Née dans les contreforts rocheux bordant l'ombre corrompue d'Icathia, Taliyah a passé son enfance à élever des chèvres avec sa tribu de nomades tisserands. Là où la plupart des étrangers considèrent Shurima simplement comme un désert stérile, sa famille l'a élevé comme une fille du désert, lui permettant de voir la beauté et les richesses de ces terres. Taliyah a toujours été fasciné par la pierre sous les dunes et alors qu’elle grandissait, la terre elle-même semblait attirée par elle, suivant ses traces à travers le sable. Après son sixième été, la jeune nomade s'éloigna du camp à la recherche d'une chèvre perdue dont on lui avait confier la surveillance. Déterminée à ne pas décevoir son père, qui était le maître berger et le chef de la tribu elle traqua le jeune animal dans la nuit. Elle a suivi les empreintes de sabots jusqu’à la retrouver. La petite bête avait réussi à monter en haut d’une paroi rocheuse mais ne pouvait pas désormais plus descendre. Elle ressentait une sensation assez étrange à ce moment, c’était comme si le grès l'appelait, l'incitant à prendre appuie sur ses poignées. Taliyah posa donc une paume contre le rocher, déterminée à sauver l'animal effrayé. La puissance qu'elle ressentit alors était si écrasante que sa magie se révéla à elle-même, la pierre lui échappa des doigts puis le mur s’effondra contre elle.
Le lendemain, le père de Taliyah, paniqué, suivi les bêlements de la chèvre. Il s’est laissé tomber à genoux en trouvant sa fille inconsciente, sous une couverture de pierres tissées. Il rapporta l’enfant inconsciente à la tribu avec Taliyah. Deux jours plus tard, la jeune fille se réveilla après un bon nombre de rêves fiévreux dans la tente de Babajan, la grand-mère de la tribu. Taliyah a commencé à raconter à la sage et à ses parents ce qu’il s’était passé, elle transforma tout de même ce récit pour expliquer qu’un esprit l’avait aidé à faire s’écrouler le mur pour libérer la chèvre. Babajan consola la famille en leur disant que cet événement était la preuve que la Grande Tisseuse, protectrice mythique de leur tribu, veillait sur la jeune fille. Taliyah vit alors la profonde inquiétude de ses parents et décida de cacher ce qui s'était vraiment passé cette nuit : c’est-à-dire que c’était elle, et non la Grande Tisseuse, qui avait fait se mouvoir la pierre du désert.
Quand les enfants de la tribu de Taliyah atteignaient un certain âge, ils exécutaient une danse sous la pleine lune, cette dernière était considérée comme la manifestation de la Grande Tisseuse elle-même. La danse célébrait les talents innés des enfants et démontrait les dons qu'ils apporteraient à la tribu en tant qu'adultes. C’était le début de leur chemin vers un véritable apprentissage et un moyen pour ces enfants de trouver leurs futurs mentors. Taliyah a continué à cacher son pouvoir croissant, croyant que le secret qu'elle portait était un danger, et non une bénédiction. Elle regardait ses camarades de jeu filer de la laine pour garder la tribu au chaud pendant les nuits froides du désert, démontrer leur habileté avec les ciseaux et la teinture, ou avec des motifs de tissage qui racontaient les histoires de son peuple. Ces nuits-là, elle restait éveillée longtemps après que les braises aient brûlé en cendres, tourmentée par le pouvoir qu'elle ressentait au fond d’elle. Le moment de sa danse arriva finalement. Tandis qu'elle avait assez de talent pour être un berger comme son père, la jeune fille redoutait ce que sa danse révélerait vraiment. Alors que Taliyah prenait sa place sur le sable, elle essaya de se concentrer sur la tâche à accomplir, mais c'était les rochers de la terre qui l'appelaient. Taliyah ferma les yeux et dansa. Submergée par le pouvoir qui la traversait, c’est la pierre elle-même qui commença à se filer sous ses pieds.
