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Pyke, l’Éventreur des Abysses [Terminé]

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Pyke
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Jeu 11 Juin - 10:53
Pyke, l’Éventreur des Abysses [Terminé] Banner11
« Il y a de la place pour tout le monde au fond de la mer. »

Pyke, l’Éventreur des Abysses [Terminé] Avatar10
Personnage
• NOM : Pyke
TITRE/SURNOM : L'Éventreur des Abysses
LIEU DE NAISSANCE : Bilgewater
RÉSIDENCE : Bilgewater, quais-abattoirs
OCCUPATION : Éventrer
FACTION : Bilgewater

Joueur
PRENOM/PSEUDO : Sushi
ÂGE : 22 ans
COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? J'ai déposé ma hache de guerre Noxienne.
LIEUX DU RÈGLEMENT : Validé par Varus

PRÉSENCE, COMMENTAIRES : Tous les soirs, si possible.





Le portillon de bois s'ouvre dans un lourd grincement, laissant sortir un homme de la taverne. On peut entendre l'ambiance du bâtiment dans les alentours. La nuit, non loin des quais, les marins et habitants de Bilgewater s'adonnent aux délices de l'alcool, des jeux de cartes et de beuveries, se délectant des contes qui se narrent autour des tables. Cette soirée fut agréable, assez pour faire oublier les dangers qui rodent sur le port. Des brigands ? Sans doute. Des mercenaires prêts à tuer pour quelques pièces ? Probablement. Mais récemment, quelqu'un, ou quelque chose, terrorise les lieux. Son nom est inscrit sur tous les avis de recherche, une belle récompense à la clé : mille krakens d'or. On parle d'un homme, ou plutôt d'un fantôme, qui hante les docks de l'île à la recherche de Capitaine à décimer. "L'Eventreur des Abysses", comme on l'appelle. Personne ne sait vraiment à quoi il ressemble, et les quelques descriptifs de ceux l'ayant vu relèvent plus d'une légende floue que de la réalité. "Être Capitaine était naguère un motif de fierté; cela devenait une source de peur."

À cette pensée, l'homme ricane. Il n'a pas peur, et les histoires fantasmagoriques se racontent souvent lorsque la bière coule à flots, les ivrognes ont tendance à exagérer les moindres détails, vrai ou faux. Ses pas le mènent en direction de son navire, celui qu'il commande. Ses vêtements trahissent facilement son statut au sein de son équipage : un grand tricorne noir bordé d'un liseré d'or, une longue cape rouge, des couches de vêtements accompagnées de babioles dorées et de bijoux étincelants, un cimeterre accroché à la ceinture, un large tromblon à double canon à sa hanche.. Un Capitaine. Et il ne s'en cache pas. Sa main usée par le sel de la mer vient frotter sa barbe grisonnante, observant fièrement son voilier. Il soupire longuement, examinant les futures réparations qu'il devra réaliser avant de quitter le port.

Un son, tranchant avec le clapotement des vagues sur le bois, fait détourner son regard. Encore des ouvriers occupés à dépecer les carcasses marines arrivées un peu tard. Sûrement. Ses yeux se plissent, essayant d'apercevoir le travailleur à travers l'obscurité de la nuit. Il s'avance, sa démarche est chancelante, sa main se porte sur son arme à feu. On ne sait jamais. Un autre bruit, cette fois plus distinct, parvient à ses oreilles. La chair qui se rompt, puis quelque chose est jeté à la mer. Le Capitaine gronde, il est à quelques mètres de ce qui semble être un homme, seul.

-L'est tard pour graver ton butin ! Ta bestiole attendra demain, ça sert à rien de t'emmerder avec ça maintenant !

La voix rauque et quelque peu enjouée pour l'occasion résonne dans le port, mais n'obtient aucune réponse. Ses sourcils se froncent, ses yeux distinguent deux pupilles d'un bleu glaçant le fixer. Sa gorge se serre l'espace d'un instant, sa main empoigne son tromblon. La silhouette sombre se rapproche, ses pas sont lents, lourds, le Capitaine ressent les vibrations des planches de bois jusqu'à lui. Une odeur familière lui parvient aux narines : le sang. Pas l'arôme des charognes en putréfaction qui jonchent le quai, non. Un parfum de sang frais, de viande récemment découpée. Un gout métallique déferle dans sa bouche. Il ne sait pas à quoi s'attendre, mais celui qui s'avance vers lui n'a pas l'air commode. Il finit par s'emparer de son arme et la pointe en direction de l'inconnu. Un homme seul sur les quais, à cette heure-ci, n'est surement pas qu'un simple ouvrier. La carrure et la démarche de l'ombre ne lui laisse que peu de doute. Un sentiment étrange l'envahit, tandis qu'un souffle froid fait tressaillir ses bras dénudés.

