Texte en miroir : FRERES ENNEMIS Du samedi 24 octobre (00h01) au dimanche 25 octobre (23h59)
Il vous ressemble et pourtant vous êtes si différents. Vos idées divergent mais finissent parfois par se rejoindre, certains vous voient complémentaires, d'autres vous décrivent similaires. Quoiqu'il en soit, c'est quelqu'un qui a eu une grande influence sur vous et vous avez eu un grand impact dans sa vie. Pourtant, vous ne cessez de vous mesurer l'un avec l'autre, comment se finira cette compétition ?
Vous retrouvez une personne importante à vos yeux mais avec qui les relations n'ont pas toujours été simples. Les tensions ou la compétition entachent le lien qui vous unit mais pourtant, vous tenez toujours à ce proche qui a été là pour vous quand vous en aviez besoin. Vous avez aujourd'hui l'occasion de vous confronter avec lui ou elle une bonne fois pour toute. Comment allez-vous agir ?
Rappel ○ Texte en miroir :
Tout comme pour le texte en écho, il s'agit d'une épreuve similaire au solo dans le format (1500 mots maximum chacun), avec un binôme et qui doit se répondre. Sauf qu'ici ce n'est plus un écho mais un miroir. Les deux textes sont l'opposé l'un de l'autre, le côté inverse, le négatif de la photographie. Ce qui se passe dans l'un voit son contraire dans le second, et vice-versa. Comme pour l'écho, vous aurez deux jours pour terminer cette épreuve.
En supplément :
• Aucun ordre n'est imposé, vous choisissez qui commence ! • Vous pouvez mettre une petite explication du miroir entre les deux textes si vous l'estimez nécessaire. • N'hésitez pas à rejoindre la ShoutBox si vous n'avez pas encore trouvé votre binôme. • Si vous ne souhaitez pas de commentaire, n'oubliez pas de le mentionner. • Les mises en forme sont autorisées, mais privilégiez la lisibilité ! • A propos de mise en forme, vous pouvez mettre un joli avatar en utilisant le code de transformation ! (Et le sujet est là pour faire des essais au préalable ! )
○ N'oubliez pas de faire une petite mise en contexte (univers / personnage) au début de votre post. (En spoiler, c'est bien.) Ainsi qu'un avertissement si vous constatez que votre post contient une certaine violence. ○
Maître de Jeu
Amos
Invité
Amos
Sam 24 Oct - 21:16
CONTEXTE SA:
Le Royaume de Caer Hrid, le Mont Celestia, la Vallée des Constellations, le Désert des Oubliés… Voici les quatre territoires qui composent Althea, terre d’accueil des sinistrés du plus grand drame que l’humanité a pu connaître (nommé Kamikakushi). Il y a cinq ans, toutes les capitales du monde sombrèrent dans des gouffres béants. Hommes et bâtiments furent emportés sous terre. Pourtant, il y a eu des survivants. Des miraculés, sauvés par des cristaux magiques qui leur confièrent des pouvoirs extraordinaires. Ils se relevèrent. Ils bâtirent de nouveaux pays. Ils avancèrent. Jusqu’à même trouver le moyen de remonter sur Terre ... ... jusqu’à découvrir une Terre infestée de monstres (transcendés). Ils étaient condamnés à vivre à Althea, et désormais, une nouvelle ère commençait.
RESUME AMOS:
Amos n'a pas eu la vie facile, ses parents sont morts dans son enfance par un incendie, ce qui l'a fait vivre 4 ans en orphelinat, où il était harcelé et sujet à des crises. Il n'a pas eu d'amis pendant de longues années et son adoption était une catastrophe, entre un père violent et une mère dépressive. Il a tenté malgré tout de s'ajuster à la vie qu'on lui a offert juste avant le Kamikakushi. Il n'était pas dans une capitale ce jour-là, mais sa famille si, et il a dû apprendre à survivre seul à ses dépens. C'était un grand solitaire, pendant 2 ans il était simple mercenaire, jusqu'à la rencontre d'une fille plus jeune que lui de 4 ans (Hana), qui a décidé de le suivre partout sans lui demander son avis. Amos n'en voulait pas et ne s'occupait pas d'elle, ne lui faisait clairement pas de cadeau, de plus, elle était muette, ce qui n'aidait en rien. Malgré tout, au bout de 3 ans à la traîner partout (ou plutôt à se faire suivre partout), il commença à s'attacher, jusqu'au jour où il dû la tuer lui même pour abréger ses souffrances. Sous la culpabilité, il décida de sauter dans un gouffre, ce qui le fit arriver à Athlea. Une fois là bas, il obtint le pouvoir de feu, tentant tant bien que mal de dépasser son passé et de ne pas sombrer, perdu dans le désert des Oubliés.
