P-O-P-P-Y, Hero of Demacia ! [101%]

Poppy possède un visage d'ange, étranger à toute imperfection ou ride. Sous ces fines mèches blanches, attachées en deux couettes massives, se cachent deux iris magentas suffisant à résigner le plus farouche des yordles. Son sourire, quant à lui, provoque chez ses interlocuteurs un sentiment de bien-être, si ce n'est de l'affection pour cette figure enfantine. La Gardienne paraît plus jeune qu'elle ne l'est, et elle n'hésite pas à en profiter.

Comme tout ses congénères, Poppy n'est pas de grande taille. Pourtant, elle est une des plus grand âge. La Gardienne est loin d'avoir un corps frêle, ayant profité de nombreux siècles d'entraînement. Poppy n'est pas aussi inoffensive et maigrichonne qu'on le pense, capable de manier -avec dextérité- une masse bien plus lourde qu'elle.*Son armure représente l’achèvement de plusieurs décennies d’expertise, que ce soit dans l'incrustation des plaques d'acier ou la fabrication des protections en bronze. Elle lui est essentielle, si bien que peu de rayures ou de fentes sauraient y être retrouvés : Poppy en prend grand soin, la faisant réparer autant qu'elle le peut.

Son équipement est une partie de sa vie, en particulier le Marteau d'Orlon. Un gigantesque maillet de pierre, forgé il y a des temps immémoriaux pour le fondateur de Demacia, qui lui fut retransmit à sa mort. Il représente une portion d'elle, un fardeau incommensurable qu'elle se doit de porter jusqu'à la fin, bien qu'elle n'en ait pas conscience.

Le fardeau de Poppy est une éternelle tourmente, lui donnant pour habitude de s'interroger sur le sens de sa quête ou de son rôle en tant que Gardienne. Ses nombreux échecs ont réussi à la bouleverser, lui faisant croire que n'importe qui d'autre aurait pu faire l'affaire : à peine arrivait-elle à manier l'artefact en plusieurs décennies. Ainsi, son humilité l'empêcha tout ce temps de s'imaginer être la véritable héroïne de Demacia, ce qu'elle pensait de toute manière inconcevable.

Poppy incarne les valeurs de Demacia. Elle est à la fois son arme et son bouclier, prête à écraser n'importe quel ennemi en son nom, ou protéger ses citoyens par n'importe quel moyen. Elle voit en la nation-mère un pays structuré, offrant avenir et foyer à ceux qui sont délaissés par la société. C'est un héritage légué par feu son ami et maître, mais également son foyer bien-aimé. La Gardienne y est adulée, respectée par quiconque sans se soucier de ses origines.

Sa bonté lui a de nombreuses fois portée préjudice ; elle préfère donner plutôt que recevoir, rendre les gens autour d'elle heureux. Poppy est une femme tolérante, acceptant les différences de chacun tout en essayant de les comprendre. Elle-même réfugiée d'un pays qu'elle n'aimait pas, la Gardienne aide sans cesse les immigrants à s'intégrer à Demacia.

J'avançais dans la pénombre, tout en me frayant un chemin parmi les débris. Le camp était censé avoir été vidé il y a plusieurs jours, mais j'entendais encore le crépitement de l'âtre. Sans doute une minorité avait réussi à s'échapper le matin-même, me laissant penser qu'un mouchard traînait parmi nos rangs. Les bandits n'étaient pas prévoyants, et ils n'auraient pas fui en n'étant qu'une dizaine. Mes troupes avaient achevé leur part du travail, c'était à mon tour de finir la mienne.

Je m'apprêtais à sortir du bâtiment lorsque j'entendis un sifflement. À la fois lointain et proche. Je n'eus pas le temps d'identifier la source du bruit que le bâtiment se mit à imploser, me forçant à sauter par-dessus la rambarde pour atterrir dans la cour. Pire qu'avoir été trahi, un de mes éclaireurs semblait les avoir équipés : je doute que de simples mécréants puissent se procurer des explosifs hextechs. Il ne me restait plus qu'à partir des ruines, sans doute trouverais-je les réponses que je cherche à Demacia.

Apprêtant ma sacoche, j'entendis un deuxième sifflement, sur ma gauche. D'un revers de main, à l'aide de mon maillet, je détruisais le mur de la tour de guet pour me retrouver face à face avec un enfant. Il semblait perdu, me menaçant à l'aide d'une énième bombe, sans pour autant savoir la manipuler. Je n'eus qu'à brandir mon écu pour l'effrayer, le rattrapant tandis qu'il essayait de fuir.

« Que fais-tu ici ? Qui t'as donné ces explosifs ?

Il s'acharnait sur moi, me ruant de coups. Malheureusement pour lui, mon armure était bien plus résistante. Perdant patience, j'appuyais sur son torse en espérant qu'il se défilerait, et c'est ce qu'il fit. Le jeune garçon commença à tout me raconter, m'expliquant que son père lui avait ordonné de défendre le camp, pour couvrir ses arrières. Semblerait-il que la plupart des leur avaient étés exterminés par un homme, armé d'un gigantesque marteau, qui serait, par la suite, parti en direction de Demacia.

Je m'élançais directement vers la capitale, laissant l'enfant derrière moi. Particulièrement enjouée, j'étais déterminée à retrouver ce guerrier. Cette fois, le héro, ce devait être lui. J'avais passé trop de temps à le chercher, plusieurs siècles, si bien que je manquasse de tomber sur les pavés : j'accélérais beaucoup trop. Les voyageurs semblaient me regarder comme une enfant, pressée de rentrer chez elle, mais ça ne me changeait pas de d'habitude. Mon air enfantin et ce sourire innocent m'avaient toujours porté préjudice. Si le héros était à Demacia, alors il devait être au palais royal. Les chambellans avaient mis une prime pour ces bandits il y a plusieurs semaines, et qui ne réagissait pas si on lui proposait un sac rempli d'or ?

Je traversais les rues bondées de Demacia à une vitesse impressionnante, poussant la foule quand le besoin s'en faisait sentir. Plusieurs manquaient de m'écraser, mais j'avais la peau dure, assez pour arriver jusqu'au palais royal en un seul morceau. Je poussais les portes, beaucoup plus grandes que moi, et pénétrait dans l'enceinte du bâtiment. Aujourd'hui, je ne m'attarderais pas à admirer les galeries, pourtant saillantes ; seul le héros m'intéressait. Un gestionnaire ne tardait pas à m'aborder, tandis que je donnais mon sac à une servante.

« Maître Poppy ? Un problème, un sujet important ? »

« Oh, oui. La prime pour le camp de bandits, à l'ouest... A-t-elle été prise ? »

Je l'espérais, mais je vis à son visage qu'elle ne l'était pas. Reprenant ma sacoche, je repartis dans les rues, en quête d'une taverne où je pourrais me rafraîchir. À cette heure-ci, qui plus est, un jour de marché, elles étaient toutes remplies. Uniquement l'une d'entre elles semblait vide, ce qui ne m'étonnait pas vu ses fenêtres brisées, ses étendards déchirés ou son échafaud fait de pieds de chaise. Je m'installais à l'intérieur, commandant une chope de cidre au propriétaire, qui me l'apporta immédiatement. Elle était immonde. Je me forçais de la boire, regrettant dors-et-déjà ma venue dans ce taudis. Plutôt que de me lamenter, je préférais écouter les ragots du coin ou les conversations des habitués, qui ne tardèrent pas à attirer mon attention.

« Tu as entendu l'histoire de ce maître d'armes ? Il aurait exterminé trois camps de bandit la même soirée. Oui, trois Marguette ! »

Le voyage reprenait.