Vi comme Vendetta ! Enfin non, mais... Presque.

Il est impossible de ne pas apercevoir Vi, surtout si elle est en pleine mission... "Apercevoir" est même un mot trop léger pour elle : elle est remarquable, dans le sens propre du terme. Déjà, son style y travaille : quel que soit le jour ou la situation, Vi est fidèle à ce qu'elle est et à ce qu'elle aime ! Ses vêtements de mission sont à mi-chemin entre l'équipement Hextech requis pour le bon déroulement des opérations et l'influence punk. Ses cheveux roses en bataille, mi longs et rasés sur le côté gauche de son crâne ont tendance à attirer le regard de quiconque croise son chemin. Ses poings Hextech, qui doivent faire la taille du haut de son corps (les doigts pliés !) et au moins son épaisseur, font l'objet d'attention de pas mal de curieux. De même, la jeune femme expose plusieurs tatouages dont deux sont particulièrement connus de la population de Piltover : les rouages au niveau de sa nuque et celui qu'elle porte sous son oeil gauche : VI. Aucune excuse pour ne pas retenir son nom avec ça ! Toutefois, Vi sait se montrer physiquement plus simplette et le fait de la voir sans ses gants métalliques l'adoucit un peu : certes, la demoiselle est plus musclée que la normale mais elle possède un corps tout à fait féminin qu'elle sait mettre en valeur dès qu'elle en a envie. Ses yeux bleus profonds travaillent également à sa mise en valeur car ils sont probablement les seuls organes qui laissent apparaître ce qu'elle peut réellement penser et ressentir.

Imprévisible. Oui, imprévisible, c'est le mot qui convient le mieux à Vi. Une bonne partie des habitants de Piltover savent à peu près à quoi s'attendre lorsqu'ils ont le malheur de la croiser quelque part, toutefois on n'arrive jamais vraiment à déterminer avec précision ce qu'elle s'apprête à faire.

Il ne faut pas se mentir, Vi est, malgré son imprévisibilité, un très gros atout pendant les missions si on ignore les dégâts collatéraux qu'elle cause : mais il faut quand même se dire que des poings Hextech, ça doit pas être facile à contrôler ! Bon, on ne peut pas vraiment rejeter toute la faute sur ses équipements : Vi adore se donner en spectacle, c'est un fait. Peut-être est-ce dû au passé qu'elle a eu, un passé pas très glorieux mais franchement fun ! Parfois, elle s'en inspire peut-être un peu de trop : elle se croit encore libre de tout, libre de ses mouvements et ses actions. Pendant ses missions, il lui arrive d'oublier pour qui elle travaille et cela met sa cheffe adorée, Caitlyn, dans des positions parfois très délicates. Ah, quand il faut réparer une voiture ou même la pièce saccagée d'une maison, la tireuse d'élite est loin d'être fière !...

Vi a horreur de deux choses principalement : les ordres et perdre. Les ordres, parce qu'elle estime qu'elle n'a pas besoin qu'on lui dise ce qu'elle doit faire même si elle a conscience que certaines obligations sont nécessaires et plutôt sensées. Perdre, parce que c'est dans sa nature de gagner : elle refuse d'échouer, elle ne peut pas échouer, elle est trop puissante et trop bien placée. C'est un peu pour cela que Jinx est la seule personne qui arrive vraiment à la mettre en colère : cette "créature" (puisque Vi ne la considère pas comme étant humaine) encore plus imprévisible et libre qu'elle est la seule entité sur laquelle elle n'a jamais réussi à mettre la main.

En dehors de son caractère trempé, de son attitude que l'on pourrait parfois qualifier d'adolescente difficile et de sa grande gueule, Vi s'avère être quelqu'un d'agréable et de drôle : en effet, les blagues - et surtout les jeux de mots -, c'est son dada. Elle se sert pas mal de ce talent-là pour faire oublier certaines de ses "bêtises" à Cait'... Cependant, même si la jeune punk peut parfois montrer un peu de générosité et d'amicalité, elle a beaucoup de mal à se confier ou à ouvrir son cœur. Elle estime qu'elle n'en a pas besoin et plus globalement qu'elle n'a besoin de personne, mais ne serait-elle pas plutôt marquée par un événement du passé ?...