Les cris de surprise de sa tribu ont déconcentrés Taliyah. Des roches imposantes et acérées atteignait volaient alors au-dessus d’elle, éclairées par la lumière de la lune. Taliyah regarda les visages choqués des personnes qui l'entouraient. La volonté qu’elle imposait à la pierre fut brisée, et les roches s'écroulèrent. La mère de Taliyah couru vers sa fille unique,pour la protéger de la chute de roches. Quand la poussière se dissipa, Taliyah vu la destruction qu'elle avait causé, la peur sur les visages de sa tribu. Mais c'était la petite coupure sur le visage de sa mère qui atteignit le plus la jeune adolescente. Bien que la coupe fut mineure, Taliyah savait à ce moment qu'elle était une menace pour les gens qu'elle aimait le plus dans ce monde. Elle a couru dans la nuit, tellement accablée par le désespoir que la terre a tremblé sous ses pieds. C'est son père qui la retrouva dans le désert. Taliyah confessa son secret dans des sanglots étranglés. Son père lui a alors dit qu'elle ne pouvait pas fuir son pouvoir, qu'elle devait compléter sa danse et voir où le destin la mènerait. Taliyah est donc revenue avec son père à la tribu. Elle entra dans le cercle de danse en gardant cette fois les yeux ouverts. Des nouvelles pierres se détachèrent alors du sol pour voleter autour d’elle. Quand ce fut fini, la tribu était assise dans la stupéfaction. Il était temps pour une de ses personnes de se présenter comme son mentor et de la réclamer en tant qu’apprentie. Ce qui semblait être des éons s'étendant entre les battements de cœur de Taliyah. Elle a entendu le gravier frémir alors que son père se leva, à côté de lui, sa mère le leva également. Babajan, la maîtresse de la teinture et le maître fileur se levèrent à leur tour. En un instant, toute la tribu était debout. Et ils acclamèrent la fille qui pourrait tisser la pierre.
Taliyah regarda chacun d'eux. Elle savait qu'une puissance comme la sienne n'avait pas été vue depuis des générations, peut-être plus longtemps. Ils se tenaient autour d’elle maintenant, leur amour et leur confiance l'entouraient, mais leur inquiétude était palpable. Aucun parmi eux n'avait jamais entendu l'appel de la terre comme elle. Elle aimait ces gens, mais elle ne voyait pas celui qui pouvait lui montrer comment contrôler sa magie, pas ici en tout cas. Elle savait que rester avec sa tribu revenait à leur faire courir un risque. Taliyah a alors dit adieu à ses parents et à son peuple, et est parti en exil. Elle a voyagé à l'ouest vers le lointain pic de Targon, sa connexion naturelle à la roche l'attirant vers l’énorme montagne. Cependant, à la frontière nord de Shurima, ce fut des soldats noxiens qui la découvrirent, elle et ses capacités, en premier. À Noxus, la magie comme la sienne était célébrée, lui ont-ils dit, et même respectée. Ils lui ont promis un professeur ainsi que le fait que son affinité avec l’élément serait bénéfique à la vie de Noxus. Taliyah avait été élevée pour être aimable et confiante, alors elle ne s’était pas méfier des promesses et des faux sourires des soldats noxiens. Bientôt, la fille du désert se retrouva a passé sous les nombreuses Noxtoraa, les grandes portes de fer qui marquaient la revendication de l'Empire sur les terres conquises.
La corruption et les affaires politiques dans la capitale étaient claustrophobiques à une fille du désert qui n’avait jusqu’alors connu que la liberté et la confiance. Taliyah fut montrée lors de parades des différentes sociétés magiques de Noxus. Beaucoup se sont intéressés à son pouvoir, à son potentiel, mais c'est un capitaine déshonoré qui jura de l'emmener dans un endroit sauvage de l'autre côté de la mer, un endroit où elle pouvait affûter ses capacités sans crainte. Elle accepta l'offre du jeune officier et traversa la mer jusqu'à Ionia. Cependant, il fut précisé alors que leur navire avait jeté l'ancre qu'elle avait été amenée ici pour que son pouvoir serve d’arme contre le peuple Noxien, cela afin que le capitaine désespéré puisse regagner sa place aux plus hauts rangs de la marine Noxienne. À l'aube, le capitaine lui a donc donné un choix : enterrer un village Ionien endormi ou se jeter dans la mer.