-Restes là, toi ! Tu sais pas à qui t'as à faire !

Son ton est bien moins agréable qu'avant, plus sérieux, presque inquiet. Ce n'est pas la première fois qu'il rencontre des malfrats aux abords du quai, mais celui-là semble.. différent. Cette vermine a l'air trop sûre d'elle. La silhouette est imposante, l'obscurité rend l'homme flou, la brume de la mer accompagne les mouvements de son corps, comme si elle lui obéissait. Un pas, le brouillard se dissipe. Un pas, une flaque de sang éclabousse ses bottes. Un pas, un tintement métallique sonne. Des médaillons d'or brillent à la lumière de la lune. La seule chose qu'il peut voir à cette distance, en plus des yeux d'un bleu surnaturel rivés sur lui. À cette distance. Il est trop près. Le doigt sur la gâchette se crispe, faisant tirer une première balle de plomb en direction de l'homme, dans un fracas assourdissant. Le Capitaine ricane, mais son sourire se dissipe rapidement. Il ne l'a pas touché ? C'est une cible facile, l'autre était en plein dans sa ligne de mire. Mais il ne le voit plus. Il ne voit plus le corps qu'il a visé, seulement un nuage de brume disparaissant dans l'air. Ses dents grincent, ses yeux cherchent sa cible hâtivement. Un rire grave, comme un écho à son propre ricanement parvient à ses oreilles, dans son dos. Ce son ne lui appartient pas. Il se retourne brusquement, suivant le bruit. Le brouillard sombre se métamorphose en une personne, l'être sur qui il a fait feu. En le voyant, aussi proche, son sang se glace, ses jambes restent figées. Il est comme paralysé. Un instant, qui lui paraît de longues secondes, puis il réussit à reculer d'un pas, reprenant ses esprits.

-T'es qui putain ?! Qu'est-ce que tu m'veux ?!

Son tromblon se pointe à nouveau sur l'individu, mais cette fois, il ressent les poils de ses bras se hérisser. Il ne fait pas froid, pourtant. Son regard scrute rapidement la personne devant lui, bien que la situation ne s'y prête pas, mais il veut savoir à qui il a à faire. Seule la lueur de l'astre de la nuit éclaire vaguement son vis-à-vis, englobant le crâne noir et le visage parsemé de larges cicatrices qui lui fait face. La lumière se reflète sur une épaisse mâchoire d'os surplombant ses épaules, les crocs acérés de la mandibule sont recourbés vers l'intérieur, comme prêtent à dévorer son porteur. Un bandeau teinté de rouge cache le bas de son visage, des dents blanches de léviathan sont brodées dessus. Des yeux bleus glaçants le fixent, tranchant avec la luminosité ambiante. Ce regard lui ôte un frisson, remontant le long de sa colonne vertébrale. Le Capitaine n'a pas le temps d'examiner plus amplement l'homme, il le voit dégainer une arme. Une sorte de harpon. Du même genre qu'utilisent les chasseurs de monstres marins. Qu'est-ce qu'un harponneur fou là ? Et pourquoi il lui en voudrait ? Il ne comprend pas les raisons de l'autre, mais il est bien décidé à rester en vie. Il connaît les ravages que cette arme peut faire sur la chair. Un deuxième pas en arrière, et il tire à nouveau. Le chasseur de bête a habilement esquivé la balle, effleurant l'ossement autour de son cou.

-Laisse-moi ! J'vais t'buter si tu restes là !