Pile
Quelque chose n’allait pas, et Amos pouvait le sentir, il n’était pas à l’aise. Pourtant, comme à son habitude, rien ne s’affichait sur son visage, malgré son regard incapable de rester fixe. La maison qu’il avait en face de lui n’avait rien de différent d’une autre maison, à part peut-être la tour qui lui donnait le vertige rien qu’en regardant sa hauteur, mais qui lui donnait surtout cette impression de noblesse. C’était un manoir. Ce dont il n’avait pas l’habitude. Il finissait par s’en approcher, continuant d’observer ses alentours, avant de se poser devant les grandes portes qui lui faisaient face, et de les examiner. Le bois avait été ciré. Il posait ses doigts sur la porte de droite, comme pour vérifier de son authenticité, et s’étonna de sa douceur. De sa propreté. Et un léger soupire traversa ses lèvres avant de simplement se préparer à entrer, puisque si il était ici, ce n’était sûrement pas pour apprécier la douceur d’un joli bois… ce fut donc avec prudence et calme qu’il les poussait.
Dès son premier pas à l’intérieur, ce fut une douce odeur fleurie qui atteignait ses narines. Un froncement de sourcils le trahit, l’odeur l'agressant malgré lui. Il regardait un peu partout, tout était à sa place, rien ne sortait du décor, tout était propre, et il y avait encore cette sale impression de noblesse. La luminosité était présente dans les moindres recoins, les couleurs claires ressortaient où que l’on regarde. C’était l’inconnu pour lui. D’un pas discret, il avançait vers une porte face à lui. Le silence était imperturbable, c’en était malaisant. Malgré son calme, il ne pouvait s’empêcher d’être sur ses gardes. Il posait doucement sa main sur la poignée froide de la porte qui amenait au sous-sol, il devinait, puis la tourna doucement pour l’ouvrir et remarqua de la lumière en bas. Curieux, il décida de descendre pour aller vérifier ce qu’il en était, refermant la porte derrière lui.
Il descendait les marches, une à une, prêt à se défendre si quoi que ce soit d’étrange était en bas.
Et ce fut effectivement étrange. La pièce était presque vide, elle était blanche, elle était recouverte de plastique pour ne rien salir, et en son centre, il y avait une table métallique, sur laquelle se trouvait un transcendé, plus mort que mort, avec l’abdomen ouvert avec une précision sans nom, le corps était entièrement intact ce détail mis à part. Amos ne savait pas vraiment ce qu’il se passait, il n’arrivait pas à comprendre ce qu’il avait en face lui. Où était l’odeur de sang qu’il connaissait ? Pourquoi tout était aussi propre ? Pourquoi il n’y avait pas une seule goutte de sang ? Il avait même l’impression que les organes sortis de la dépouille avaient été lavé et posé méticuleusement à côté. Il avait l’impression d’être en présence d’un meurtrier psychopathe maniaque. Sûrement la personne dont il ne pouvait pas encore voir la tête car il n’avait pas encore tout descendu. Il s’était arrêté pour observer. Il pouvait déjà déviner que c’était une femme. Et qu’elle était la source du bruit métallique qui venait perturber le calme ambiant. Plus Amos descendait, plus il sentait son coeur battre vite.
Sa robe blanche et légère, tâchée de sang plus qu’à raison, sa longue chevelure noire libre et soyeuse, sa peau de porcelaine. Il la connaissait. Il ne voulait pas l’avouer.
Mais l’évidence était là. Un dernier pas, son pied qui touchait enfin le sol, et les larmes déferlaient instantanément sur son visage. Elle était morte. Non ? Bien sûr qu’elle était morte. Il l’avait tué. Quelque chose n’allait pas. Plus il la regardait, plus il le voyait. Son visage était déformé, mais il pouvait la reconnaître. Est-ce que sa chère Hana avait survécu et était devenue transcendée ? Ce n’était pas logique...
