- Sword Art Online:
Avant de commencer, voici un petit récap' du contexte de notre forum. En 2022, le premier VRMMORPG du nom de Sword Art Online sortit au Japon. Les médias en firent une grande promotion car c'était une technologie révolutionnaire : la conscience du joueur pouvait être transférée dans le jeu. Le jour de la sortie, des milliers de joueurs se connectèrent en même temps, faisant leurs premiers pas dans le jeu. Et en fin de journée, le Game Master rassembla tous les joueurs sur la grande place du premier palier pour faire son annonce : tous les gens présents étaient coincés dans le jeu. Le bouton de déconnexion avait été retiré des menus personnels. En outre, s'ils perdaient tous leurs points de vie dans le jeu, alors la console (le Nerve Gear), posé sur leurs têtes, allaient griller leurs cerveaux à la façon d'un micro-onde. Cela ressemblait à un cauchemar mais c'était bien réel. Pour pouvoir sortir de ce jeu de la mort, ils n'avaient qu'une seule façon de faire : le terminer. Il fallait donc débloquer les 100 étages du château de fer (l'Aincrad), tous gardés par des monstres terrifiants qu'il fallait terrasser. La liberté des joueurs reposaient alors sur leurs capacités à s'adapter à ce monde.
- Lacaion:
Lacaion est un allemand trentenaire, seul fils d'une fratrie de trois d'un dirigeant d'une grande firme. Suite a un violent désaccord avec son père, il part s'installer au Japon. C'est là qu'il découvre SAO et les joies de cet univers. Mais, peureux, il opte pour une carrière d'alchimiste-informateur, loin des combats et du front, préférant jouer un rôle de support pour les autres en profitant de son expérience dans le commerce.
Je profite d'un moment de calme, rare ces derniers temps, pour remplir mon stock de potions fortement entamé suite aux derniers combats. Ouvrant mon inventaire pour en sortir des ingrédients, je constate qu'il me manque certaines plantes et soupire avant de sortir du magasin. La nuit est claire et la neige environnante étouffe tous les sons. Levant la tête vers la voûte céleste, je contemple un instant la pleine lune, ronde et brillante, qui illumine la plaine.
Sa lumière sélénite semble se renforcer, au point de me faire fermer les yeux, tandis que je sens mes jambes lâcher. Je tombe à quatre pattes, incapable de contrôler mon corps qui semble soudain animé d'une volonté propre. Je tente d'appeler à l'aide, mais seul un grognement sourd franchit mes lèvres, tandis que mes mains se muent en pattes velues et que mon visage s'allonge pour former un museau. Après quelques secondes, j'ose enfin ouvrir un œil et cille plusieurs fois devant le spectacle qui s'offre à moi.
La lisière de la forêt à plusieurs mètres de là m'apparaît clairement, à tel point que je crois d'abord avoir passé la nuit dehors. Je tente de me relever, mais constate que les petites pattes poilues qui remplacent désormais mes membres sont déjà tendues. Lâchant un cri de surprise, un couinement lamentable se fait entendre de mon museau, désormais bien visible devant moi. Je sens alors quelque chose me toucher le dos et me tourne brusquement, montrant les crocs, pour voir une ombre tourner dans le même sens que moi. Après plusieurs tours sur moi-même à pourchasser ce farceur, je finis par comprendre que c'est une queue, condamnée à suivre le louveteau craintif que je suis.
Apeuré, je tente de courir vers les arbres, tentant de comprendre ce qui m'arrive. Mes pas d'abord hésitants et maladroits se précisent, et je sens ces questions et ces doutes s'estomper peu à peu tandis que j'atteins la végétation. Approchant ma truffe du sol, je sens alors une odeur incroyable. Une odeur qui me remplit de joie et d'excitation, et je continue à humer la neige compacte, suivant inconsciemment la piste que je traque. Soudain, tout les sens en alerte, je me redresse d'un coup, mes petites oreilles dressées. Ma cible est là, un petit lapin des neiges d'un blanc immaculé se fondant dans le décor, et qui ne m'a pas encore repéré. Je me ramasse d'instinct, me trémoussant sur mes pattes arrières, et bondit. Mes crocs se referment sauvagement sur le buisson derrière, tandis que le lapidé s'enfuit à toute vitesse avec une agilité déconcertante, me laissant seul avec un mauvais goût d'herbes dans la gueule.
