Epreuve 1 • Légende • Path of / Avalon [NA-POG] - Damned Town [DT]

Un peu de DT <3:

« Il était une fois, je commençai tout en veillant à ce que ma voix ne me lâche pas, une reine. »

« Une reine bienveillante au sourire lumineux que tout, de la fatalité à ses propres idéaux, destinait à braver la plus abjecte manifestation du mal que les mondes puissent connaître : la progéniture des enfers, les démons. »

Spoiler:

J’avais hâte en me rendant à cette soirée de contes et légendes oubliés. Tellement hâte. A califourchon sur ma chaise, j’avais écouté le conteur le regard pétillant. Sa voix grave insufflait une mélodie lente, comme une berceuse, pour un conte tout en douceur et volupté. La touche finale sonna comme un délicat final à mon oreille et je fus la première personne à applaudir. Je passerai après le prochain conteur et la hâte de raconter mon histoire se mélangeait à l’enthousiasme d’en entendre une nouvelle.

Le conteur changea donc, comme le voulait le fonctionnement de la soirée. J’attrapais mon thermos de thé au miel pour calmer mon excitation. Bientôt le silence tomba dans la pénombre artificielle et l’histoire put débuter par cet infaillible refrain qui a rythmé notre enfance le soir venu.  

Je tiquais au mot reine, mon histoire devait commencer sur une reine aussi ! Son court silence fut stoppé et se déroulement me fit ouvrir grands les yeux. Stupéfaction !

« On va raconter la même histoire ! » Ne pus-je m’empêcher de dire.

Mes mains glissèrent sur mes lèvres, et je fis une mine contrite aux « chuuuut » qui m’étaient dédiés. Du regard, j’interrogeais le narrateur pour savoir si je pouvais venir proche de lui, qu’on la conte ensemble notre histoire ! Et donc, attrapant ma couverture, je l’avais rejoint !

Je repris une gorgée de thé avant de me blottir contre mon partenaire de fortune non sans un sourire. Il était temps de reprendre cette lointaine histoire.

« Les démons étaient scellés au cœur des terres infernales, mais désiraient par-dessus tout corrompre les terres de la Reine ! Damner ses sujets et distiller en eux le Mal Suprême. Elle se croyait forte et invulnérable, et pourtant, une ombre grandissait. Le plan démoniaque allait bientôt déverser des hordes de dévots sur ses terres ! »

Ma voix fluette contrastait avec celle de mon partenaire de narration. Mais je surjouais un peu les passages sur les démons car, au fond, c’est la partie fun de cette histoire non ?

« Il lui fallait agir, préserver son peuple mais également les autres créatures fragiles et innocentes qui se dressaient malgré elles entre les enfants de Satan et elle-même, des créatures à l'esprit malléable que la perfidie des démons n'avait aucun mal à corrompre. Alors cette reine, malgré sa bonté et son désir de n'user d'aucune violence, envoya des émissaires sur des terres où démons et êtres de lumière pourraient s'affronter et se disputer les âmes des fragiles mortels.»

« Quelqu'un peut me donner un coussin, s'il vous plaît ? »

« Seulement, le monde est bien fait, il ne permet à aucune population de se déchirer sans imposer de limites à sa folie, sans contenir sa barbarie par un ensemble de lois fondamentales que personne, tout puissant soit-il, ne peut briser. La guerre fit donc rage, certes, mais dans une toute autre mesure que celle que vous pourriez imaginer. »

J’écoutais avec attention la façon bien différente qu’avait mon partenaire de conter cette histoire. Je buvais littéralement ses paroles, des étoiles plein les yeux. Je ne retins pas un pouffement amusé avant de récupérer le coussin qu’un précédent conteur nous tendait. Moi, j’avoue, je suis parfaitement bien en position du lotus. L’habitude de rester des heures durant assis sur le parquet de ma chambre à écouter des musiques entêtantes et imaginer les récits qui les composent.

Je notais par contre le partit prit de mon partenaire. Mon histoire, en vrai, est un peu différente de la sienne. Il a une version plus lumineuse tout du moins, celle du côté de « La Reine » qui est vu comme une élue par ses fidèles dans ma version. Je ne peux m’empêcher de saisir mon menton entre mon pouce et mon index, détaillant mon vis-à-vis. Plus je l’écoute, plus je plisse les yeux. Et finalement, j’ai un grand sourire avant de reprendre l’histoire d’un ton enjoué.

« Un équilibre qui reposait sur le fait que Lumina, déesse de la lumière, ne pouvait que confier à la Reine des pouvoirs affaiblit, comme les démons étaient eux-mêmes limités par le Sceau. Cette faiblesse qu’ils avaient de ne pouvoir s’incarner physiquement ne les empêchaient pas de recruter des forces encore inconnus aux quatre coins du monde libre. »

Ma voix était volontairement sombre alors que je parler du recrutement de forces inconnues. Je tapais alors soudainement des mains avant de relancer immédiatement.