Sa voix commence à trembler. Il avale sa salive, ne sachant que faire. La main empoignant son arme tressaillit, il ne parvient plus à viser correctement. Sa vision se trouble, il ressent les battements de son cœur s'accélérer, tambourinant puissamment dans sa cage thoracique. Sa gorge se serre, il doit prendre une décision. Rapidement. Il voit l'homme charger vers lui, harpon en main, la lame entaille vivement son bras. Le Capitaine n'a pas eu le temps d'esquiver, son agresseur est trop rapide, trop habile. Lui est figé sur place, ses jambes ne l'écoutent plus, elles sont comme des poids en plomb ancrés dans le sol. La douleur de la plaie le fait gronder, mais ses réflexes reprennent le dessus l'espace d'un instant. Il tente de viser, et tir à bout portant, les balles transpercent les planches de bois à leurs pieds. Un autre coup de poignard, sur la hanche. Il se retourne, mais n'arrive pas à suivre le mouvement. L'autre se déplace comme une anguille, il n'a le temps que d'apercevoir une cape, trouée et usée par la mer, accroché par une sorte de filet de pêche, avant de le perdre de vue. Ses yeux s'évertuent à ajuster ses coups de feu, mais rien n'y fait, il est trop lent, trop imprécis. À chaque pas qu'il fait pour se dégager de l'emprise de son assaillant, la lame d'os le remet à sa place. L'ombre rôde près de lui, tel un requin tournant autour de sa proie pétrifiée, arrachant quelques morceaux de chair à chaque passage.

Le sang du Capitaine gorge ses vêtements, coulant de ses nombreuses plaies ouvertes. Son souffle est court, sa respiration saccadée, ses bras tranchés ne parviennent plus à porter son arme. Une dernière lacération sur la cuisse finit de le mettre à terre, à genoux. Son ennemi le surplombe, les yeux bleus se posent sur lui, d'un air appréciateur. Le Capitaine ne voit rien de plus, il sait qu'il ne peut plus rien faire, que sa fin est proche.

-Vas-y, finissons-en ! Prend mon or, c'est ce que tu veux !

Il crache aux bottes de son tortionnaire, puis lance une bourse au sol. Les pièces de krakens s'étalent entre eux, elles scintillent à la lumière de la lune. Son regard se lance difficilement vers son agresseur. Il veut savoir qui il est, qu'il puisse le reconnaître pour venir le hanter quand il sera mort. Un déclique lui parvient, en l'observant. Les yeux bleus perçant, l'immense mâchoire d'os, le harpon aux dents acérées, le bandana rouge dissimulant en partie son visage.. Les légendes parlent d'un fantôme, qui se serait fait dévorer vivant par un squalacanthe. Un fantôme, revenu d'entre les abysses pour se venger de son équipage qui l'a abandonné. Un fantôme, décimant à tour de bras les Capitaines qu'il traque. Ce fantôme, c'est lui. L'éventreur des Abysses. Les yeux du Capitaine s'écarquillent, sa peau devient blanche, il ressent un long frisson dans son corps. L'harponneur s'avance d'un pas et pointe son arme entre les grands yeux ébahis.

-Donne-moi ton nom. Capitaine.

Quelques secondes passent sans le moindre mot, le temps pour lui d'essayer de reprendre ses esprits. Les lèvres tremblotantes, il parle difficilement.

-Capitaine Rosserouge ! Harold Rosserouge !


Pyke, l’Éventreur des Abysses [Terminé] Signa_13



-Capitaine Harold Rosserouge.

Pyke observe sa victime, savourant ce moment. L'effroi se lie sur le visage du Capitaine, il est paralysé comme un vulgaire poisson entouré d'un banc de requin affamé. L'éventreur inspire une grande bouffée d'air marin, l'odeur se mêle au sang frais et au parfum que dégage Harold. Le sang, la sueur, la peur.. Les vagues de l'océan percutent le quai, lui rappelant son devoir. Le divertissement arrive à sa fin, l'océan réclame son dû, tout comme les voix hurlantes dans son crâne.

Silence.. Bientôt, son cadavre rejoindra les abysses.

Sa main libre vient décrocher une lanière de cuir à sa ceinture, puis s'empare d'un morceau de papier froissé. Il détourne le regard pour lire les inscriptions, cherchant le nom qu'il lui a donné. Ses yeux scrutent, pas longtemps. Il est en haut de sa liste. Un Capitaine mérite d'être au sommet, faisant partie de ses cibles prioritaires. Harold Rosserouge. Son visage revient vers sa proie, tremblotante et tétanisée. L'autre attend sa sentence, il ne se débat plus. Dommage, c'était amusant. Mais, il ne veut pas en finir aussi rapidement. La mort sera longue et douloureuse. Il veut l'entendre agoniser, qu'il souffre au nom de tous les autres Capitaines. Ces hommes et femmes ne méritent que de crever, pour tous les torts qu'ils ont fait, envers leur équipage, et envers lui-même. Ils préfèrent sauver leur magot que leurs matelots. Égoïste, avide d'or. Ils se servent de la misère des autres pour arriver à leurs fins. Cela a toujours été le cas. C'est le Capitaine de son navire, La Terreur, qui a coupé son fil de sécurité. C'est un Capitaine qui l'a abandonné. C'est un Capitaine qui l'a laissé se faire bouffer vivant. Un Capitaine. Ses souvenirs flous s'entremêlent à ses émotions, la haine le dévore de l'intérieur. Mais il en est certain, cette fois. C'était un Capitaine. Le tricorne d'Harold accentue ses pensées. La scène se rejoue dans sa tête. Le tricorne, la barbe grisonnante, les yeux écarquillés de peur. Le fil de sécurité, coupé. Puis, des dents.