Laissant ma langue pendre en bavant pour chasser cette mauvaise conclusion, je me remets à errer dans ces bois qui me paraissent étrangement familiers. Je me souviens vaguement les avoir arpentés dans tous les sens pour y cueillir des plantes, mais tout ça est noyé dans un brouillard dense et cotonneux. Je vois alors quelque chose remuer dans les hautes herbes et me jette dessus sans réfléchir, pensant retrouver mon vieil adversaire aux longues oreilles. Mais le cuir épais et dur qui bloque mes crocs ainsi que la forte odeur musquée qui me chatouille la truffe ne sont pas raccord avec la sensation que j'imaginais, et j'ouvre les yeux pour voir une énorme masse marron. Un grognement sourd, semblable à une cocotte-minute en pleine dépressurisation, se fait alors entendre devant et j'écarquille mes prunelles jaunes en découvrant un groin écrasé et quatre énormes défenses. L'œil noir du sanglier, dérangé en pleine dégustation de glands, me transperce tandis qu'une lueur mauvaise illumine son iris. Il démarre sans prévenir, chargeant à travers les branches basses et les ronces, bien décidé à me faire lâcher prise. Ce que je finis par faire de bon cœur, car rester accroché les dents plantées dans le postérieur de ce rustre n'était pas mon passe-temps favori.
Je dégringole d'une pente, roulant dans la poudreuse, avant de heurter un tronc épais. Couinant sous le choc, je me redresse difficilement, avant de me figer sur place, à moitié relevé. Une douzaine d'yeux rouges me fixent, cachés dans la pénombre environnante. Le poil dressé et effrayé, je m'écrase contre le tronc, cerné. Puis un louveteau, à peine plus petit que moi, sort soudain de l'obscurité et trottine vers moi, la gueule ouverte dans un message clair: Je veux jouer.
Toute la meute s'avance alors doucement, les adultes reniflant prudemment mon odeur inconnue pour se la remémorer. Au bout de plusieurs minutes de vérifications olfactives et de léchouilles diverses et variées, me voilà officiellement autorisé à fréquenter leurs petits. Le programme d'un loup reste très flou, et je me suis donc contenté de suivre le mouvement. Après plusieurs parties de chats, quelques vaines tentatives de chasses sur ces maudits lapins, et de nombreux soupirs des adultes venant nous chercher par la peau du cou quand nous faisions trop de bêtises, nous nous rassemblons tous à l'entrée d'une grotte. Les adultes se mettent alors en cercle avant de hurler la tête haute, le museau vers les étoiles. Intrigués, nous les imitons avec les autres enfants du mieux que nous pouvons, même si cela ressemble plus à des petits aboiements. La lune est déjà très basse, et les adultes font rentrer leur progéniture dans la caverne. Je fais de même malgré l'absence de parents, hésitant. Une louve me garde une place contre elle à côté de sa petite, et je me love doucement dans le creux de poils chaud et rassurant après avoir tourné en rond deux ou trois fois. A peine installer, une vague d'émotions me submerge: de la nostalgie, de la joie, de la tristesse... Combien de semaines - de mois - ont passé depuis que j'ai ressenti un tel bien-être ? Avoir une famille aimante et attentionnée, des amis avec qui s'amuser et découvrir le monde... Tout cela me manque, et je m'endors épuisé tandis qu'une larme coule dans ma fourrure.
Le chant des oiseaux me tire doucement de ma torpeur, et j'ouvre difficilement un œil en mettant la main devant. Une main humaine, avec cinq doigts longs et fins. Je baisse la tête pour voir que je suis assis dans mon rocking-chair, devant ma chère boutique, un drap sur les genoux. Je ne saurai sans doute jamais si tout cela était un rêve ou une expérience ayant mal tournée, mais une chose est sûre: je vais avoir du mal à chasser les loups de l'étage pendant au moins quelques jours.