« Et le jour fatidique arriva ! La Reine dût faire face aux hordes non pas de serviteurs démoniaques, mais de démons de chair et de sang ! »

Je me levais d’un coup, et avec une bonne dose de gestes théâtrales, je continuais :

« Le complot ourdi durant des siècles, voire des millénaires, avaient pesé sur le Monde Libre. Les démons avaient réussit à détruire leur sceau, perturbant l’équilibre des forces. Lumina, elle, était toujours affaiblie, prisonnière d’un équilibre bafoué. Ses élus en souffraient. La Reine en souffrait et ne l’acceptait pas… »

Je me rasseyais pour lui laisser la main.

« Car tous savent que Bien et Mal ne sont pas égaux dans la lutte qui les oppose : l’ombre ne se soucie d’aucune morale et ne trouve de limites qu’en sa propre imagination, tandis que les auréolés de lumière se contraignent en pitié et en respect d’autrui. Qui de la colombe ou du fusil a le plus de chance de remporter le combat ? Les débats n’ont pas lieu, ici, sans règles permettant à l’oiseau de surpasser le plomb ou rendant la balle aussi inoffensive que de l’eau. Non contente de ce fragile équilibre qu’on lui accordait, la reine de bonté se constitua une armée de fidèles prêts à prendre les armes pour défendre ses idéaux.»

Elle semblait si forte, si grande la Reine dans les dires de mon ami conteur ! Et pourtant, moi, je me souvenais comment mon grand-père me parlait de cette histoire. Une histoire sombre, où le Mal avait gagné pendant un long, très long moment. Mais où la Reine, éternelle dans sa malédiction de lumière, avait toujours fait face. Je repris donc le fil, pendant que mon partenaire reprenait son souffle.

« Des hordes d’êtres impies se déversèrent contre ce mur de Lumière ! dis-je d’une voix sourde, basse, alors qu’une des pauvres lumières des lieux cliquetaient, menaçant de s’éteindre. Les batailles furent soudaines, sanglantes, et d’une violence digne de l’Horreur que le Mal Suprême véhiculé ! La chasse aux êtres faibles était lancée par ses êtres tordus, avide d’une liberté anarchique. »

Je buvais une gorgée rapide de mon thé, pour réhydrater ma gorge. C’était la dernière goutte aussi, pour détendre un peu l’atmosphère je lâchais avec une voix pleine d’humour.

« Ils se racontaient même que leur jeu favoris constituait en la Chasse à la Licorne, ou encore, à utiliser les vaincus pour quelques grands jeux gehennique fort tordu comme le lancer de nains ou le football halfelin. Entre nous, je me dis qu’ils ont été l’inspiration du jeu Bloodbowl. »

Un humour tordu, mais j’avoue, ça me faisait rire quand j’étais ado car c’était complètement fumé quant on y pense. Je toussotais, pour reprendre ma contenance.

« Enfin, je m’égare. La Reine donc… »

Un regard avec mon partenaire et je lui fis un sourire. Cette fois, c’était de nouveau la glorieuse vision de la reine que mon ami conteur avait qui serait dites.

« Elle devait faire face au fait que ces démons s’installaient d’avantage dans ce monde. Au point qu’ils fondèrent une cité et commencèrent à développer leur société corrompue avide de toujours plus de capitalisme et de corruption. Une cité qui s’appela Sogruun au début de son existence et qu’il fallait investir afin de la purger. Une cité que le temps renomma… Grâce aux efforts de cette Élue de Lumina. »

« De nombreux noms lui ont été donnés mais je préfères de loin l'appeler Damned Town, cité maudite ou la lutte entre bien et mal se perpétuait, chaque camp tentant de surpasser l'autre en développant de vicieuses capacités de persuasion pour séduire l'esprit de leurs ennemis. Car la ligne entre ombre et lumière est fine et nombreux étaient ceux qui basculaient de l'autre côté, qu'ils soient anges ou démons. »

« La cité n'offrait que hargne et mésentente, aussi les peuples finirent-ils par l'oublier, la laissant en pâture à ces deux partis qui la déchiraient. Ainsi, la solution n'appartenait qu'à ces adversaires, seuls créatures désormais capables de désamorcer cette guerre qui durait depuis trop longtemps déjà. Il ne restait qu'à estimer si l'entente était possible et si le fossé de valeurs qui s'était creusé entre eux pouvait un jour venir à être comblé. »

Damned Town hein ? J’avais ouïe dire par grand-père que c’était ainsi qu’elle était nommée par les adeptes de la Reine… Car c’était un lieu où personne n’était à l’abri de la damnation. Pourtant, grand’pa continuait à la nommer Sogruun. Il disait que c’était le nom que les démons lui avait donné et que c’était un lieu où leur culture, leur fidèle et eux-mêmes, pouvait vivre pleinement. On y trouvait que des damnés, et des peuples rejetés par la lumière, mais ça restait une grande citée.

