Le soleil avait laissé sa place à la lune désormais haute dans le ciel et les animaux nocturnes sortaient de leurs cachettes allant affronter le froid d’une nuit d’automne. Pendant ce temps, un petit garçon aux cheveux blonds était couché sous sa couverture éclairé par la lueur d’une bougie.
« Papa ? » demanda l’enfant
« Oui Rufus ? Qu’y a-t-il ? » lui répondit son père.
« Tu me raconte une autre histoire ? »
« D’accord, d’accord… Qu’est ce qui te ferais plaisir cette fois ? »
« Une histoire qui fait peur ! » répondit gaiement l’enfant
« Tu es sur ? Tu vas encore faire des cauchemars tu le sais »
« Nooon promis ! Allez racontes-moi en une ! » supplia le petit Rufus
« Très bien… je vais te raconter l’histoire de celui qu’on appelle, le Thanatophore :
Il y a bien longtemps dans une lointaine ville a l’Est, un homme du nom de Viktor était connu pour ses inventions, il aidait les habitants et améliorait leur conditions de vie, il était convaincu que ce qu’il faisait était pour le progrès de l’humanité dont il ne voulait que la prospérité. Mais un jour alors qu’il travaillait sur un moyen de guérir une femme atteinte d’une maladie grave, il eut alors une révélation lorsque cette femme succomba. Viktor s’acharna et parvint a faire revenir son patient à la vie… mais elle ne faisait désormais plus partie du monde des vivants et démontra alors une force et une régénération incroyable, Viktor en voyant cela eu une vision, une vision d’un futur ou les vivants s’inclineraient devant les morts. L’inventeur entreprit alors de permettre à ce futur d’exister en ramenant les morts avec une machinerie complexe… Après plusieurs tests concluants, l’homme se mit en tête de prouver au monde que sa nouvelle obsession était l’unique vérité et le seul futur possible. Effrayés par la discours aliéné de Viktor les habitants de la ville le pendirent dans son atelier sans autre forme de procès. Mais la Mort, fascinée par les ambitions démesurées et l’obsession de cet homme décida de le renvoyer dans le monde des mortels sous la forme d’un être aux pouvoir inimaginables. Il hante désormais le monde gonflant petit à petit les rangs de l’Armée de la Mort aux côtés des autres Thanatophores en capturant les âmes et les corps sans vie qui se trouvent sur son chemin. »
« Mais Viktor… il ressemble a quoi maintenant ? » demanda le petit Rufus qui se cachait légèrement sous sa couette
« On raconte qu’il aurait l’odeur de la Mort elle-même, celle d’un millier de cadavres en décomposition mêlée à celle du sang coagulé des champs de bataille. Ceux qui se souviennent du visage de l’homme qu’il fût ne sont désormais plus de ce monde… ayant depuis longtemps rejoint sa légion immortelle. Son enveloppe charnelle serait désormais habitée par l’essence de la Mort, laissant s’échapper une lueur spectrale formant ce qui s’apparente à un troisième bras terminé par un œil, froid et infatigable » L’enfant tremblait en imaginant à quoi cette créature pouvait ressembler et s’enfonça un peu plus dans son lit.
« Mais… si c’était un homme avant… il doit avoir encore un visage ? »
« Nul ne le sait, son masque d’obsidienne, aussi noir que la nuit, empêche quiconque de discerner ne serait-ce qu’un semblant de trait humain, la seule personne qui aurait vu le Thanatophore sans son masque aurait sombré dans une folie si intense qu’il aurait tante de s’arracher les yeux pour ne pas avoir à revivre cela. » C’en était trop pour le petit garçon, il se cacha alors entièrement sous sa couverture tremblant comme une feuille à l’idée de rencontrer un jour cette horreur. Son père quand à lui s’amusa de l’action de son fils et le rassura en lui ébouriffant les cheveux.
« Je te l’avais dit que tu allais avoir peur avec une histoire pareille, mais tu as quand même insisté… Ne t’inquiètes pas ce n’est qu’une vieille légende que m’a raconté mon grand-père… il n’y a pas de raison de s’inquiéter » L’homme avait une voix douce et chaleureuse contrastant avec le ton volontairement pincé et effrayant qu’il avait prit pour raconter son histoire, Rufus sembla se calmer car il sortit la tête de sa couette et acquiesça en silence, son père sourit et lui souhaita bonne nuit, lui laissant la bougie allumée dans son support en guise de veilleuse. L’enfant, malgré la peur, finit par s’endormir bercé par le bruit de la pluie qui commençait a tomber et la douce lueur chaude de la flamme de la bougie.
***
La pluie s’était désormais transformée en orage, le vent balayant le sol et faisant pencher les arbres dans des angles difficilement supportables. Le ciel étoilé avait laissé sa place à une énorme masse de nuages noirs, s’illuminant d’éclairs plus ou moins réguliers. Le tonnerre gronda et un des éclairs frappa le sol non loin du village, ce qui réveilla le petit Rufus en sursaut. Après la confusion du à son réveil forcé, il comprit ce qui en était la cause, il se leva de son lit et s’approcha de la fenêtre, d’où il pouvait voir les champs et les collines avoisinantes, le froid pénétrant les murs de la maison et le faisant frissonner.
Soudainement, l’enfant sentit quelque chose, une odeur qui semblait a peine perceptible au premier abord et qui s’accentuait de plus en plus, une odeur nauséabonde, insupportable, qui provoquerait la nausée a quiconque la sentirait. Pourtant, l’odeur ne fut pas ce qui terrorisa l’enfant, ce fut le spectacle qu’il avait devant les yeux : Se tenant sur la colline, inflexible malgré les éléments se déchaînant, suivi par des centaines de silhouettes sombres et menaçantes et muni d’un sceptre luisant comme le haut de son corps d’une lueur spectrale, son troisième œil rivé sur celui qui l’avait vu.
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Ven 29 Mar - 13:30