette amie qui ne devait plus le considérer comme tel, Artemis préférait fuir comme chaque fois qu’il devait se montrer courageux et échouait dans cette tâche. Sans un pardon, emportant remord, culpabilité et peine dans un baluchon bien maigre pour survivre dans ce monde féroce, seul legs de ses vains efforts à faire le bien autour de lui, embrassant à nouveau sa solitude comme compagne d’infortune.
Le venin des mots coulait dans son esprit en une spirale infinie que rien ne semblait pouvoir enrayer. Fatigué, las même, il ne parvenait plus à faire face à cette souffrance étrangère qui le touchait plus qu’il ne le laissait voir.
Cette énième dispute et ses paroles acerbes n’étaient qu’une goutte d’eau de trop dans l’océan de ses plaies invisibles.
***
« Tu ne peux pas mourir, tu sais ? Que deviendra ce monde sans toi… ? »Un sanglot étouffa la fin de sa phrase, qu’il tenta de cacher dans un bref éclat de rire sans joie. Mais les larmes de sang qui ruisselaient déjà sur ses joues ne pouvaient pas mentir. Le temps les avait séparés mais, malgré la peine qu’elle avait pu lui causer, il n’avait jamais pu l’oublier.
Il saisit cette main faible encore si chaude malgré un palpitant bien faible, qui cherchait la sienne froide comme la mort. Plus pâle encore dans la douleur qui l’étreignait, incapable de la lui cacher.
Il n’avait pas oublié leurs querelles incessantes qui se soldaient souvent dans son silence buté, idiotes, ni même leur conception du monde si différente…
Il avait surpris ses larmes autant qu’il avait vu ses sourires. Il avait partagé ses joies et ses peines des années durant. Il l’avait aimée, sincèrement, profondément, personnalité si lumineuse qui avait su voir au-delà du monstre en lui.
Et aujourd’hui, le fatalisme franchissait les lèvres âgées alors que lui voulait embrasser l’espoir de son rétablissement, dans un sacrilège de rôles inversés. Portant cette main qui avait sauvé tant de vies jusqu’à ses lèvres, il y posa un baiser frais avant d’y glisser sa joue.
Vivre ou mourir, ce choix n’existait plus, il avait été volé par l’inéluctable course du temps. Et le vampire était bien incapable d’offrir son immortalité qu’il considérait comme une malédiction.
Alors il fit ce qu’il savait le mieux faire, incapable de prononcer le moindre mot entre ses sanglots : il se mit à chanter.
Un dernier cadeau.
Pour elle.