Taliyah observa la baie. La fumée des cheminées ne s'était s’évacuaient pas encore des foyers, tous les habitants devaient dormir paisiblement, bien ignorant du risque qui les survolaient alors. Ce n'était pas la leçon qu'elle était venue chercher en partant si loin de chez elle. Elle refusa et sauta par-dessus bord. Elle échappa à la noyade et se retrouva à errer sur la plage, perdue alors qu’elle s’enfonça dans les montagnes hivernales d'Ionia. C’est plusieurs heures plus tard qu’elle remarqua une silhouette au loin, dans un temple perdu. Elle voulut rejoindre cette dernière quand une avalanche la surprit, la jeune fille eut tout juste le temps d’utiliser ses pouvoirs pour dévier la neige et ainsi s’éviter une mort certaine. Cependant quand elle se retourna elle remarqua avec effroi que de par son action, le temple avait été englouti.
Elle s’élança alors dans cette direction pour creuser la neige afin de sauver l’inconnu qu’elle avait elle-même faillit tuer. Ce fut ainsi qu’elle rencontra le maître du vent, même si ce dernier n’aime pas se qualifier ainsi, Yasuo. Un homme qui manipulait le vent lui-même avec sa lame, quelqu'un qui comprenait les éléments et le besoin d'équilibre. C’était exactement ce que son regard perdu avait désespérément cherché au milieu du cercle de danse il y avait quelque mois de cela. L’homme accepta de la prendre sous son aile et elle s’entraîna avec lui pendant un certain temps, commençant enfin à trouver le contrôle qu'elle cherchait depuis longtemps.
Alors qu'ils se reposaient dans une auberge isolée, Taliyah apprit qu’Azir, l’ancien empereur de l’antique Shurima, était revenu d’entre les morts pour récupérer dans son empire. Selon la rumeur, cet empereur devenu dieu cherchait à rassembler son peuple, devenues depuis des générations des tribus disparates, afin de les asservir. Alors que sa formation était inachevée, elle n'eut pas d'autre choix que de retourner auprès de sa famille pour les protéger. Malheureusement, Yasuo ne voulut pas la suivre et ils durent se séparer. Elle arracha alors un ruban de sa tunique qu’elle lui offrit en guise de remerciement.
“Ton entrainement n’est pas terminé, tu risquerais ta vie en retournant auprès d’eux.”
Elle se redressa pour lui faire face.
“Ils en valent la peine.”
Taliyah entreprit alors un long voyage pour rentrer chez elle. Elle gagna Freljord en bateau et de là, marcha vers le sud, traversant les grandes plaines frontalières entre les deux grands empires. Tentant au mieux d’éviter les conflits. Quand elle fut enfin de retour, Taliyah remarqua qu’elle avait presque oublié à quel point la chaleur du désert lui avait manqué. La sueur et la passion de centaines de personnes qui marchandaient et parlaient avec une telle activité et rapidité que les étrangers pensaient souvent qu’ils allaient se battre. Dans tous ses voyages, elle n'avait jamais trouvé nulle part l'agitation et l'énergie propre à sa patrie. Ionia était merveilleux, et les paysages gelés du Freljord étourdissant à leur manière, mais le soleil flamboyant de Shurima lui faisait remémorer des souvenirs bien plus profond alors qu'elle mettait le pied sur le quai de pierre de Bel'zhun.
La connexion qu'elle ressentait avec la roche de ce pays l'envahissait comme l'un des thés épicés de Babajan. Taliyah n'était pas resté longtemps à cette ville frontalière, Bel'zhun. Les navires de guerre Noxiens dans le port l'ont rendue trop nerveuse et lui ont fait se ressasser trop de mauvais souvenirs. Elle resta juste assez longtemps pour acheter des provisions et en apprendre sur les dernières rumeurs des caravanes commerciales. La plupart était conflictuelle et fantastique; des visions de guerriers du sable, des blizzards de la foudre du ciel clair, libéré des tempêtes de sables, et des rivières qui coulaient là où aucune eau n'avait coulé aussi loin que l'on pouvait se souvenir.