Certains trouvaient qu'il s'agissait d'une enfant mais dans son corps et dans sa tête, celle qu'on appelait Vi était déjà une adulte. Les différentes expériences qu'elle avait vécues, à commencer par le fait de survivre dans la rue, l'avait forgée et endurcie, aussi bien physiquement que mentalement. La plupart des gens diraient que ce n'était pas dans le bon sens et en effet, ils avaient raison : elle avait choisi la mauvaise voie, celle du vol. Pas du petit vol à l'étalage, non, du vrai vol, du cambriolage, des offensives qui pouvaient parfois mettre en péril la santé d'une ou de plusieurs personnes, bien qu'il n'y ait jamais vraiment eu de graves suites.

Ce jour-là, Vi allait une fois de plus affronter l'une de ces situations dangereuses. Le gang auquel elle appartenait - doté d'un bon réseau d'informateurs - travaillait sur ce raid depuis plusieurs jours déjà. Leur but ? emporter le maximum de matière première minée dans ce lieu, un petit bijou de roche qui valait son prix et pouvait à tous les coups les rendre plus riches qu'ils ne l'avaient jamais été.

A l'approche de la mine, le petit groupe engagé pour s'infiltrer était plein d'adrénaline. Il fallut à plusieurs reprises remettre Vi à sa place car la patience ne faisait pas partie de son programme intellectuel. Elle marchait en cercle, levait les yeux au ciel puis sur le lieu dans lequel ils s'apprêtaient à se rendre, sautait d'un pied à l'autre. En plus de la calmer, cela faisait office d'entraînement si cela se passait mal. Toutefois, à cette heure, peu d'ouvriers - si ce n'était aucun - étaient encore sur les lieux.

Pour le plus grand soulagement de la jeune fille, le signal fut donné. Furtivement, le groupe se déplaça du renfoncement dans lequel ils s'étaient cachés jusqu'à l'entrée de la mine. L'un d'entre eux se posta ici, observa les alentours et fit signe qu'ils pouvaient continuer. Jusque là, tout se passait bien : personne ne surveillait le périmètre. En revanche, les choses se compliquèrent une fois qu'ils furent entrés dans l'un des nombreux tunnels reliant la galerie : des bruits de pioches envoyées dans la roche ainsi que des moteurs de machines résonnaient, signe qu'il y avait encore des personnes qui travaillaient. Vi pensa laconiquement qu'elle n'était pas mécontente d'être libre. Elle, au moins, n'avait pas à subir des horaires de travail insensées. Elle n'eut pas le temps de s'attarder sur sa pensée que déjà on lui lançait une pioche qu'elle rattrapa de justesse. Il n'y eut pas d'ordre formulé, elle savait ce qu'elle avait à faire. Usant de ses muscles, Vi frappa plusieurs fois dans la roche. Elle était coriace. Elle parvint à faire tomber un morceau, puis plusieurs.

Alors qu'elle souriait, sûre qu'elle n'aurait plus à vivre comme un chien des rues, elle constata que tout le monde autour d'elle avait cessé de bouger. Elle passa son regard interrogatif sur ses comparses, comparses qui, tout à coup, sortirent leurs armes. En tournant la tête, elle constata que malgré le bruit qu'ils faisaient, les mineurs les avaient entendus. Après tout, ils étaient habitués à venir ici... Comment n'auraient-ils pas pu s'en rendre compte ? Il y eut des échanges, les tons haussèrent, les mouvements devinrent plus vifs. L'un des mineurs se jeta soudainement sur leur groupe : Vi fut tirée en arrière par une force inouïe et manqua presque de perdre l'équilibre. Visiblement, il était temps de fuir.

Ils faisaient demi-tour à toute hâte lorsqu'un grondement les obligea à tous s'arrêter, voleurs comme mineurs. Selon Vi, il valait mieux s'enfuir très vite... Bientôt, le sol se mit à vibrer sous ses pieds, de plus en plus fort. Des cris se firent entendre, non-loin de là. Le grondement devint tellement fort qu'ils n'entendirent plus les voix qui appelaient au secours. Sous l'effet de l'adrénaline et de la panique, les mineurs et le gang se mélangèrent et tentèrent de s'enfuir le plus vite possible. Un tunnel était en train de s'effondrer ! La jeune fille courait comme une dératée. Elle ne finirait pas écrasée ici, ah ça non ! Elle avait d'autres projets en vue.

