Talon~~La Lame Sombre~~

Comment décrire une ombre ? Très bonne question. En temps normal vous ne verrez jamais mon visage. Une cape et puis le néant : un voile de ténèbres. Mais si vous avez la chance d'entre apercevoir mon visage un jour, vous serez face à un homme assez grand, une longue crinière brune descendant le long de son dos. Des yeux aussi sombres que la nuit. Un visage n'arborant jamais le sourire. Des traits fins, digne d'un jeune homme, et pourtant endurcis par des années à vivre dans les rues de Noxus. Un corps musclé par d'innombrables affrontements.

Je ne porte pas d'armure, rien qu'une cape et une capuche recouvrant mon visage. Une armure me priverait de ma liberté. Je dois pouvoir me mouvoir rapidement, prêt à chaque instant à asséner le coup fatal. Ne laissant aucun instant de répit à mon adversaire, subissant le courroux de mes lames dans la nuit. Ma cape déchirée ressemble à plusieurs lames, faisant ainsi croire à mon adversaire qu'une pluie mortelle s'abat sur lui.

Je ne vous décrirais pas tout mon attirail, que ce soit mes couteaux ou autres lames. Mais je ferais une exception pour celle dont je ne me sépare jamais. Une lame attachée, fixée, fusionnée à mon bras droit. Une longue lame en argent, faite par les meilleurs forgerons de Noxus, parfaite en matière de meurtre. Joyau que la faucheuse elle-même jalouserait. Son éclat argenté brille au plus profond de la noirceur de Noxus, éclairant d'une obscure clarté le visage apeuré de ma prochaine victime.  

Je suis une arme. Je n’ai pas de but, pas d'avenir, pas de rêve. Jamais je n'ai eu de famille, pas plus que je n'ai eu l’occasion d'éprouver un quelconque sentiment. Je ne suis qu'une coque vide, une lame dans la nuit, compagnon de la faucheuse. La rue est ma compagne et la nuit est ma mère. Je ne chéris qu'une seule chose, la liberté et la force. Je ne me soumettrai jamais au faible, tuant impitoyablement ceux qui seraient assez fous pour me défier. Je ne me bats pas pour l'argent. Je me bats pour survivre. Pour survivre dans ces rues il n'y a pas d'autre moyen. Se battre pour l'argent, se battre pour gagner le droit de vivre. Je n'ai connu que le combat et nul ne pourra me l'arracher. Ancré au plus profond de mon âme, seule manière d'exister à mes yeux. Je n'ai qu'une seule règle, survivre à tout prix, peu importe le danger, peu importe leur nombre. Du moment que ma lame est avec moi, je ne craindrais rien ni personne.

Je ne connais que deux personnes dignes d'intérêt dans ce bas monde. Le général Du Couteau en est l'une d'elles. Je le respecte comme un soldat respecte son supérieur. Car il m'est supérieur. Il est le seul à m'avoir jamais battu. C'est grâce à lui que j'ai connu la joie d'éprouver un défi. La joie de vouloir le surpasser. Être prêt à tout pour pouvoir un jour le battre. Et c'est pour cette raison que je le recherche, même si il a disparu, je ferais tout pour retrouver l'homme qui m'a donné un but, un idéal. Je le retrouverai et je le battrai un jour, devenant ainsi la plus fine lame que Noxus n'ait jamais eue.

La deuxième personne qui mérite un temps soit peut mon respect n'est autre que la fille du général Du Couteau, Katarina. Entraînée par son père, elle est devenue l'une des dames de Noxus les plus adroites qu'il m'ait été donné de connaître. Nous nous sommes souvent entraîné ensemble et je dois avouer que je garde de bons souvenirs de ces affrontements. Elle ne surpasse pas encore son père en Talent mais de par son sang et son adresse, elle possède des qualités indéniables en tant qu'assassin. Par respect pour mon maître, je garde encore un œil sur elle, m'assurant qu'aucun mal ne lui soit fait. Ceux qui s'attaquent à la famille Du Couteau s’attaquent directement à moi. J'ai faits le serment de le servir lui et sa famille et jamais je ne faillirai à mon devoir.