Afin de trouver des visages plus amicaux, elle quitta Bel'zhun en compagnie d'une caravane de marchands de soie venant de Nerimazeth et qui se dirigeaient vers le sud à Kenethet. Le maître de la caravane, une femme mince et fougueuse nommée Shamara, lui déconseilla de voyager plus au sud, mais Taliyah lui expliqua que sa famille avait besoin d'elle, et qu'elle y était obligée. De Kenethet, elle alla toujours plus au sud, suivant l'arc sinueux d’un grand fleuve qui aurait sa source dans la capitale de l'ancien empire Shurimien. Sans personne autour, elle pouvait se déplacer beaucoup plus rapidement, voyageant sur des rochers qu’elle arrachait au sol et chevauchait alors qu'ils se formaient sous elle en vagues agitées. Elle alla vers le sud en direction de Vekaura, sur le chemin elle croisa une femme, un peu plus âgée qu’elle mais d’une grande prestance. La jeune fille l’aida alors à continuer son chemin et toutes deux se rendirent à Vekaura, ville que les rumeurs de Shamara disaient à moitié enfouie dans le sable. Mais même à un kilomètre de là, Taliyah put dire qu'elle avait été trompée, Vekaura était bien debout et fière. Taliyah se fraya un chemin à travers la foule, ignorant les promesses extravagantes des marchands et les demandes de penser à leurs enfants affamés. Une main agrippa sa tunique mais elle s'éloigna.
Des centaines de personnes se pressaient dans la large rue menant aux murs de la ville. Elle remarqua les symboles des tribus Barbae, Zagayah et Yesheje, et il y en avait des dizaines d'autres qu'elle ne connaissait pas. Des membres de tribus qu’elle aurait juré ennemies quand elle avait quitté Shurima, marchaient côte à côte comme des frères d'armes. Beaucoup de choses avaient changé depuis son départ. Elle ne voulait pas s'attarder plus longtemps que nécessaire, mais elle avait promis de garder la femme blessée en sécurité, et sa mère lui avait toujours appris à ne jamais manquer à une promesse. En rependant à cette dernière elle sut qu’elle n'avait aucun moyen de savoir avec certitude, mais elle était certaine que chaque pas l'approchait de l'étreinte chaleureuse de ses parents. Taliyah était tellement perdue dans cette vision de retrouvailles agréables qu'elle ne remarqua pas un grand homme arriver avant de l’avoir bousculé. Elle rebondit sur son corps immobile et atterrit assise sur le sol.
Elle avait eu l'impression de cogner contre une falaise, l’inconnu lui n’avait pas bougé d’un pouce. Les personnes autour semblaient le connaitre et ils s’accumulaient autour de lui comme de l'eau autour d'un rocher dans un ruisseau. Il était vêtu de la tête aux pieds en lambeaux qui ne dissimulait guère son énorme volume et sa taille. Il se cramponna à un long bâton enveloppé de tissu, la tête large en loques. Peut-être en avait-il besoin parce qu'elle voyait ses jambes se tenir d’une manière étrange.
“Excusez-moi,” dit-elle en regardant en l’air, “je ne vous avait pas vu...”
Il la regarda, son visage était caché dans les ombres de ses vêtements, mais il ne répondit pas. Il lui tendit la main et l’aida à se relever. Il réussit à la remettre sur ses jambes sans aucun effort et elle put rapidement apercevoir un éclat dorée sous les bandages de l’inconnu.
“Tu devrais regarder où tu vas, jeune enfant,” dit-il, sa voix résonnant étrangement, comme si elle venait d’un puit sans fond. “Shurima est une contrée dangereuse désormais.” Sur ces mots l’homme mystérieux s’en alla et les deux femmes en firent de même.
Taliyah avait trouvé refuge dans une maison abandonée et s’agenouilla aux cotés de la femme blessée. La jeune fille déplaça le bandage pour inspecter la blessure de celle qu’elle protégeait. Elle grimaça légèrement en voyant le sang incrusté autour des points de suture qu'elle avait fait pour refermer la blessure profonde. Cela ressemblait à une coupe d'épée, mais elle ne pouvait pas être sûre. Taliyah avait dépouillé l'armure de la femme et avait nettoyée sa blessure du mieux qu'elleavait put. En dehors de la blessure presque mortelle sur son côté, cette femme avait de nombreuses cicatrices pâles. Toutes gagnées dans une vie de bataille, et tous sauf une à l'avant. Quelle que soit cette femme, un seul de ses ennemis ne l'avait pas affronté honorablement. Taliyah a remplacé le pansement et sa patiente a grogné de douleur.