Mais au pire, qu’est-ce qu’il en avait à faire ?
Craquant complètement, il allait vers elle pour la voir de plus près, remarquant au passage que son côté gauche qui lui était caché était brûlé, il rangeait son inquiétude le temps des retrouvailles, hésitant entre le sourire ou les larmes.
"- Hana ! Est-ce que je rêve ? Dis-moi que je ne rêve pas ! Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?"
Aucune réponse. Son visage se décomposait au fur et à mesure. Pourquoi elle ne répondait pas ? Il regardait le transcendé qui était en train de se faire disséquer sur la table, elle ne faisait que ça, elle ne s’arrêtait pas. Sans réfléchir plus que ça, il la prenait dans ses bras, pleurait toutes les larmes de son corps, répétait son prénom encore et encore comme pour se prouver que tout allait bien. Mais elle ne bougeait pas, elle ne réagissait pas. Et il ne savait pas quoi faire. Il avait envie de crier. Il reculait pour pouvoir la secouer légèrement, la vision floue à force de pleurer :
"- Je t’en supplie, réponds-moi ! Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi tu ne réagis pas ?! Est-ce que j’ai encore fait quelque chose de mal ?"
La panique prenait le dessus petit à petit, il ne donnait plus raison de rien, il voulait juste retrouver Hana, la femme qu’il avait aimé de tout son être et pour qui il avait atterri malgré lui sur Athlea. Il avait besoin d’elle. Lentement, il tombait à genoux, la tenant comme il pouvait de ses mains tremblantes, lui suppliant encore et encore de lui répondre, la culpabilité le rongeant en même temps que toutes ses émotions le plongeaient dans une spirale de noirceur.
"- Hana, je t’en prie… je suis désolé, tellement désolé, mais tu sais que je ne voulais pas te tuer ! Tu m’en veux ? Tu m’as demandé de le faire, non ? C’est toi qui…"
Comme une illumination, le doute prenait désormais place. Est-ce qu’il avait mal compris ? Est-ce qu’il n’aurait pas dû tirer ? Est-ce qu’il aurait dû aller avec elle et la sortir de là ? Est-ce qu’elle aurait pu survivre ?
L’avait-il tué ?
Le chaos. Voilà ce qu’il y avait dans son esprit. Il finissait par la lâcher, et tandis qu’elle retournait à sa tâche, il criait en s’accrochant comme il le pouvait au bout de plastique sur le sol. Il était en colère contre lui-même, et il n’avait jamais ressenti autant de chagrin.
Il pleurait, il criait, jusqu’à ne plus pouvoir.
Mais un bruit le ramena à la réalité. C’était un bruit métallique bien différent. Épuisé, il releva lentement la tête pour voir qu’Hana s’était arrêté, et qu’elle faisait désormais autre chose. Se relevant, non sans difficulté, il regarda Hana avant de passer son regard vers le corps méconnaissable. Il y avait une clé, au fond. On aurait dit de l’or blanc. Peu sûr de lui, mais se rattrapant à tout ce qu’il pouvait, il prit la clé, se convainquant que c’était Hana qui le voulait, et posa son regard sur la seule autre porte de la pièce. Il reposa ses yeux sur Hana, la prit dans ses bras, lui répéta qu’il l’aimait au creux de son oreille autant qu’il le pouvait, et se détacha à contre coeur.
Il savait que quelque chose n’allait pas depuis le début.
Mais il ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi dur.
D’un pas lourd, il alla jusqu’à la porte, y inséra la clé, regarda une dernière fois Hana pour lui offrir un sourire, comme un dernier adieu, malgré ses yeux rouges et abîmés, puis partit de là.