La liste se froisse sous la main qui ressert son emprise. La colère monte, accompagnée de ses souvenirs. Le fluide de ses veines ne fait qu'un tour, mais son visage reste impassible. Il s'empresse de ranger son document, manquant de le déchirer. Son regard se plante dans les yeux de sa victime. Pyke s'approche, se penche, puis empoigne la gorge d'Harold brusquement. Il le soulève, le décollant du sol. Le Capitaine tente de se débattre, beuglant quelques jurons, mais il n'a plus de force.

Pitoyable.

L'éventreur l'emporte vers le rebord du quai, laissant une large trainée de sang derrière lui. La mer a faim. Elle est agitée. Ses yeux bleus observent les vagues un instant, avant de regarder à nouveau sa victime. Capitaine Rosserouge.. Un sacré hasard de l'avoir retrouvé. Ou, pas vraiment. Le chasseur n'a eu qu'à rôder près des quais, le navire de sa proie était bien visible, de même que son équipage éparpillé dans les miteuses tavernes du coin. Un des rares Capitaines qui ne se cachent pas, les autres préfèrent se terrer dans la nuit comme des rats. Son arrogance l'a menée à sa mort, il l'a cherché. Il l'a mérité.

Tandis que les geignements du blessé se mêlent au bruissement du vent et de la mer, d'autres voix résonnent de plus belle dans sa tête. Les abysses l'ordonnent d'en finir. Des hurlements aussi puissants que le cri d'un léviathan à l'agonie. Pyke gronde intérieurement, il doit terminer le travail. Sa poigne maintient fermement le cou du Capitaine, puis il donne un mouvement ample du bras, jetant vigoureusement sa prise à l'eau. L'autre se retrouve à quelques mètres du ponton, parmi les squales affamés errant dans la mer à la recherche d'un repas. L'assassin n'a plus qu'à attendre et se délecter de la scène. Harold se débat, mélangeant son sang dans l'eau, il a encore la force d'essayer de nager jusqu'au rebord de bois. Un dernier souffle dû à l'adrénaline. Ce n'est qu'une question de temps avant que les bêtes arrivent. Pyke marche lentement sur les planches, observant sa proie patauger lamentablement jusqu'à lui. Son visage s'abaisse, remarquant une épaisse corde accrochée à un poteau d'amarrage. Un sourire malsain se dessine sur ses lèvres, cachées par son bandeau. D'un coup de pied, il pousse le cordage dans l'eau, donnant un soupçon d'espoir au Capitaine.

Malgré la panique, les larges mains ensanglantées parviennent à s'agripper au cordon de chanvre, s'empressant de se hisser vers la terre ferme. Les bras tremblotants et la fatigue de ses muscles s'accumule, il force, mais la remontée se fait lentement. Quelques mètres à parcourir, contre les vagues qui percutent son visage. De longs et éprouvants mètres. Il lance un coup d'œil derrière lui, les yeux grands ouverts d'effroi, pour constater les ailerons dépassant de la surface de la mer s'avancer vers lui. Harold porte son regard vers son agresseur, surement la dernière fois qu'il le verra. Il est piégé, entre les mâchoires de la mer et l'Éventreur des Abysses.

-Pitié ! Me laisse pas crever là putain !

Un grave ricanement lui servira de réponse. L'harponneur s'accroupi, près de la corde tendue, et fait glisser la lame de son arme sur le fil. La lueur bleue de ses yeux s'intensifie. Il savoure ce moment. Un premier requin vient déguster l'offrande, arrachant un morceau de chair de l'homme s'évertuant à rester en vie. Il hurle de souffrance, alors que d'autres bêtes commencent à s'agglutiner autour de lui, l'entraînant peu à peu sous l'eau. Mourir noyé ou dévoré vivant ? Dans les deux cas, sa fin sera lente et douloureuse. Le harpon tranche la corde d'un coup sec, laissant sa victime agoniser, sans moyen d'échapper à son funeste destin.