"Vous êtes une combattante", a déclaré Taliyah, "je peux le voir, alors battez-vous pour votre vie."
Taliyah n'avait aucune idée si la femme entendait ce qu'elle disait alors qu’elle s’était endormie sous la fatigue et la douleur, mais peut-être que ses paroles pourraient aider l'esprit de la femme à retrouver son corps. En tout cas, ça faisait du bien de parler à quelqu’un ; même si cette personne ne répondait pas. Depuis qu'elle avait quitté Yasuo à Ionia, Taliyah avait essayé de tout garder pour elle-même, elle était toujours en mouvement et ne restait jamais dans un endroit plus longtemps que nécessaire. Cependant elle était déjà restée à Vekaura plus longtemps qu'elle ne l'avait prévu. C'était censé être un arrêt rapide pour acheter des provisions fraîches, mais elle ne pouvait pas partir alors que la femme était inconsciente. L'envie de trouver sa famille était accablante, mais la Grande Tisseuse enseignait que tout le monde était lié dans la chaîne et la trame de la vie. Laisser un fil s'effilocher, avec le temps, affecterait tous les autres. Donc Taliyah était restée pour honorer sa promesse à la femme blessée, bien que chaque moment non dépensé à essayer d'atteindre sa famille irritait son âme.
Taliyah brossa les cheveux noirs du front fiévreux de la femme et étudia son visage, essayant d'imaginer ce qui avait pu lui arriver. Elle était jolie, sa peau avait la teinture hâlée d'une Shurimienne d'origine, et quand ses yeux s'ouvraient de temps en temps, Taliyah pouvait voir leur bleu perçant. Elle laissa échapper un soupir et dit, "Eh bien, je ne pense pas que je puisse faire beaucoup de choses jusqu'à ce que tu te réveilles." Taliyah entendu soudainement une explosion sourde venant de l'ouest. Elle se dirigea vers la fenêtre en entendant le son incomparable des roches qui s’effritaient. Au début, elle pensait que c'était un tremblement de terre.
"Que se passe-t-il...? Où suis-je?"
Taliyah se retourna au son de la voix de la femme. Elle était assise, regardant autour d'elle et cherchant quelque chose.
"Vous êtes à Vekaura", a déclaré Taliyah. "Je t'ai emmenée ici pour te soigner."
"Où est ma lame?" Demanda la femme.
Taliyah désigna le mur derrière elle, où l'étrange arme de la femme était enveloppée dans son écharpe de cuir et cachée sous une couverture tissée de motifs d'oiseaux entrelacés.
"Là-bas," dit Taliyah, "Ces lames sont très tranchantes et je ne le voulais les mettre nulle part où j’aurais pu trébucher dessus."
"Qui êtes-vous?" Dit la femme, son ton chargé de suspicion.
"Je suis Taliyah."
"Je vous connais? Est-ce que votre tribu me veut morte?
Taliyah fronça les sourcils. "Non. Je ne pense pas. Nous sommes des bergers. Tisserands et voyageurs. Nous ne voulons la mort de personne."
"Alors vous êtes l'une des rares.", a déclaré la femme. Elle exhala lentement, et Taliyah ne pouvait qu'imaginer à quel point sa blessure devait faire mal. Elle se redressa et grimaça tandis que ses points de suture se tendaient.
"Pourquoi quelqu'un voudrait-il votre mort?" Demanda Taliyah.
"Parce que j'ai tué beaucoup de gens", répondit Sivir, luttant pour s'asseoir. "Parfois parce que j'étais payé. Parfois parce qu'ils étaient sur mon chemin. Mais ces jours-ci, c'est généralement parce qu'ils sont très en colère quand je leur dis que je ne reviens pas. "
"Revenir où?"
La femme a tourné ses yeux bleus perçants sur Taliyah, et elle a vu un profond puits de douleur et de tourmente à l'intérieur.
"A la capitale", a-t-elle dit. "Celle qui est sorti des sables."
"Alors c'est vrai?" Demanda Taliyah. "L'ancienne Shurima renaît vraiment? Vous l'avez vu? "
"De mes propres yeux", dit la femme. "Il y a beaucoup de gens qui y vont maintenant. J'ai surtout vu des tribus de l'est et du sud, mais d'autres viendront assez vite. "
"Les gens vont là-bas?"