L’autre côté fut un choc brutal et dur à encaisser. Il n’y avait plus rien de propre, de lumineux, il n’y avait que des flammes. Perdu, il regardait partout, tout ce qu’il avait pu ressentir avant avait disparu, trop occupé à analyser, à retrouver son calme, son mur, sa carapace, plus le temps de pleurer, de rire, c’était sérieux. Il n’avait aucune idée d’où il était ou de ce qu’il se passait. Il voyait quelque chose, quelqu’un, dans les flammes, d’une grandeur qui lui donnait l’impression que c’était un dieu, ou une déesse. Mais il ne savait pas, il ne savait rien, il se demandait presque si il n’avait pas pris un passage secret tout droit vers l’Enfer. Fronçant les sourcils, il était bien décidé à ne pas se laisser faire. Cette sorte de divinité n’avait rien de rassurant et lui faisait clairement ressentir qu’il était temps de se battre. Et se battre, c’est son domaine. D’un regard plus sombre que les précédents, décidant d’avoir ses réponses après, il prenait son arc, enchantait une flèche de ses flammes, et se préparait avec un calme déconcertant. Dans un mouvement, il remarquait quelqu’un à sa gauche. L’analysant de haut en bas d’un regard rapide, il n’en retirait que le fait qu’il avait l’air tout aussi prêt à se battre, et qu’il avait l’air complètement fou. Il ne répondit pas à son sourire, préférant être sérieux et se concentrer sur ce qui était à venir.
Le chaos était passé, la raison avait repris le dessus.
soren
Amos
Le Follet [MA]
Invité
Le Follet [MA]
Sam 24 Oct - 22:16
Présentation de Madelle et des Liares:
Le monde de Madelle est né à partir d'un arbre et du chaos qui l'entourait. Les peuples se sont élevés au cœur même des éléments. Les Héléos dans l'eau, les Liares du feu et les Humains de la terre. Il n'existait que la Vérité de la déesse Mère jusqu'à ce qu'un humain en particulier la brava.
Ce mage sembla sage en son temps à vouloir réunifier son peuple, mais aujourd'hui, il est dépeint comme le pire cauchemar de Madelle. Aujourd'hui, sa confrérie Récleyès est de retour, et sa conquête ne fait que commencer. Face à elle, les Vérités - c'est à dire les pouvoirs - des espèces commencent à s'effacer...
Les Liares sont le peuple du feu, vénérant leur impitoyable déesse-mère, Simius. Ils ne craignent ni les flammes, ni les braises, et leurs Vérités sont toujours en rapport avec le feu ou la roche. Autrefois, les Liares naissaient avec de grandes cornes et une queue fourchue, mais les autres peuples craignaient cette apparence démoniaque, si bien que les dieux décidèrent de les priver de leurs queues. Désormais, les Liares ne naissent que cornus, et ils tirent de cet ultime attribut leur plus grande fierté.
Présentation de Mealladh Ar'Hyat, dit "Le Follet:
Le Follet, autrefois nommé Mealladh Ar'Hyat mais préférant le bref surnom de Ladh, est un Liare exilé, à moitié dément depuis qu'il a lié son âme avec un dragon perturbé, Onyx. Chaotique et imprévisible, Ladh ne cherche qu'une chose : se divertir. Il a l'ennui en effroi et la destruction dans le sang. Sa Vérité lui permet de contrôler les flammes, mais il ne l'utilise que rarement.
Il descend d'une lignée aristocratique, second fils de Segya Ar'Hyat. Son grand-frère, Andrihr, partit un jour en guerre, et pendant son absence Ladh décida de vivre pleinement sa vie en partant à la recherche des dragons que les légendes contaient si bien. Il en trouva un, Onyx, mais à son retour, son père furieux entra dans une grande colère, et si son frère revenu de la guerre tenta d'apaiser les tensions, il n'approuvait aucunement l'entreprise du Follet. Cette situation tendue excita la démence d'Onyx qui brûla le manoir familial. Andrihr tenta de secourir son frère, mais il périt dans l'effondrement de la bâtisse. Depuis, Ladh est en profond conflit avec son père, qui ne lui a jamais pardonné ni cet accident, ni ce lien de liberté démente avec un dragon fou.
Face
Quelque chose n'allait pas, mais le Follet ne s'en préoccupait pas. Son regard restait figé sur l'étrange bâtisse qui lui faisait face, saccagée par les flammes et le temps, ravagée par la pluie profondément infiltrée dans les fissures de ses poutres noircies. La tour qui ornait autrefois fièrement son aile ouest était désormais effondrée, seule la carcasse de murs brisés faisait face au vent. Ladh s'approcha des doubles portes, miraculeusement épargnées, et caressa les cendres du bout des doigts. Le spectacle d'une ancienne proie des flammes faisait briller ses prunelles rouges d'une lueur de folie, le ramenant à ses propres joies aux creux des incendies. Enfant du feu, il ne le craignait pas, il s'en réjouissait même.