Quelques secondes passent, dans une frénésie sans pareil. Puis, plus rien. Le calme des vagues revient soudainement. Le Capitaine a rejoint l'océan. Pyke se redresse, sa main vient s'emparer de sa liste. Un nom de plus à rayer. Harold Rosserouge. Capitaine Rosserouge. Son regard scrute le document. Son nom était en haut de la liste. Un soupir s'échappe de ses lèvres. Il n'est plus inscrit. Il n'est plus de ce monde, de toute manière. L'éventreur avait bien vu le nom écrit, tout en haut du morceau de papier.

Peu importe. Il est mort. Un Capitaine de plus dans le ventre des abysses.

Des souvenirs envahissent ses pensées, puis, les voix grondent à nouveau. Elles réclament un autre sacrifice. La nuit est bien avancée, mais il reste encore assez de temps pour une nouvelle chasse. Un autre Capitaine. Une nouvelle victime. Une nouvelle âme pour les profondeurs.


Pyke, l’Éventreur des Abysses [Terminé] Signa_13



Je me souviens du jour où je suis mort.

La mer est agitée par les bourrasques de vent du Sud, les nuages noirs de pluie recouvrent le ciel, annonçant une tempête imminente. Cependant, la chasse du jour est trop importante pour retourner à quai et renoncer. Au menu du harponneur, une prise rare et valant sans aucun doute son pesant d'or : le squalacanthe. Ce n'est pas sa chair ou ses os qui rapportent le plus, non. Ce sont les organes à l'intérieur de la gueule de la bête, des poches d'huile céruléenne aux éclats bleus, recherchées dans tout Runeterra pour diverses distillations magiques. Pyke le sait, il devra plonger dans la mâchoire du monstre et déchiqueter le requin à vif. Ce n'est pas la première fois, et surement pas la dernière. Un travail dangereux contre des sacs remplis de kraken d'or. C'est la vie qu'il a choisie.

Les vagues s'écrasent lourdement contre la coque du navire, l'eau salée s'infiltre entre les planches, l'odeur de la pluie commence à embaumer ses narines. La traque se fait longue, et plus les heures défilent, plus leur chance de trouver la bête s'amoindrit. Des appâts sont jetés à la mer, espérant attirer leur proie. Des carcasses, du sang, des entrailles, tout ce qui peut allécher les monstres des abysses. L'embarcation se teinte de rouge, l'arôme de la viande s'imprègne dans le bois et, au final, c'est le bateau lui-même qui devient un appât géant.

Pyke se déplace sur les bords du voilier, scrutant les horizons à la recherche du moindre indice. C'est une traque, il ne suffit pas d'attendre bêtement que le squalacanthe se montre par miracle. Rien d'anormal parmi les flots, seuls quelques requins s'amassent près d'eux, attiré par la promesse d'un repas facile. Les gros poissons en entraînent d'autres, encore plus gros, mais toujours pas celui qu'il recherche. Son regard se porte un instant sur l'équipage qui l'entour, la plupart occupée à retirer l'eau qui menace d'alourdir le navire. Ils ont l'air nerveux. Ils connaissent les risques de cette chasse. Peu de bateaux sortent indemnes d'une attaque de squalacanthe, sans parler des harponneurs qui ne survivent généralement pas à la rencontre. Un palier à passer, une épreuve meurtrière qui n'effraie guère le chasseur de renom.

Le Capitaine du navire commande comme il peut son équipage, visiblement désorganisé. Les ordres sont donnés sans grande conviction, il a l'air aussi apeuré que ses matelots. Le goût du danger n'est pas dans ses habitudes. Un Capitaine sans expérience, c'est flagrant. Cependant, il sait qu'il pourra compter sur ses confrères braconniers. Eux, il les connait. Pyke peut leur faire confiance, et ils savent les techniques de chasse que Pyke utilise. À la manière traditionnelle des chasseurs des îles aux serpents. Un simple fil de sécurité accroché au harponneur, et ce dernier plonge pour déchiqueter à vif les organes les plus couteux de la bête, évitant ainsi de devoir déplacer une carcasse entière à travers l'océan et de gérer une telle prise au débarquement.