"De plus en plus tous les jours."
"Alors pourquoi vous ne voulez pas y revenir?"
“Vous m’ennuyez avec toutes ces questions.”
Taliyah haussa les épaules. “Poser des question est le premier pas sur le chemin de la compréhension.”
La femme souria et reprit. “Bon point, mais il faut faire attention à la personne à qui on les posent. Certaines répondent aux questions avec une lame.”
“C’est votre cas?”
“Parfois, mais vu que tu m’a sauvé la vie, je te laisserais partir.”
“Alors dites-moi juste une dernière chose.”
“Quoi?”
“Votre nom.”
“Sivir,” Répondit la femme à travers sa douleur.
Taliyah connaissait ce nom ; ils étaient peu dans Shurima à ne pas le connaitre, et elle avait déjà une bonne idée de quel style de personne Sivir était au vu de sa lame exotique. Avant qu’elle ne puisse répondre, un nouveau bruit surpassa celui du vent et des chutes de cailloux. Elle n’avait jamais entendu cela chez elle, mais elle en avait entendu plus d’une fois à Ionia. Taliyah attrapa son sac, elle réfléchissait à combien de temps cela prendrait de fuir la ville. Sivir avait également entendu les bruits, elle essaya de se hisser debout. L’effort était Presque de trop et elle grogna de douleur.
“Tu n’es pas en état d’aller où que ce soit…” dit Taliyah.
“Tu as entendu ça?”
“Bien sur… On dirait des personnes qui crient.”
Sivir hocha la tête. “C’est exactement ça...”
Elles entendirent alors la porte s’ouvrir et Taliyah accouru pour voir ce qu’il se passait, elle fit un pas en arrière en apercevant le grand homme qu’elle avait bousculé tout à l’heure. Paniquée, elle fit appel à ses pouvoirs, le sol trembla et les des pierres se mirent à voleter autour d’elle. L’inconnu put appercevoir Sivir se tenir tant bien que mal derrière la jeune fille.
“Je suis Nasus, Gardien des Sables,” dit-il, mais d’un seul regard, il remarqua qu’elle avait comprit qui il était alors qu’il n’était plus camouflé sous tous ces bandages. Elle était figée par la surprise.
“Ecarte-toi,” dit Nasus.
“N-non! Je ne vous laisserais pas lui faire du mal. J’ai fais une promesse.”
Nasus rengaina son arme en la rangeant dans son dosalors qu’il s’avança d’un pas, la jeune fille décrit le même pas dans le sens opposé. Le sol se mouvait en motif radiaux sous les pieds de cette dernière. Des brèches se creusaient dans les murs et le sol alors que des roches venaient s’accumuler autour de Taliyah.
“Tu es capable de briser les roches,”dit Nasus.
Elle haussa un sourcil. “Oui. Donc vous devriez reculer avant que… que je ne vous brise!”
Nasus eut un léger sourire à son sursaut de courage. “Tu possède un cœur héroïque, mais tu n’es pas celle que je cherche. Ta magie est puissante, donc si j’étais toi, je partirais de cette ville avant que Xerath ne me l’arrache.”
Sa peau devint plus blanchâtre. “Je ne vais partir nul part. J’ai promis de protéger Sivir et la Grande Tisseuse hait les promesses rompues !”
“Si tu la protège, alors sâche que je ne suis pas ici pour la blesser.”
“Alors qu’est-ce que vous voulez?”
“Je suis ici pour la sauver.”
Sivir s’avança tant bien que mal aux côtés de Taliyah. Bien qu’elle soit dans une souffrance évidente, Nasus était impressionné par sa détermination. Mais il n’en attendais pas moins d’une personne dont le sang descendait de l’ancienne Shurima.
“Qui est ce Xerath ?” demanda-t-elle.
“Un mage sombre qui en connait déjà trop sur toi.”
Sivir hôcha la tête et se retourna vers Taliyah, plaçant une main sur l’épaule de cette dernière.
“Je te dois la vie, mais je ne veux pas de dettes,” dit-elle, “donc considère ta promesse accomplie. Je peux m’en sortir maintenant.”
“Je comprends, mais tu peux encore à peine marcher,” dit Taliyah. “Au moins laisse-moi t’aider à sortir de la ville.”
