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Épreuve 3 : Harmonie - Nacht [FS] ~ Sona [VB]

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Sona Buvelle
Les mots sont des notes de musiques
Sona Buvelle
Sona Buvelle
Les mots sont des notes de musiques
Dim 22 Nov - 21:26
Cette nuit-là, la lune et la neige étaient mes Muses : je ne pouvais trouver le sommeil, tourmentée par les combats de la veille. Le sang avait encore coulé et il m'en avait coûté d’user de mon art pour blesser, pour tuer, pour détruire. Pour Démacia… Pour une nation qui m’avait donné autant qu’elle m’avait pris, pour un peuple qui m’avait accueilli, élevé comme sa fille mais dont je ne serais jamais réellement une enfant légitime. Qu’en serait-il le jour où s’affronteront mon île natale et ma cité d’adoption ?

Seules Etwahl et ses homonymes célestes pouvaient apaiser la fièvre brûlante qui me consumait après chacun de ces affrontements. Je ne me reconnaissais plus lorsque, sous le joug de la peur ou de la douleur, je déchaînais la puissance de la musique contre mes adversaires. Non… mes ennemis.

Une fois dans mes jardins, mes pas, bien que légers, faisaient crisser la neige immaculée sous mes pieds et quelques flocons vinrent se déposer sur la peau de mon visage, rosie par le froid. Leur vie éphémère s’éteignait contre moi et la sensation glaçante qu’ils marquaient sur ma peau ravivait la sensation désagréable de la lame à l’acier froid qui s'était enfoncée dans mon flanc durant la bataille. Si la magie des Invocateurs m’avait permis de ne pas y laisser la vie, elle n’avait pas empêché mon sang de tâcher ma robe. Elle ne m’avait pas empêchée de souffrir en sentant la dague percer ma peau puis ma chair ni empêchée de craindre la mort. Cette magie, malgré sa puissance, n’avait pas empêché un voile rouge de tomber devant mes yeux, elle n’avait pas empêché mes larmes de couler mais elle ne m’avait surtout pas empêchée de m’en prendre à autrui.

Mes notes avaient frappé leur esprit, elles avaient percuté leur âme, elles avaient pris possession d’eux. Ma mélodie les avait fait danser comme des pantins, elle leur avait pris leur liberté et leurs mouvements. La musique avait drainé leur énergie, jusqu’à ce qu’ils s’écroulent d’épuisement, elle avait fait naître chez eux la plus profonde des tristesses et éveillé leurs peurs les plus secrètes. Les arpèges qui avaient détruit leur enveloppe étaient chargées des émotions que j’avais enfouis au plus profond de mon être. La jalousie, la frustration et la colère. Puis la tristesse de ne jamais pouvoir retrouver mes origines, la rancœur envers ceux qui me forçaient à causer tant de tort, la colère contre une nation qui, sous couvert de vouloir la paix, ne faisait que la guerre… Et puis la haine...

La haine que je cachais par tous les moyens, la haine que je refusais de voir mais qui, au moment venu, venait s’en prendre à ceux qui se dressaient face à moi dans la Faille. J’avais beau tenter de m’en débarrasser, plus elle terrassait mes opposants et plus elle prenait d’importance. Etwahl avait toujours eu cela en elle et Etwahl avait toujours été à mes côtés…

Cette nuit-là, la lune et la neiges étaient mes Muses. Ignorant le froid et l’humidité, je m’étais assise au sol, mon instrument sur les genoux. Je laissais l’air frais brûler ma gorge et mes poumons. C’était étrangement doux de me laisser aller de la sorte à une envie aussi primaire. Je laissais le vent mordre ma peau, je laissais la nuit être témoin des émotions que j’avais trop longtemps refuser de laisser échapper. C’est là que les premiers vers d'un chant s'élevèrent. Un chant différent de celui d’Etwahl, un chant différent de celui de Lestara. Un chant qui n’avait rien d’humain…

" Colombe, le chant qui te berce
Conte l’histoire d’une union…"


Perché sur un pommier, un corbeau croassait un poème. Sa voix, bien que caverneuse, faisait pourtant vibrer quelque chose en moi. Une chose que j’avais rejeté pendant si longtemps mais qu’Etwahl m’avait toujours rappelée…

"Quand colère et amour conversent,
naît le rouge de la passion..."


Était-ce réellement du bec de l’oiseau que sortaient ces paroles ? Désormais, les cordes d’Etwahl résonnaient aussi, accompagnant la voix rêche du chanteur avec force. Je regardais mes doigts danser sur les cordes de l’instrument : sans contrôler mes gestes, je laissais mon corps s’exprimer au travers de la musique. Dans ces accords, il y avait des nuances que je n’avais jamais explorées consciemment : un son métallique, des attaques plus agressives et des trilles impulsives. L’on aurait dit qu’un orgue explosait au milieu de la nuit.