Un bruit interrompt ses pensées. Des remous dans l'eau, puis soudainement, un gigantesque monstre surgit de l'océan, non sans lâcher un hurlement strident à glacer le sang. Le squalacanthe se montre enfin, affamé et déterminé à attaquer le navire. Pyke prend les initiatives, il se déplace rapidement, harpon en main, vers la corde de sécurité pour s'en équiper. Ses collègues tirent leur lance-harpon pour maintenir la bête. Elle ne doit pas s'enfuir. Tandis que les lames se plantent entièrement dans la chair du poisson, le squalacanthe se débat, tirant lourdement sur le voilier. Les cordes sont solides, mais ne tiendront qu'un certain temps. Il ne faut que quelques secondes avant que Pyke ne se jette à l'eau, sans hésitation, en direction du monstre. Celui-ci est bien plus gros que tout ce qu'il a pu voir lors de ses précédentes chasses. La gueule remplie de dents acérées pourrait scinder le bateau en deux, mais l'animal est plus occupé à se débattre des harpons qui le transpercent plutôt qu'à tenter de dévorer l'embarcation. Tant mieux.

Un bond, arme en main, pointée vers la profonde mâchoire qui s'ouvre à lui. La manœuvre est risquée, mais Pyke n'a pas peur, il sait ce qu'il doit faire et comment s'échapper des dents de scie en restant en vie. Les flèches de fer ancrées dans le squalacanthe tiennent bon, tandis que l'harponneur commence son travail. Les organes contenant les fluides précieux sont tranchés à vif, tandis que le monstre lutte pour s'échapper de l'emprise des chasseurs. Le sang se mêle à l'océan, tandis que l'homme dans la gueule se fait malmener par les vagues et les mouvements de la bête. Lorsque la mâchoire se ferme, engloutissant une large quantité d'eau salée, Pyke retient sa respiration et continu de dépecer minutieusement la chair. Quand elle s'ouvre, il reprend une bouffée d'air, profitant du moindre instant de répit pour jeter un coup d'œil à l'état du navire et de l'équipage. Le dépeçage est long, fastidieux. L'animal est plus grand que prévu, mais la quantité de poches bleutées qu'il perçoit ne fait qu'accentuer son envie de continuer. Plus il reste entre les dents, plus il risque sa vie. Plus il reste, plus il pourra remonter avec une grande quantité de fluide. Plus il reste, plus la paie sera conséquente.

La force du requin titanesque parvient à faire tanguer le navire, mais ce n'est pas assez pour qu'il puisse s'échapper des crochets. De puissantes vibrations se font ressentir, au plus profond du corps du squalacanthe. Un instant, puis un gigantesque tourbillon d'eau recrachée par le monstre vient transpercer le navire tel une lame de fond. Pyke est sonné, s'étant pris l'onde de choc en pleine face, mais reprend ses esprits rapidement. Il voit, au loin, le Capitaine. Ses mains agrippant fermement son filin de sécurité. Le commandant doute. Ses yeux s'écarquillent de peur. Ses bras tremblent. Il ne veut pas crever ici. Pourtant, la chasse avait bien commencée. Pourquoi douter maintenant ?

Le Capitaine sort son cimeterre, il n'hésite pas une seconde. Alors que l'harponneur est encore entre les dents de la bête, son fil de sécurité se voit coupé. L'homme aux commandes hurle à ses chasseurs de laisser partir le squalacanthe. Certains hésitent, puis s'aperçoivent du navire chavirant au grès des secousses et des vagues. Ils se rendent compte de la puissance du requin et du risque qu'ils encourent. Le squale pourrait renverser le bateau en un coup de nageoire et engloutir tous les marins. Ils ont peur pour leur vie. Les harpons se rétractent, laissant le monstre libre de ses mouvements. Pyke voit la scène se dérouler devant ses yeux. Ils l'abandonnent. Tous.

..Et ceux qui m'ont trahi.