“Très bien,” répondit Sivir reconnaissante, elle se retourna ensuite vers Nasus.
“J’en ai assez des gens qui me sauvent dernièrement,” dit-elle. “Ils veulent toujours quelque chose en échange, alors qu’est-ce que vous voulez vraiment ?”
“Que vous restiez en vie,” dit Nasus.
“Ça, je le peux sans votre aide.”
“Votre blessure semble indiquer le contraire.”
“Ça ? C’est juste un désagrément. J’ai connu pire et je m’en suis sortie. Je n’ai pas besoin de votre protection. Le destin semble veiller sur moi de toute manière, peu importe ce que je fais.”
“Le futur n’est pas gravé dans la roche,” dit-il. “C’est une rivière dont le cours peut changer à tout moment. Même ceux dont la destiné est écrite dans les étoiles peuvent voir l’eau de leur vie s’heurter à un barrage s’il ne sont pas prudent. Votre arme, savez-vous à qui elle a appartenu ?”
“Pourquoi est-ce que ce serait important ? Elle est à moi maintenant.”
“Il s’agissait de la lame de Setaka, la reine guerrière ; J’ai combattu à ses côtés pendant trois siècles. Et vous ne connaissez même pas son nom.”
“Ce qui est tombé a été oublié,” dit Sivir avec un haussement d’épaule, “mais si vous êtes là pour reprendre la lame, alors nous allons avoir un problème.”
Nasus laissa tomber un de ses genoux au sol et croisa ses mains contre son buste.
“Vous avez du sang de transfigure dans les veines. Cette arme est votre car vous avez le sang des empereurs. C’est cela qui a ressuscité Azir ainsi que la capitale, ça doit donc forcément dire quelque chose.”
“Non !” Rétorqua Sivir. “Je n’ai jamais rien demandé à Azir. Je ne lui dois rien et je ne veux rien avoir à faire avec vous ou avec ce Xerath !”
“Qu’est-ce qu’Azir lui veut ?” demanda Taliyah. “Et que va-t-on faire maintenant qu’il est de retour ? Est-ce qu’il compte faire de nous des esclaves ?”
“Elle pose beaucoup de question.” Dit Sivir.
Nasus hésita avant de répondre.
“Pour tout dire… Je ne connais pas les plans d’Azir. Le fait qu’il s’oppose à Xerath est assez à mes yeux. Maintenant vous devriez partir si vous voulez vivre un autre jour.” Le trio se sépara alors et Taliyah fuya la ville qui se faisait bombarder par ce Xerath, elle ne savait plus vraiment quoi penser après tant de révélations. Après leur départ le sable avait englouti à nouveau la ville.
Son chemin avec Sivir finit par se séparer alors qu’elle se rendit vers la capitale, guidée par le gigantesque disque solaire qui flottait dans les airs, témoignant de la véracité des légendes. Taliyah avait traversé une tempête de sable lorsqu'elle remarqua de l'eau. Au début, ce n’était qu’un mince ruisseau perdu, mais progressivement ce dernier devenait un véritable fleuve alors qu’elle s’approchait de la ville impériale. Quand elle fut assez proche pour être couverte par l'ombre du grand disque solaire, et quand elle arriva enfin aux portes, Taliyah entendit l'eau assourdissante qui se précipitait le long de la roche, la mère de la vie, rugissant sous le sable.
Les gens de sa tribu avaient suivi les eaux saisonnières pendant des centaines d'années. La meilleure chance de retrouver sa famille était de faire de même, et à la consternation de Taliyah, l'eau de Shurima coulait maintenant d'une seule source comme elle l'avait fait autrefois. Les restes tragiques de la capitale avaient toujours été évités, presque autant que les grands Sai et les créatures mortelles qui y chassaient. Même les voleurs ont su garder leur distance de la ville. Enfin… jusqu'à maintenant.