« Vivre et Mourir par la lame »

Test RP qui a lieu avant la disparition du général Du Couteau.

Un bar sombre, à peine éclairé par de légères bougies ici et là. Une agitation ambiante régnait autour de moi. Tout ce bruit me donner mal à la tête, je préfère les lieux calmes et isolés. Mais je n'avais pas le choix, je n'allais pas tarder à recevoir une mission importante, le genre de mission que l'on ne peut pas refuser. Un homme recouvert d'une cape, le visage soigneusement dissimulé par une capuche, se posa à mes côtés, dans un des coins le plus sombre de la pièce. Pour s'asseoir volontairement prêt de moi il faut soit être fou soit avoir quelque chose à me proposer. L'inconnu ne tarda pas à prendre la parole :

-J'ai un travail pour toi.

Je l'ai reconnu sur le coup, la voix du général. Je ne pouvais me tromper, ce n'est pas le genre de chose que j'étais prêt à oublier à la légère, je me souviendrai longtemps du seul homme à m'avoir battu dans un duel. J'étais toutefois surpris de le voir en personne. Il ne vient jamais me proposer un boulot personnellement. Il passe toujours par un intermédiaire. Le voir ici, en personne, ne pouvait signifier qu'une seule chose, il avait un travail plus qu'important pour moi. Le genre de mission où l'échec n'est pas envisageable.

-Général ? Que faites-vous ici ?

Il resta un instant silencieux ne sachant pas s'il devait répondre ou non à cette question, après un instant d'hésitation, il brisa le silence :

-Je suppose que je n'ai pas besoin de te rappeler que cette mission est d'une extrême importance.

J'ai hoché la tête en signe d'approbation, j'avais bien compris que ce travail n'était pas à prendre à la légère.

-Bien, la cible n'est rien d'autre que le commandant Dardden. Il dirige une petite unité plus que compétente, néanmoins, il ne semble plus être digne d'occuper ce poste. Il se croit fort mais en réalité ce n'est qu'un idiot imbu de sa personne.

-Il vous a défié ?

-Occupes-toi de lui vite et bien.

Sur ces mots, il se leva et s'échappa de ce bar d'un pas rapide. Je n'ai pas pu m'empêcher de soupirer. Cet homme ne semble pas être digne de ma lame, mais si le général l'avait ordonné, je n'avais pas le choix, autant dire que ce travail ne m’enchante guère.  Les faibles ne méritent pas de mourir par ma main. J'allais en finir avec cette histoire aussi vite que possible. Vite et bien comme l'a dit le général, comme d'habitude.

Sur ce, j'ai moi-même suivi le chemin de la sortie d'un pas rapide. Rejoignant les sombres rues de Noxus. Je me sentais chez moi au milieu de toute cette obscurité. Elle me protège, elle s'assure que mon adversaire ne se doute de rien jusqu'à la fin. J'ai passé toute ma vie dans ces ruelles. Je les connais comme moi-même. Il ne me fallut que très peu de temps pour rejoindre le quartier général de l'armée.

Je me devais d'agir discrètement, il ne fallait pas attirer l'attention des soldats. Le général m'avait ordonné d'exécuter leur commandant et non toute l'armée, non pas que l'idée me déplaisait mais il valait mieux agir selon les ordres. Ce n'était pas le moment de me faire remarquer donc. Rien de plus facile en outre. Grâce à l'obscurité ambiante, je suis grimpé sur le mur, escaladant avec agilité la paroi abrupte du bâtiment. Jetant un rapide coup d’œil aux fenêtres que je traversai.

