Texte solo : MANIFESTATION Dimanche 25 octobre (de 00h01 à 23h59)
Illumination, révélation, vision ou encore prophétie. Bien des mots qui pourraient caractériser ce qui vient de vous arriver mais qui, pourtant, ne retranscriront jamais exactement ce que vous avez vécu...
Que vous y croyez ou non, il n'y a aucun doute sur le fait qu'une entité surnaturelle et probablement supérieure soit venue ici pour communiquer avec vous. Qui est-elle ? Pourquoi vous avoir choisi ? Que vous veut elle ?
Rappel ○ Texte solo :
Comme son nom l'indique, pour cette épreuve vous serez seul. Vous devrez rédiger un texte de 1500 mots au maximum en suivant le thème de l'épreuve choisie, dans un laps de temps de 24h.
En supplément :
• Si vous ne souhaitez pas de commentaire, n'oubliez pas de le mentionner. • Les mises en forme sont autorisées, mais privilégiez la lisibilité ! • A propos de mise en forme, vous pouvez mettre un joli avatar en utilisant le code de transformation ! (Et le sujet est là pour faire des essais au préalable ! )
○ N'oubliez pas de faire une petite mise en contexte (univers / personnage) au début de votre post. (En spoiler, c'est bien.) Ainsi qu'un avertissement si vous constatez que votre post contient une certaine violence. ○
Maître de Jeu
Hisao Tenma [KHS]
Invité
Hisao Tenma [KHS]
Dim 25 Oct - 17:45
Contexte du forum:
Kobe High School a un contexte réaliste school life qui se passe au Japon en 2016 dans la ville de Kobe. Le lycée et l'université (situés sur le même campus) sont de renommée internationale, la culture japonaise se mêle donc aux cultures des autres pays via les différentes nationalités présentes sur le campus. Le slogan de l'université de Kobe ? Faire naître le meilleur en chacun de nous !
Hisao, qui es-tu ?:
Hisao Tenma est le psychologue scolaire de Kobe High School. Il est né à Hirakata dans un famille abusive, à la matriarche manipulatrice, qui a d'abord foutu son grand-frère Hikaru dehors, avant de faire de même avec lui lorsque sa petite amie de l'époque Minami Kakegawa a donné naissance à Kana après avoir fait un déni de grossesse. Cette dernière rejetant l'enfant, Hisao se retrouve sans sa famille et sans la mère de sa fille avec un bébé dans les bras. Après deux ans de galère, son frère parti en France lui tend la main et l'aide à s'en sortir avec sa fille. Il vit en France pendant quatorze ans et c'est à 36 ans qu'il revient au Japon quand sa fille lui dit qu'elle veut découvrir le pays où elle est née.
Infiniment réservé et discret, l'on aurait tendance à croire que Hisao a terriblement mal choisi son travail. Ce serait sans compter sur sa nature profondément empathique et son oreille très attentive qui compensent sa maladresse sociale. Même s'il en donne l'air, Hisao ne déteste pas les gens autour de lui—loin de là, bien au contraire. Son enfance a fait de lui quelqu'un de très effacé et il fait continuellement des efforts pour se relever de cette éducation qui l'a rendu beaucoup trop timide pour son propre bien.
Word affiche 1457 mots au compteur. Hisao parle en vert.
Le temps s’était arrêté.
« Comment pourrais-tu le savoir ? », lui demanderait-on et Hisao ne saurait pas répondre. Mais il le sentait au plus profond de ses entrailles. Minami ne fredonnait plus. Son regard – alors si vivant, si doux, si haut en couleurs – était figé quelque-part sur la frise chronologique. Le néon de la salle de bain ne clignotait plus. Ce fut quand la panique s’empara définitivement de lui qu’il—
« Hisao Tenma… » Un violent sursaut le sortit de sa torpeur, et lorsqu’il se retourna—elle était là. Il n’avait pas la moindre idée de qui elle était, mais en croisant l’iris ambré de ses yeux dans lequel il put lire l’éternité, Hisao eut l’impression de l’avoir toujours connue. « Tu me remets ? »
Tsukuyomi-sama. Divinité de la Lune, de la Nuit, dont les cycles incarnaient l’inéluctable : L’écoulement du temps. Comment était-il capable de se souvenir d’elle alors même qu’il ne l’avait pourtant jamais rencontrée ? Qu’il n’avait pris aucun enseignement religieux à cœur ?