Taliyah regarda autour d’elle. Les légendes disaient vrais, cet endroit n'était plus une ruine oubliée, hantée de fantômes et de sable; En effet, le camp de fortune juste à l'extérieur des murs brouillait la vie, comme une fourmilière. Ne sachant pas qui étaient ces gens, elle décida de ne pas perdre plus de temps que nécessaire. Elle pouvait voir des symboles de tribus des quatre coins de sa patrie, mais alors qu’elle observait leurs visages, elle n'en voyait aucun qui lui soit familier. Les gens ici étaient indécis. Ils débâtaient sur les mérites de rester dans leurs camps temporaires ou de chercher un abri dans la ville. Certains s'inquiétaient du fait que la ville pourrait retomber et ainsi enterrer tous ceux qui étaient pris à l'intérieur. Certains ont vu la tempête hérissée d'éclairs surnaturels et ont pensé que leurs chances étaient meilleures dans l’enceinte des murs, même si ces murs avaient été perdus dans le sable pendant des générations. Tous se déplaçaient rapidement et regardait d'un air inquiet le ciel. Taliyah elle-même avait gagné la course avec la tempête, mais il ne faudrait pas longtemps avant que le sable ne frappe les portes.
"C'est le moment de décider." Une femme l'interpella, sa voix presque perdue au bruit des eaux de l'oasis et de la tempête montante. "Vas-tu entrer ou sortir, fille? "
Taliyah se tourna pour faire face à la femme. Elle était Shurimienne, mais à part ça, elle ne lui disait rien.
"Je cherche ma famille." Taliyah désigna sa tunique. "Ils sont des tisserands."
"Azir a promis une protection à tous ceux qui sont dans les murs", a déclaré la femme. "Il est revenu transfiguré et L'Oasis de l'Aube coule à nouveau. Un nouveau jour est venu pour Shurima."
Taliyah regarda les gens autour de lui. C'était vrai. Ils hésitaient à se déplacer loin dans la capitale massive, mais la peur qui inquiétait leurs visages était plus pour la tempête que la ville ou son empereur de retour. La femme continua: "Il y avait des tisserands ici ce matin. Ils ont décidé d'attendre la tempête à l'intérieur. "La femme désigna la foule de personnes qui se dirigeaient vers le nouveau cœur de Shurima. "Nous devons nous dépêcher. Ils ferment les portes. "
Taliyah se vit tirée par une femme vers l'une des grandes portes de la capitale, et chassée par derrière par une foule d'étrangers qui avaient décidé à la dernière minute de ne pas braver les sables par eux-mêmes. Pourtant, il y avait quelques groupes regroupés près de leurs bêtes, déterminés à faire face à la tempête comme les caravanes Shurimienne l’avaient fait pendant des générations. Au loin, des éclairs étranges et menaçants crépitaient au bord du tourbillon. Les vieilles traditions Shurimienne pourraient ne pas survivre au passage de la tempête.
Taliyah et la femme ont été poussés à travers l’Arc d'or qui séparait Shurima du désert qui l'entourait. Les lourdes portes se refermèrent derrière eux avec un bruit sourd. L'immensité de la gloire du vieux Shurima s'étendait devant eux.
"Je suis sûr que votre peuple est quelque part dans la ville. La plupart sont restés près des portes. Peu sont assez courageux pour aller plus loin que cela. J'espère que vous trouverez ce que vous cherchez."
La femme lâcha la main de Taliyah et sourit avant de disparaitre dans la foule. La ville qui avait été silencieuse pendant des millénaires pulsait désormais de vie. Bien qu'il n'y ait eu aucun problème, Taliyah continuait de sentir qu'il y avait quelque chose qui clochait dans cet endroit. Elle tendit la main vers le mur épais pour se stabiliser. Elle haleta. La pierre palpitait sous le plat de sa paume. Une douleur terrible et aveuglante l'envahit. Des dizaines de milliers de voix ont été gravées dans la roche. La peur et le tourment de leurs derniers moments, avant que leurs vies aient été coupées et leurs ombres ont été gravées dans la pierre, ont crié dans son esprit. Taliyah a arraché sa main du mur de pierre et a trébuché. Elle avait déjà senti des vibrations dans la pierre, des réverbérations de souvenirs depuis longtemps, mais jamais comme ça. La connaissance de ce qui était arrivé avant l'abattu. Elle se leva et regarda fixement, en voyant la ville à nouveau. La révulsion l'a submergée. Ce n'était pas une ville qui renaît. C'était une tombe. La dernière fois qu'Azir avait fait des promesses aux habitants de Shurima, cela leur avait coûté la vie.
"Je dois trouver ma famille," murmura-t-elle.