La lumière - bien que faible - de l'extérieur leur indiqua qu'ils étaient bientôt arrivés au bout de leurs peines. Toutefois, même si Vi se sentait maintenant en sécurité, un drôle de sentiment avait entravé son cœur. Elle tenta de repousser la pensée de ces gens bloqués à l'intérieur et qui manqueraient probablement très vite d'oxygène. Alors que son groupe et les quelques mineurs qui avaient pu s'échapper continuaient de courir, elle stoppa ici, regarda vers le tunnel, vers le chemin libre, vers le tunnel, vers le chemin libre. Le dilemme était si prenant que ses yeux reflétaient toute la lutte interne qu'elle menait.

- Vi, grouille ! lui lança un membre de son gang qu'elle n'écouta que d'une oreille. Magne-toi !

Pourtant, la jeune fille ne bougea pas. Dans un geste d'agacement, l'autre reprit sa course et s'éloigna. Il n'y avait quasiment plus qu'elle sur les lieux ainsi que quelques mineurs qui tentaient en vain de retirer les pierres qui s'étaient écroulées à l'entrée du tunnel.

Que venait-elle de faire ? Etait-ce vraiment elle qui avait condamné tous ces gens ? Oui, tout était de sa faute. Elle n'avait jamais eu de remords à voler et même à braquer mais laisser des gens mourir était au-delà des limites. Puisqu'elle les avait mis dans cette situation, c'était à elle de les faire sortir. En quelques pas élancés, elle vint rejoindre les mineurs qui retiraient hâtivement les pierres et tira frénétiquement sur celles-ci pour les bouger. L'un d'entre eux, au bout de cinq minutes d'acharnement, cessa tout mouvement.

- On ne peut rien faire... fit-il en se tournant vers elle, sans savoir comment il devait la regarder. C'est fini.

Vi secoua la tête, d'abord tout doucement, puis plus vivement. Ses mains, à force d'heurter les pierres, étaient égratignées ; certains de ses doigts saignaient. Elle recula, observa les alentours. Elle aperçut une petite machine à quelques mètres qui semblait abandonnée ; elle ne marchait probablement plus vu son état et sa mise en marge. Mais... Vi avait plus d'un tour dans son sac et de l'imagination à revendre. Sans prononcer quoi que ce soit, elle se précipita vers le robot de forage et lui arracha les avant-bras. Elle dut retirer certains câbles qui la gênaient et en brancher d'autres pour activer les doigts robotisés de la chose. D'un geste de tête convaincu, elle retourna auprès des mineurs qui la regardaient avec des yeux ronds. Elle tenta tout d'abord de retirer les pierres : cela fut chose aisée. Un bon tas fut éjecté en arrière. Toutefois, elle avait remarqué, par son mouvement, que les bras robotisés qu'elle portait se chargeaient. Ils semblaient à la fois plus lourds et plus puissants. Reculant le bras pour prendre de l'élan, Vi attendit que le poing se charge - un bruit l'indiquait - et lorsque ce fut bon, elle envoya un puissant coup dans les roches accumulées. Celles-ci volèrent en éclats. La jeune fille dut tourner la tête et plisser les yeux pour éviter de se blesser et les mineurs en firent de même. Lorsqu'ils regardèrent de nouveau vers l'entrée, ils se rendirent compte avec stupeur qu'un trou béant avait été creusé dans la roche, laissant ainsi l'accès libre - mais peu sûr - aux mineurs bloqués. Ceux-ci ne tardèrent d'ailleurs pas à se montrer mais avant même qu'ils aient pu atteindre la sortie, la jeune fille s'était éclipsée... Avec ses deux nouveaux bras mécaniques.

- Comment ? fit l'un des mineurs, abasourdi de s'en sortir vivant.
- Une frappe angélique, lui répondit un autre, encore sous le choc.