« Quant on y repense… La grande Sogruun, cité de tous les vices et preuve de la conquête démoniaque s’est bien assagit. Dis-je dans un murmure presque mélancolique. Pourtant, Damned Town, comme l’appelle les élus du bien éternel, reste propice à cet éternel conflit. »

La domination démoniaque n’était plus. C’était désormais un territoire déchiré par des idéologies de plus en plus extrêmes. Est-ce bien ou est-ce mal ? L’ironie me fait dire qu’au fond, le dieu du Mal Suprême doit se gausser et Lumina, oubliée au profit de la Reine, pleurer.

« La trahison y est aussi coutumière que peut l’être les arts du chant ou de la danse dans la vie d’une personne… Tromper, duper, manipuler, feinter : un art de vivre qui fut prit par les deux partit. Le déséquilibre de la lutte avait retrouvé son équité. »

J’accentuais avec une mine grave cette déchéance de la Lumière face à la perfidie du Mal. Puis, je reprenais après un sourire contrit à mon partenaire.

« La Cité, comme le souligne mon comparse, a été abandonnée à leurs mains pour un temps. Et pourtant, ceux qui n’étaient que des pions au commencement sont restés. Ces peuples conquis, avatars de la foi de chaque camp, ont perduré et se sont multipliés. L’Humanité fut la seule à perdurer, les autres races mystiques ayant fuit le conflit ancestrale ou ayant vu leur sang se distiller face à l’adaptabilité humaine… »

Et tout en marquant une pause, je l’invitais à poursuivre…

« Les humains, perdus et faibles étaient source de discorde. Chacun se les arrachait dans l'intime espoir de les rallier à une cause, de les modeler au gré des envies des êtres divins qui les entouraient. D'humains il devinrent jouets, et de jouets ils se changèrent en armes. Regardez autour de vous, demain, et essayez de soutenir que l'Homme n'est pas dangereux. »

« Tant êtres de lumière qu'enfant de l'ombre ne pouvaient se passer d'une telle présence à leurs côtés. La guerre se faisait désormais par procuration : lorsque les forces s'annulent et que la lutte est au point mort, lorsque s'affronter directement revient à perdre son temps sans atteindre le succès, il faut réfléchir à une autre façon de se défier. Même s'il est toujours moins noble d'aller à la cueillette aux âmes humaines que de courir les champs de bataille. Mais cette nouvelle façon de penser devait se révéler déterminante. La balance des forces se remit doucement à trembler à mesure que les Hommes se laissaient charmer. »

Hors RP:

J’acceptais la charge octroyé par mon partenaire. Poursuivant avec délicatesse :

« Mais par qui et par quoi se laisser donc charmer les Hommes me direz-vous. »

Courte pause, alors que je me levais pour tourner autour de mon binôme : parlant devant chacun de nos spectateurs.

« La Reine se posa sérieusement la question. Au fil des siècles, elle avait comprit que les mortels voyaient leurs besoins et désirs fluctuer. La promesse d’une vie de lumière n’était pas promesse d’une vie de paix et, petit à petit, les doucereuses paroles du Mal se glisser dans les oreilles les plus pures… »

Ma voix chuta comme pour imiter le murmure des paroles infernales. Puis, levant mon index, j’ajoutais en rigolant.

« Contrairement à la Reine, le Mal savait s’amuser ! Pire : il ne vivait que pour son amusement morbide au dépend d’autrui. Face à la rigidité de la Reine, les démons semblaient donc plus prompts à accepter les défauts et travers de l’humanité : à les nourrir. Ils ne les jugeaient pas, ne les corriger pas, mais les féliciter : les encourager. C’est en faisant ce constat que la Reine comprit… »

Oh que oui… elle comprit bien trop tard et mon ton appuyait le drame.

« Dans sa rage de voir les hordes s’emparer du monde, de les voir créer Sogruun, elle s’est elle-même laisser aller à l’égarement. Elle a répondu à la provocation des démons et jouer leur jeu durant tout ce temps… La Reine voulu se racheter et pria pour la première fois depuis des siècles ! Mais le silence lui répondit. Lumina s’était éteinte derrière son sceau : oubliée par ses fidèles en proie à l’égarement. Au final, tout n’a jamais été que le jeu des démons : pour leur éternel amusement. La Reine se releva alors. Et pour remplacer Lumina, sauver notre ville, elle devait apprendre l’acte le plus pur…  »

Me réinstallant prés de mon partenaire j’observais mes spectateurs. Ils étaient accrochés à mes lèvres. Je soufflais alors le final, en même temps que j’éteignais la dernière bougie.

« Le pardon. »