Les mots n’étaient pas suffisamment forts pour décrire la scène qui s’offrait à lui. Sa présence était si naturelle et si légère qu’elle n’affola pas son cœur timide. Tsukuyomi-sama dégageait quelque-chose d’incroyablement beau et rassurant. Cette visite n’avait rien d’anodin et même s’il en ignorait la teneur, son esprit apaisé était comme inévitablement préparé au destin qu’elle lui réservait.
« Mon enfant, si je suis là devant toi aujourd’hui, c’est parce que je veux t’offrir le don de choisir », il peina à intégrer les mots qu’elle murmura. Sa voix était si basse, mais Hisao avait l’impression de l’entendre partout autour de lui, vibrante entre les murs carrelés de la petite salle de bain. « Lorsque tu passeras le pas de cette porte, ton destin changera à tout jamais et sera bouleversé, alors que tu t’engageras contre ta volonté sur un chemin dont la douleur n’aura d’égal que le bonheur qu’il te réservera à son terme. »
Ses yeux se plissèrent, cherchant des double-sens là où il n’y en avait pas alors qu’il essayait de comprendre à quel sort Tsukuyomi-sama essayait-elle de le préparer. Elle lui tendit sa main dans un geste fluide et comme éthéré. Sa peau suintait d’une poussière qui s’évaporait dans l’air et répandait une fumée claire et opaque autour d’elle. Il posa délicatement ses doigts au creux de cette dernière et sa paume fut si douce qu’il s’inquiéta à l’idée de la briser, que de ses mains rudes et larges il marque le lait étincelant de son teint.
Mais sa sérénité ne dura pas. La réalité se distordit en un cataplasme de sensations autour de lui ; Tsukuyomi-sama l’abandonna à lui-même et le décor agressif submergea chacun ses sens. Sa vue lui confia la vision d’un hôpital. Son ouïe le perdit dans une cacophonie de hurlements et de pleurs. Son odorat s’éreinta dans l’effluve chimique de désinfectant. Son goût n’avait plus que l’amertume pour survivre. Mais le clou du spectacle était cette main fine qui s’accrochait à la sienne et qui avait remplacé la précédente. Celle-ci, il en connaissait les caresses, y avait entremêlé ses doigts tant de fois… Minami…
Et lorsqu’il comprit avec horreur que c’était dans une maternité qu’il se trouvait, que c’était de ses hurlements et de ses pleurs qu’il s’agissait, que si sa main serrait si fort la sienne c’était parce qu’elle était en train d’accoucher… Réprimer le réflexe viscéral qui suivit ses violentes nausées fut un véritable défi, notamment lorsque le monde se déforma de nouveau et qu’il abandonna la femme qu’il aimait au néant dans un souffle de désespoir. Il se retrouva de nouveau face à Tsukuyomi-sama, dans un couloir sans fin, au sol et aux murs si blancs qu’ils l’en aveuglèrent.
« Tu l’appelleras Kana », je ne peux pas laisser cette enfant naître. « Tu essayeras de lutter les premiers jours, mais il sera déjà trop tard : Tu l’aimeras comme tu n’as jamais aimé auparavant. Elle deviendra ton tout, ta seule raison de vivre et de persister dans ce monde qui te blessera », tu te trompes, je n’ai jamais voulu d’elle, je ne peux pas l’aimer comme tu le prétends. « Tu ne l’auras jamais désirée et pourtant, elle sera celle qui t’a toujours manquée dans ta vie. La pièce manquante de ce puzzle que tu n’étais jamais parvenu à finir », un parasite, une nuisance, un problème. « Ta famille ne l’acceptera pas. Mais tu trouveras le courage de lever ta volonté à leur encontre, de te faire entendre après tant d’années passées dans le silence », je ne ferais jamais passer cette gamine avant ma mère, je lui dois tout.
