Epreuve 3 • Harmonie {solo}

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Dim 25 Oct - 15:09
Avant toute chose :

Epreuve 3 • Harmonie {solo} 20070311493123907916901644
C'était un de ces matins où le jeune inventeur avait dormi dans l'appartement attendant à la clinique. L'opération de la veille avait duré plus longtemps que prévu, mais elle s'était bien terminée. (Il irait voir le patient dans la journée.)
Cela arrivait régulièrement. Suffisamment souvent, même, pour qu'il se soit permis d'amener quelques effets personnels dans la chambre d'amis afin de ne pas être pris au dépourvu. Il n'y stockait rien d'important, mais avait tout de même amené des affaires de toilette, des vêtements de rechange, et une table à dessin.

Assis au bord de son lit, Falun émergeait doucement. Il trouva à tâtons le chemin de la salle d'eau, et s'aspergea le visage. Cela suffit à lui renvoyer un reflet rayonnant. L'eau courante était un luxe dont il ne jouissait pas partout, mais ce matin il allait être en retard. Il se contenterait d'une toilette sommaire. Son œil fut attiré par le savon, qu'il  renifla. Mh. Violette. Il décida finalement que son hygiène corporelle était trop importante pour qu'il la néglige, même dans l'urgence.

Le rouquin attrapa dans la malle au pied du lit - placée là à son intention - une chemise, tout aussi froissée que les autres, et dont la couleur blanche faisait ressortir les faux plis. Il resserra sa ceinture d'un cran supplémentaire. Il avait encore maigri ? C'était difficile à croire car il paraissait en bonne santé, mais depuis sa propre intervention il n'avait jamais réussi à se remplumer. Il en était venu à être heureux de prendre du poids.
Portant la main à ses cheveux hirsutes, il s'affaira pour essayer - tant bien que mal - de les arranger sans peigne. Cela lui prit un moment, pourtant quand il se regarda dans le miroir, ses cheveux paraissaient aussi ébouriffés  qu'à son réveil. Sinon plus. Il haussa les épaules avec un petit sourire, goguenard, et prit la porte.

Le jeune homme traversa le couloir qui le séparait de la pièce à vivre d'un pas incertain. Lorsqu'il entra dans la cuisine, une voix joyeuse l'accueillit.


- Bonjour Monsieur tête en pétard !

Il leva la main pour protéger ses yeux du soleil, dont les rayons encore roses tombaient depuis la fenêtre orientée plein est. Clignant des paupières, il plaça sa main métallique devant sa bouche, sans vraiment chercher à retenir son bâillement.

- 'jour Rosy.

Avec ses yeux mi-clos, ébloui par le soleil matinal, il savait avoir l'air bien moins réveillé que l'image renvoyée par le miroir quelques minutes plus tôt. La lumière douce faisait naître des reflets presque mauves dans les cheveux noirs de Rosalie. Les yeux rieurs, elle tira une chaise pour lui.

- Installe-toi, j'ai préparé le petit déjeuner.
- Le prof' est déjà parti ?
- Oui, et heureusement pour toi !

Aymeric était un excellent médecin, un professeur exigeant mais juste, et un père attentionné. Il ne parlait jamais de son épouse, tout comme Rosy ne parlait jamais de sa mère. C'était elle qui assumait les devoirs de dame de la maison, et elle y parvenait à merveille. Aussi loin qu'il se souvienne, elle avait toujours repoussé les propositions du professeur d'engager un domestique. "C'est pour mon futur mari", plaisantait-elle. Cela laissait rêveur... Futur médecin très prometteur, la jeune fille était parfaitement épanouie. Et elle était folle de son père, tout comme lui fondait pour elle. Falun était vraiment heureux d'avoir été accepté dans cette famille.

L'étudiant posa une main molle sur sa cuillère et commença à manger distraitement. Revenue devant lui les mains sur les hanches, Rosalie darda sur lui un regard expressif, couleur lagon.


- Tu as de la chance, ce n'est pas lui qui enseigne à l'Académie ce matin.

C'était justement pour cela qu'il n'était pas réellement inquiet, et qu'il s'était autorisé ce retard et cette tenue, ô combien plus négligée que d'habitude.

Elle pointa un doigt accusateur sous son nez.

- Falun Kenholl, vous êtes incorrigible !

Il cligna des yeux.

- Regardez-moi ça...

Elle se plaça derrière lui, passant ses doigts dans les cheveux en broussaille, que la lumière en s'avivant, rendait flamboyants.
Continuant de manger en bougeant le moins possible, le jeune homme se laissa faire de bonne grâce alors qu'elle essayait d'arranger ses cheveux indisciplinés. Il la sentit soulever une mèche, plus longtemps que nécessaire. Il la devinait respirer l'odeur de la violette. C'était donc bien elle qui avait placé le savon dans la chambre.


- Quand te décideras-tu à utiliser un peigne ?

Il fixa son bol de muesli, et commença à séparer les fruits de l'avoine. Il n'avait pas l'habitude de chipoter avec la nourriture, mais cette fois était différente. Si elle le remarqua, elle n'en dit rien.

- Ca va, on peut se permettre d'être en retard.
- "On" ?

Elle opina.

- Je ne peux pas te laisser dans cet état. Tu serais capable de partir comme ça.