Son regard se plante dans celui du Capitaine. Il ne l'oubliera pas. Jamais. Les yeux marrons sales, écarquillés de peur à la vue du monstre. Les mains rêches et cornées tenant son filin de sécurité. Puis, la corde coupée.
Tout se passe si vite, pourtant le temps semble s'arrêter à cet instant. La mâchoire se referme sur lui, des dents bordent sa vision, l'obscurité est soudaine. Par réflexe, Pyke plante son harpon dans la joue du requin, lui ôtant un cri résonnant depuis sa gorge. L'eau remplit rapidement la cavité, le chasseur se maintient vigoureusement à son arme. Il doit réfléchir, vite, avant de mourir noyé. Les secousses dues à l'agitation du monstre n'aident en rien, l'homme est bousculé contre les dents affûtées comme des couteaux de boucher. Plusieurs lacérations, sur son corps, son crâne. Sa survit ne tient qu'à un fil. Non, plus maintenant. Il n'a plus de fil de sécurité. Il va crever ici. À cause de son équipage. À cause des décisions de son Capitaine. À cause du Capitaine.

L'oxygène manque, peu à peu. La bête l'entraîne dans les profondeurs de l'océan, Pyke ressent les changements de pressions à une vitesse fulgurante. Ses oreilles se bouchent, ses poumons se compriment. Les muscles de ses bras se crispent, son emprise sur le manche du harpon glisse, entre la sueur et la salive. La fin est proche, mais paniquer ne rendra la mort que plus douloureuse.

Des lueurs bleutées attirent son regard, au-dessus de lui. L'éclat des fluides précieux qu'il venait chercher. Elles brillent. Des milliers de points bleus, ressemblant à des yeux qui l'observent, derniers témoins de sa mort.

La pression devient insoutenable. Son corps le pousse à prendre une respiration, par réflexe de survit. L'eau s'infiltre dans sa bouche, ses poumons. Chaque gorgée avalée est un supplice. Le sel brûle ses bronches, sa vision se trouble. Il endure cette longue agonie, ses cris de détresse sont étouffés par l'eau. Pyke lâche son arme, encore planté dans la gueule qui deviendra sa tombe. Il glisse le long de la langue, mais son corps vient s'empaler dans une dizaine de dents à l'intérieur de la gorge du monstre. Il ressent ses organes internes exploser, se percer. Ses yeux parviennent à regarder une dernière fois au-dessus de lui. Les milliers d'yeux bleus le fixent. Ils semblent l'appeler. La dernière chose qu'il voit, avant de s'évanouir définitivement.

Un son, différent des grondements du squalacanthe, parvient à ses oreilles. Des échos qu'il n'a jamais entendus. Un chant antique. Mystérieux. Inconnu. La mélodie remplit son cerveau, son esprit. Des visions se jouent dans son crâne. Il revoit tout ce qu'il a perdu. Tous ceux qui l'ont trahi. Abandonné. Le Capitaine. L'équipage. Ceux qui se sont joués de lui. Les hommes et femmes qui s'engraissent sur le dos des chasseurs comme lui. C'est à cause d'eux, qu'il en est là. C'est de leur faute, qu'il est mort.

Une sensation nouvelle l'envahit. Ses blessures cessent de le faire souffrir, le fluide de ses veines continu de parcourir son corps, ses muscles reviennent à la normale. Pourtant, il ne vit plus. Son cœur ne fonctionne plus. Ses poumons sont transpercés. Pourquoi ressent-il encore des émotions ? Une émotion, en particulier. La haine.

Ses yeux s'ouvrent enfin. L'obscurité des abysses l'entour. Mais il n'y a plus de dents. Plus de mâchoire refermée sur lui. Pyke est seul, flottant dans le vide des profondeurs. Son corps ne réclame plus d'oxygène. Ses plaies ne saignent plus. Il regarde au-dessus de lui, le noir. Sous lui, noir également. Il n'y a ni haut, ni bas, à cette profondeur. Uniquement du noir. Quelques lueurs parsemées parviennent à se frayer un chemin dans les eaux sombres, les yeux des monstres abyssaux. Les créatures nagent non loin de lui, semblant lui montrer la voie vers la surface. L'harponneur n'hésite pas, et entame une longue remontée. Des léviathans l'accompagnent, créant des courants marins à la seule force de leurs nageoires.

Les hurlements des bêtes sonnent tout autour de lui, mais quelque chose de différent s'empare de son esprit. D'autres hurlements, encore plus terrifiants, résonnent dans sa tête. Ces voix lui parlent. Les abysses lui donnent des ordres. La colère monte à nouveau dans son corps. Une nouvelle faim s'empare de lui. Plus il voit la mer s'éclaircir au-dessus de lui, plus sa haine s'intensifie. Le désir de vengeance. L'envie de tuer. Massacrer. Eventrer. Il se souvient du visage de son Capitaine, et de tout l'équipage. Tous ceux qui l'ont mené à sa mort. Le navire, aux voiles noires et déchiquetées. La Terreur. Il les retrouvera. Et ils paieront tous le prix de leur trahison.