Ce fut donc avec un enthousiasme furieux qu'il poussa les portes et pénétra la demeure.
Une odeur âcre de brûlé le prit à la gorge mais il l'ignora avec indifférence. Un immense escalier lui faisait face, le Follet en monta les marches quatre à quatre, sa main frôlant la rampe au point de s'en noircir de cendres. Quelques marches succombèrent au poids du Liare, et il ne s'empêcha de sombrer qu'à la force de ses bras et au réflexe de son esprit. Il gloussa de ces péripéties, très amusé d'explorer ce tombeau de cendres et de braises. Quelques portraits effacés l'observèrent gravir les étages sans grande émotion, jusqu'à ce qu'il parvienne à un fin couloir au plancher effondré. Toutes les portes avaient été écrasées par de larges poutres noires, tandis qu'à travers le plafond béant tombaient quelques gouttes noires qui s'écrasaient aux pieds du Follet. Ce dernier avisa la large porte en face de lui, étrangement intacte malgré les ravages de cet étage. Agilement, il enjamba les gouffres du plancher, escalada les planches, ignora les volutes de poussières et de cendres.
Avec un sourire de pure malice, il ouvrit la porte en grand.
L'intérieur de la pièce était aussi noir que le couloir qui bordait son entrée. Le mobilier s'était effondré, seule subsistait une table que de minces rayons de lumière frappait en silence, ainsi qu'une petite porte à l'autre bout de la pièce. En revanche, l'odeur était très différente : c'était une odeur de sang, de viscères, de mort. Ce n'était guère étonnant : sur la table avait été placée la carcasse d'un tanflamm, le regard fixe et le ventre ouvert. La fourrure sombre du félin, autrefois tigrée de couleurs flamboyantes, était désormais souillée par le rouge du sang tandis qu'elle était tannée, détachée du muscle, arrachée à ses ligaments. Ses yeux étaient ternes, ses muqueuses et ses pattes avaient l'aspect d'un charbon racorni tant elles avaient été brûlées. Le tanflamm n'avait pas subi un sort plus clément que la demeure où il reposait désormais.
Oh, et un homme était assis à cette table, les mains plongées dans la carcasse éventrée.
Si le monde autour de lui n'était que noirceur et souillure, il était quant à lui plus impeccable qu'une neige d'hiver. Ses vêtements étaient élégants, dans les teintes de rouge et de noir que les Liares appréciaient tant, tandis que ses cheveux noirs étaient attachés en arrière avec soin pour libérer un visage gris, aux larges cornes ornées de gemmes et d'or. Ses prunelles rouges, en tout point semblables à celle du Follet qui l'observait, restaient concentrées sur son ouvrage, à savoir qu'il dépeçait méthodiquement la carcasse du tanflamm. Seules ses mains avaient la couleur du sang, le reste de son apparence était d'une vitalité impossible à remettre en cause.
Dommage, car il était censé être mort.
Le Follet était peut-être sujet à la démence, mais il conservait encore assez de souvenirs dans la tourmente chaotique de son propre esprit pour reconnaître son propre frère. Stupéfait, il en perdit son sourire et l'observa, bouche bée. Son cerveau chercha à assimiler l'information, sans succès, alors il fit ce qu'il savait faire de mieux quand il faisait face à quelque chose que sa raison défectueuse ne pouvait appréhender :
Il cessa de réfléchir.
-Andrihr ! s'exclama-t-il en s'avançant en sa direction. Tu as l'air en forme pour un macchabée !
Il sourit avec tendresse et amusement. Il s'était exprimé sans ironie : il était sincèrement convaincu de ses propres paroles. Mais Andrihr ne cilla même pas à l'approche de son petit frère. Il continua de trancher les viscères et de les jeter dans un seau situé à côté de lui, puis de décoller la peau des muscles à l'aide d'un grand poignard. Ladh se rapprocha encore davantage sans même se rendre compte que l'autre Liare ne lui répondait pas. Quelques planches carbonisées s'écroulèrent derrière lui, mais il ne s'en préoccupait pas. Il vint s'asseoir à côté de son frère, comme si de rien n'était, et suivit le mécanisme de ses mouvements avec une certaine espièglerie.
-Je ne savais pas que tu avais repris la chasse - cela dit, je ne sais pas si les morts chassent, je ne leur ai jamais demandé -. C'est donc à ça que tu as passé ton temps ?