J'ai repéré ma cible à la plus haute chambre du baraquement. Il était assis à son bureau, écrivant des lettres. Il ne se doutait de rien. Forte heureusement, la fenêtre était ouverte, rare sont les gens qui la laissent de la sorte, dans une telle ville, il valait mieux toujours garder un œil dans son dos. Je suis donc rentré tel un félin, sans un bruit. Dès que mes pieds touchèrent le sol, j'ai plongé sur ma cible. Cette dernière évita ma lame au dernier instant se relevant brusquement. J'ai été surpris pendant une fraction de seconde mais ce ne fut que de courte durée, j'ai tout de suite changé la trajectoire de ma lame. Mon adversaire n'était pas disposé à mourir sans riposter, il se défendit vaillamment, il n'était pas mauvais, je devais l'admettre, il se débrouillait bien avec une épée. Mais je n'avais pas de temps à perdre. Il fallait en finir. J'ai attrapé mes couteaux dissimulés sous ma cape et je les ai lancé en arc de cercle tout autour de moi. Le commandant les esquiva tant bien que mal. Toutefois, les couteaux n'étaient qu'un leurre, je me suis glissé dans le dos de mon adversaire en lui tranchant d'un coup sec la gorge. Ce dernier retomba lourdement au sol, stoppant ainsi toute résistance. En bout de course, mes lames finissent toujours par trouver le chemin vers votre cœur. J'ai sauté par la fenêtre repartant par le même chemin, ne laissant dernière moi qu'un cadavre sans vie.

J'ai pris le chemin vers la demeure des Du Couteau. J'avais un rapport à faire. Leur demeure est immense, sombre et magnifique à la fois. Le style gothique du bâtiment était en parfaite harmonie avec l'obscurité de la ville. Les longs couloirs vident de toute âme qui vive m'étaient appréciables. J'aimais la solitude qu'offrait cet endroit. J'ai traversé d'un pas rapide ces couloirs, avant de m'extasier face à l'architecture des lieux j'avais d'abord un compte à rendre. J'étais presque arrivé au bureau du général lorsque la porte s'ouvrit violemment. Une silhouette fine s'élança entre les deux battants qui venaient de s'ouvrir. Je n'ai eu aucun mal à reconnaître Katarina, ses longs cheveux rouges dansant en harmonie avec sa démarche rapide. Elle passa près de moi sans un dire un mot, sans même prêter attention à ma présence. Sûrement une discussion animée avec son père. Quoi qu'il en soit cela ne me regardait nullement. Je me suis faufilé entre les deux battants de la porte avant qu'elle ne se referme.  À peine ai-je posé un pied à l'intérieur que le général s'adressa à moi, les yeux rivés vers la fenêtre.

-Je t'attendais Talon.

-Vous m'avez entendu rentrer ? Je dois me rouiller…

-Ne te lasse jamais de l’entraînement, ceux qui se complaisent dans leur talent finissent tous de la même manière, en cadavre au fond d'un des caniveaux sale de cette ville.

J'ai légèrement hoché la tête pour lui faire comprendre que j'étais d'accord avec ce qu'il me disait. Je n'avais pas l'intention d'arrêter le combat. C'était toute ma vie. Je ne pouvais pas imaginer une vie sans affrontement. Je suis née pour me battre, sans combat, ma vie n'aurait pas de sens.

-Il est mort je suppose ?

-Je n'ai laissé qu'un cadavre derrière moi.  

-Tu as eu des difficultés à en finir avec lui ?

-Il ne m'a offert que sa faiblesse.

Un sourire s'étira sur le visage du général:

-Je n'en attendais pas moins de toi, tu as faits du bon travail. Tu peux disposer, la bourse est sur la table du fond, à côté de la porte. Prends-la en partant.

Je me suis retourné sans rien ajouter, en passant près de la porte j'ai pris mon dû, une bourse d'or. Je m’apprêtais à sortir de la pièce lorsque Du Couteau ajouta :

-Talon, n'oublie pas que seuls les idiots vouent leur vie à l'honneur.

Ce fut les derniers mots que j'ai eu du général. Après ce jour-là, je ne l'ai plus jamais revu. Il a tout bonnement disparu. Depuis, mes lames ne servent personne. Chaque contrat n'est qu'un cadavre de plus pour la morgue.