Il souriait. Avait-elle deviné ? Il était ponctuel, assidu, appliqué. Il était connu par son énergie débordante, pas pour être mollasson. Même s'il ne s'attardait pas sur son apparence, ce n'était pas dans son tempérament de manquer des cours. Mais il aimait se réveiller dans cette maison. Il aimait les matinées passées (seul) avec elle. Il aimait la taquiner sur les fruits qu'elle choisissait pour le muesli qu'elle préparait pour son père, pour lui. Il aimait son sourire et ses douces remontrances. Il aimait sentir ses doigts dans ses cheveux, tentant d'ordonner ses mèches rebelles, il aimait quand elle s'efforçait d'effacer les faux plis de sa chemise.

Il s'était réveillé avant l'aube. Et pétait la forme. Il ne se voyait pas lui avouer cette faute volontaire. Si elle ne l'avait pas déjà deviné, le saurait-elle un jour ? Elle y était habituée. C'était presque devenu un rituel. Lui-même n'était pas réellement conscient de ce que tout cela pouvait signifier. Et s'il lui disait tout ? S'il trouvait ce courage, cette force... ? Peut-être alors...

Quand serait la prochaine opération, déjà ?

Epreuve 3 • Harmonie {solo} 20070311493023907916901643
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Dim 25 Oct - 15:26
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C'était la première fois qu'ils voyaient une telle expression sur son visage. Le rouquin s'était assis directement au bar, sur un haut tabouret, et tournait le dos à l'assistance. Le silence s'était fait dans la taverne à son arrivée. Sans être un habitué, son visage était connu. Depuis bien plus longtemps que sa récente célébrité, il avait été présenté minot, pour avoir travaillé quelque temps comme aide sur les quais. Mais il ne venait que lorsqu'il était préoccupé, soucieux, ou faisait face à un problème quelconque.

Aujourd'hui personne ne lui posa de question. Tous savaient ce qui l'amenait là. Grâce aux crieurs des rues, même les illettrés n'avaient pu manquer au matin, la nouvelle qui se disputait les titres avec les compétitions de la Ligue. Le premier à briser le silence fut le taulier, qui s'approcha de son jeune client avec tact :


- Que veux-tu boire mon petit ?

Le jeune homme répondit avec une voix rauque qui ne lui ressemblait pas, comme morte.

- Un truc fort.

Il voulait se saouler. Vite et bien. Le tenancier comprenait cela. Par respect pour lui et son épreuve, même s'il n'en sentirait pas le goût, il débouchonna une bouteille de vieux rhum. Il entendit murmurer au sacrilège, mais s'en fichait. C'était sa cuvée.

Alors qu'il servait une triple dose, il observa son client. Il était éteint. Toute sa joie de vivre s'était comme envolée. Ce jeune ne semblait plus qu'une coquille vide. Le teint cireux, les lèvres exsangues, les cheveux rendus raides par le manque de soins tombaient sans panache sur ses yeux vitreux. Yeux qui paraissaient tous deux entièrement rouges. S'il en avait déjà deviné les reflets, il ne les avait jamais vus de cette couleur. Et ses veines éclatées, remplissaient la sclère de ses larmes retenues. De sa vie, jamais il n'avait pleuré.

Plus mort que vivant, il prit le verre d'une main absente, ne paraissant pas le voir. Le barman le resservit autant de fois qu'il le souhaitait. Il n'approuvait pas cette spirale, mais ne pouvait rien faire d'autre. Il avait déjà avalé plusieurs verres sans regarder personne, sans voir au-delà de sa propre main... sans que le rhum ne semble lui faire le moindre effet.
La bouteille était presque vide quand la porte de la taverne s'ouvrit à la volée.


- FALUN !

Le jeune homme ne répondit pas à l'appel sonore. Pourtant, il avait forcément reconnu la voix de son ami docker.

- ... On m'a dit que tu étais là.

Il ne réagit pas plus lorsque Marco vint lui donner une bourrade, sensée être amicale mais qui, accentuée par son manque de réaction et de volonté, manqua le faire tomber. L'homme le rattrapa de justesse. Et se rendit compte de son état. Ce qu'on lui avait raconté était bien en deçà de la réalité. Son jeune ami était au fond du gouffre, et y creusait sa tombe.

Le jeune homme, d'ordinaire si avide de contact humain, chercha à la repousser. Mais brisé par l'alcool et le chagrin, sa main était sans force. L'homme, bien plus massif que lui, força l'étreinte. Il serra le frêle jeune homme contre son torse, dans un geste très paternel que ses compagnons de beuverie ne lui avaient jamais connu.
Tout d'abord, il ne réagit pas. Le grand gaillard le berçait contre lui, comme un enfant qui n'arrive à se défaire de ses cauchemars. Longtemps... longtemps. Puis, comme un barrage qui cède, le garçon éclata en sanglots dans les bras de son vieil ami. Toute la culpabilité, la colère, le chagrin se déversèrent sur son visage, enfoui dans la chemise épaisse. Cela dura de longues minutes. Plus, peut-être.


- Promets-moi de redevenir le jeune matelot souriant que j'ai toujours connu.

Lentement, le jeune homme se dégagea de l'étreinte de son ami. Il avait reprit un peu de contenance, mais renifla comme un gamin avec la morve au nez. Il essuya ses larmes. Il savait qu'elles ne couleraient plus.

- Promis.

Il ne souriait pas. Pas encore. Mais Marco perçut la sincérité dans sa voix. Et son œil gauche avait retrouvé un fragment de l'étincelle qui l'habitait jusque là, qu'il avait vu éteinte. Cette vision rassura l'homme, qui avait craint avoir perdu cette âme pure et optimiste, noyée dans les flots du deuil et de la rancune.
Falun reviendrait. Il lui faudrait seulement du temps.

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