Andrihr ne lui répondit pas. Ladh tenta de capter l'éclat de son regard en se penchant sur le côté, ses mèches blanches trempant dans la carcasse, et il s'aperçut avec étonnement que sa sclérotique était noire, comme celle d'Onyx.
-Tu as les yeux d'Onyx, désormais. Oh, je sais ce que tu vas me dire. Que prendre un dragon comme modèle, ce n'est pas une bonne idée. Qu'on ne peut pas leur faire confiance. Que je n'aurais jamais dû devenir dragonnier. Mais tu sais quoi ? Tu as totalement raison !
Il éclata de rire, enthousiaste. Mécaniquement, Andrihr continuait de dépecer le félin. Le Follet lui donna une petite tape dans le dos.
-Père serait content de savoir que tu es ici. Tu étais son préféré. D'ailleurs, c'est où “ici” ?
Il réfléchit puis haussa les épaules, se fichant bien d’où il se trouvait. Il se tut pour observer les mouvements de son frère, les décortiquant de ses prunelles écarlates. Il secoua la tête et fit craquer ses phalanges.
-Tu dois t'ennuyer, soupira-t-il. J'ai horreur de l'ennui, tu le sais bien. Allez, je vais t'aider, ça ira plus vite.
Il plongea ses mains dans les tissus spongieux du corps et entreprit d'arracher à mains nues de grands lambeaux de chair. Le sang vint vite teinter sa peau de ses nuances carmines, glaçant ses mains et noircissant ses griffes, mais Ladh n'y prêta aucune attention. Il se sentait étrangement apaisé au contact de son frère, dans ce travail qu'il n'avait pas réalisé depuis très, très longtemps. Et cela faisait également très, très longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi calme, aussi serein, aussi peu...ennuyé. Il trouvait cela étrange comme sensation, elle lui glissait dans le dos avec l'assurance du sang qui poissait ses mains. Mais il l'appréciait pourtant. Etrange, oui. Très étrange.
Et alors qu'il jetait négligemment la rate du tanflamm au sol, il aperçut un éclat métallique entre deux éclats d'os.
Intrigué, Ladh tendit la main et attrapa l'objet. C'était une petite clé, rouillée et noircie. Elle portait un symbole que le Follet se souvint d'avoir déjà aperçu. Il tourna la tête en direction de la petite porte, au bout de la pièce.
Sa serrure était identique.
Le Follet posa une main apaisante sur l'épaule de son frère pour lui signifier de rester tranquille, qu'il reviendrait vite, puis s'approcha de la porte et tourna la clé dans la serrure.
Et derrière la porte, le monde était en flammes.
Ladh écarquilla les yeux, surpris, et immédiatement la scène autour de lui se dissipa, emportant avec lui les bribes d'apaisement du Liare. Il retrouva immédiatement la démence qui était la sienne et son sourire malicieux se renforça. Dans les flammes, une immense silhouette ailée et cornue commença à se former, aux allures humaines mais au regard inhumain. La silhouette riait, amusée, tandis qu'elle arrachait le Follet à l'illusion dans laquelle elle l'avait enfermé pour son propre amusement. Son rire était plus profond, plus brûlant que les flammes elles-mêmes. Et parce que le Follet était un Liare, enfant du feu, il le reconnut immédiatement :
C'était le rire de Simius, la déesse-mère des flammes, des Liares, et de la connaissance.
Et tout comme Ladh, son millième fils, elle avait horreur de l'ennui.
Le Follet ne chercha pas à comprendre le pourquoi du comment. Cela ne l'intéressait guère. Le souffle du combat vint s'échouer contre son cœur qui battit avec exaltation. Il dégaina sa lance, Criarde, avec avidité et se mit en position. Déjà, il avait oublié son frère, il avait oublié la sérénité qui avait été la sienne.
Seule l'idée du plus beau combat de son existence s'imposa à son esprit.
A sa droite, il aperçut un homme, prêt au combat lui-aussi. Il ne l'avait jamais vu avant, il ignorait tout de lui, mais Ladh lui sourit avec un enthousiasme et une soif d'amusement emplie de démence.
"C'est parti", semblait-il susurrer.
De la connaissance de sa raison enfouie, il ne restait plus rien.