Il n’avait que peu de qualités, mais Hisao se savait loyal. Incapable de trahir ainsi ses parents, et si ces derniers s’opposaient à le venue d’un enfant—c’était très certainement pour le mieux. Seule Nanako, sa mère, savait ce qui était bon pour lui. Elle le guidait, comme elle l’avait toujours fait et continuerait de lui ouvrir la voie dans le futur. Il ne pouvait pas lui tourner le dos après avoir fait tant d’efforts pour obtenir son approbation.
« Tu demanderas sa main, la supplieras de t’épouser pour que tu puisses continuer de les aimer toutes les deux. Mais Minami ne voudra ni de cet enfant, ni de ton amour pour elle », elle m’arrachera à tout ce que j’ai. « Jeté dehors par celle qui t’a donné la vie, tu seras à la rue. Tiraillé entre l’obstination et la rage alors que tu cumuleras – à tes études – plusieurs emplois tous plus épuisants les uns que les autres, et ta fille t’échappera, élevée par des nourrices pendant que tu te tueras à trouver de quoi sustenter ses besoins vitaux », je ne veux pas aimer un fantôme.
Le don de choisir, c’était ce que Tsukuyomi-sama avait prétendu vouloir lui offrir. Mais Hisao n’avait pas besoin d’en entendre davantage. Sa décision était prise. Les mots se bousculaient déjà à la porte de ses lèvres.
« Je ne veux pas d’elle. »
Mais il ne fut jamais entendu.
« Ta vie deviendra une abysse dont le vide t’enveloppera lentement jusqu’à ta perte », je ne veux pas gâcher ma vie comme ça. « Et quand tu te penseras plus seul que jamais, abandonné par celle que tu aimais, par ceux qui prétendaient te chérir et que tout te semblera perdu… Ton frère te tendra la main », c’est impossible. « Tu t’envoleras pour l’autre bout du monde et il te pourvoira d’un toit, de nourriture, d’un lit et d’une seconde chance », mon frère Hikaru est mort le jour où il a décidé de couper les ponts avec notre famille. « Tu accepteras son aide, mais tu fauteras plusieurs fois. Tu n’auras rien d’un père exemplaire, tu seras négligeant, dédaigneux, inconscient, immature », comment— « Mais le jour où tu t’en relèveras, tu seras plus fort que jamais. Tu ne feras qu’un avec elle et la chérira plus que tout au monde. Elle t’apprendra à vivre pleinement et à accepter celui que tu es », en m’arrachant à mes racines pour ma ranger du côté de celui qui a trahi ma famille ?!
Ils erraient sans but dans ce couloir sans fin, alors qu’Hisao assistait à sa propre décadence sans dire mot. C’était un véritable supplice de se voir chuter dans l’infinité, devenant un être de contradiction pure qui ne reflétait aucune de ses valeurs, aucun de ses principes qui lui étaient pourtant si chers.
Mais lorsqu’il se vit—assis dans ce fauteuil, à l’écoute d’un autre adolescent… Il n’eut plus besoin des mots de Tsukuyomi-sama pour comprendre ce qu’il voyait devant lui. Psychologue… Je serai psychologue ? Son cœur tomba dans sa poitrine. Je sais qu’elle a raison. La réalisation fut lente, l’amena proche de l’agonie. Je suis fait sur mesure pour aider les autres, même si mes parents refusent de le comprendre et m’obligent à obtenir ce foutu diplôme d’informatique. Mais plus que douloureuse, elle était terrifiante de par sa vérité. Elle n’est pas née, elle n’existe même pas et pourtant… Je l’aime déjà.
« Il est temps de choisir », demanda-t-elle enfin alors que la réalité redevint ce qu’elle avait toujours été.
Mais répondre n’était plus nécessaire. Elle voyait l’évidence dans ses yeux sombres. Hisao lui adressa un ultime sourire et son regard se posa sur elle, dont le corps n’était plus couvert que par la dentelle de sa lingerie fine. La future mère de cette enfant qu’il ne connaissait pas encore. Tsukuyomi-sama hocha doucement la tête.
« Elle sera fière de toi », fut la dernière chose qu’il entendit avant de perdre la mémoire et de revenir à la femme qu’il aimait lorsque le temps reprit son cours.