Oui.. Je les vois. Je vois le visage de tous ceux qui étaient là.

Plusieurs jours, peut-être des mois entiers. Pyke ne se souvient pas du temps qu'il a passé en mer, et ça lui importe peu. De retour sur la terre ferme de Bilgewater, sa patience n'est plus. À présent, il a un devoir à accomplir. Une longue vengeance à assouvir. Une soif de sang à étancher. Les premières victimes de sa haine sont les membres de l'équipage de la Terreur. Eux, ils sont en premier sur la liste. Une liste. Ses souvenirs commencent à se dissiper, et voulant être sûr d'éliminer tous l'équipage de ce maudit navire, Pyke a inscrit le nom de chaque personne sur une liste. Il n'a plus qu'à les rayer une fois le travail terminé.

La mort du harponneur n'a pas fait beaucoup de bruit sur l'île, le métier est réputé pour être dangereux. Cependant, les meurtres du chasseur commencent à inquiéter les habitants, et plus particulièrement les Capitaines. Sa proie favorite. Ces derniers sont retrouvés éventrés, éviscérés à l'aube. Les assassinats sont courants dans la région, mais la façon dont la mort est donnée et l'arme utilisée pour les crimes ne laissent aucun doute qu'il s'agit du même meurtrier.

Les avis de recherches voient un nouveau nom apparaître. Au fil des jours et des mois, le nom grimpe sur les écriteaux, jusqu'à atteindre le sommet de l'affiche. Mille krakens d'or de récompense pour l'Eventreur des abysses. Bien plus chère qu'un banc de squalacanthe réuni.

"Bilgewater, la ville des chasseurs de monstres, est devenue le terrain de chasse d'un monstre. Et Pyke n'a aucune intention de s'arrêter."


Pyke, l’Éventreur des Abysses [Terminé] Signa_13


La Ligue. Pyke ne sait pas vraiment comment il s'est retrouvé là, ni pourquoi. Peut-être que les invocateurs ont pris connaissance de ses assassinats, peut-être qu'ils pensent pouvoir contrôler ce nouveau fléau qui submerge Bilgewater. Peu importe.
Et bien que l'épreuve du Jugement n'est pas été des plus agréables, l'harponneur a conquis les invocateurs, même si ce n'était pas son but. De leur côté, les puissants mages ont réussi à dompter le meurtrier, d'une certaine façon. Ils pensent surement avoir un allié de taille dans leurs rangs, ils ne l'ont pas choisi au hasard, après tout. Pyke se fiche éperdument des complots et des divergences politiques qu'il y a autour de lui et du royaume. Son envie de rester dans la Ligue est simple : tuer. Tuer tous ceux qui se trouvent face à lui dans la Faille. Un entraînement, un divertissement et un moyen d'assouvir son désir de sang. Un défouloir, en quelque sorte. Il sait également qu'il aura l'occasion de se confronter à certains Capitaines dans ce nouveau terrain de chasse. Bientôt. Ce n'est qu'une question de temps, avant que le sang coule à nouveau dans la rivière.



Toi.. Je te reconnais, toi.



Pyke
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Varus
Le Dernier Gardien
~ Papi Varus ~
Varus
Varus
Le Dernier Gardien ~ Papi Varus ~
Dim 21 Juin - 17:19
Allez, on enchaîne ! /pan Eek

En toute honnêteté, aussi longue que soit ta fiche, la lecture s'est faite toute seule. La description physique et mentale scénarisée, restant dans la continuité l'une de l'autre mais avec un changement de point de vue entre les deux, est franchement bien amenée.
L'histoire développe un évènement que l'on connait déjà (avec des petites citations du lore original plutôt bien placées), mais pousse la réflexion de Pyke plus loin, ce qui permet d'imaginer un peu mieux comment le personnage pourra évoluer dans notre contexte.
La réflexion sur la Ligue est présente, et amplement suffisante pour comprendre la place que Pyke y occupe. (Le Jugement, désagréable ? Mais qui a dit ça... Paranoid )

Bref !
Sans plus de suspense, je t'annonce que ce nouveau personnage est validé, et remplace à ta demande Darius, dont la fiche sera donc archivée.
En espérant que le harponneur t'inspire plein de nouvelles aventures... !
Varus
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