Le brouhaha n’avait pourtant pas couvert la mélodie de l’interprète qui continuait son récital à gorge déployée. Pour la première fois, je me surprenais à apprécier la discordance que formait notre duo. La justesse n’était pas toujours respectée, nous étions loin de l’unisson mais pourtant, il y avait une résonance entre son texte et mes notes.

"Colombe, tes si blanches plumes
Sont autant cadeau que fardeau…"

En musique, la tension invitait toujours à une résolution, c’était là ce qui rendait les mélodies satisfaisantes mais pourtant, je savais que nous n’avions pas fini notre duo. Nous enchaînions les demi-cadence, ne laissant, en guise de ponctuation, que des suspensions pour finir nos phrases. Il n’y aurait rien de conclusif tant qu’il resterait une once de violence que réprimée dans ma composition.

"Car dévêtue de ce costume
Plus léger sera ton rameau."

Il avait suffi qu’il prononce ces mots pour que la branche sur laquelle il se tenait cède sous le poids de la neige, ironiquement d’un blanc immaculé. Il s’envola alors, laissant cela derrière lui comme ci de rien était pour se poser sur le rebord d’une fenêtre. Derrière cette dernière, il y avait le salon dans lequel j’avais passé une partie de mon enfance. C’était là, au coin de la cheminée, que Lestara me racontait des histoires en me caressant les cheveux. C’était là qu’elle me berçait quand j’étais triste ou fâchée. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas laisser mes émotions sortir aussi librement. J’étais une femme et je n’étais pas censé faire cela. Pourtant, j’avais découvert que la tension et les dissonances avaient leur propre harmonie.

La dernière cadence pouvait accompagner le refrain final fredonné par le corbeau.

Le vol des oiseaux s'éclaircit
Dans ses contrastes et ses nuances
Mais dans une pâle effigie
On y perd toute clairvoyance

Sona Buvelle
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Nacht [FS]
Invité
Anonymous
Nacht [FS]
Dim 22 Nov - 21:42
Nachtgewalt


Harmonie


La lune brillait, haut dans le ciel, imperturbable, glaciale. Autour d'elle s'éteignaient les étoiles, éblouies par sa propre lueur. Elle dominait les astres, sans défiance, sans compétition. Juste une tache blanche dans une immensité noire.

Les serres de Nachtgewalt étaient noires dans l'immensité blanche.

Il les essuya contre les plumes qui ornaient la fourrure sur ses épaules, nonchalant. La neige glaçait ses pas rougis tandis qu'un épais air condensé échappait au masque de corbeau qui dissimulait son visage. Il poussa un grognement en portant sa main à ses flancs. La dague qui y était enfoncée ne laissait ressortir que sa garde. D'un coup sec, Nacht l'en arracha, et le rouge de la neige s'en noircit davantage. Maudissant ce fluide ingrat qui n'aspirait qu'à s'évader, il marmonna quelques mots en allemand, et la plaie se referma pour laisser place à une cicatrice épaisse et rosâtre. Nacht tituba, affaibli, et laissa son dos reposer contre un pin égaré entre deux couches de neige. Il haleta et retira son masque.

Seule la lune pouvait apercevoir les traits difformes de ce visage et les cicatrices anciennes qui les couvraient de larges sillons. Aucun homme ne pouvait se vanter de s'être horrifié à cette vue.

Il passa une main sur sa peau grise  pour en effacer la lassitude, puis laissa les éclats de miroir qui lui servaient d'yeux dériver vers l'indifférence de la lune. Il la fixa, et son regard refléta les lueurs froides de cet astre vénéré et haï à la fois. Nacht se demanda alors si le crâne aveugle de Seira observait ce même ciel, blanchi par l'air marin, entre les ronces où elle reposait désormais. Il se demanda si le temps avait déjà souillé son armure d'une couche de rouille, et si son épée se tenait toujours droite et fière dans la terre où elle l'avait enfoncée. Même si c'était encore le cas, Nacht doutait qu'elle puisse apprécier le spectacle. Elle avait toujours eu la nuit en aversion et le soleil en adoration. Comment la blâmer ? Sa chevelure avait les teintes de l'or, et son regard les nuances du ciel. De l'un ou de l'autre, il ne devait rien rester. Et sur sa tombe, nul ne pouvait venir pleurer.

Nachtgewalt emporterait avec lui le secret de ce combat et de celle qui l'avait perdu.

La Haine, au fond de son cœur, bouillonna avec jalousie. Elle se sentait mourir, elle craignait qu'un jour, il ne reste d'elle que ses os également. Nourrie depuis tant d'années, elle occupait une place si grande que son amaigrissement ne faisait que creuser le vide de l'âme du Corbeau. Ses remous affaiblis soulignaient l'abysse d'un esprit abîmé par une Haine si tenace qu'elle avait guidé chacun de ses mouvements et chacune de ses paroles. Pantin volontaire, Nacht ignorait comment vivre sans elle. La mort de ses ennemis, décimés par ses soins ou par ceux du destin, le laissait vide et creux. La récompense de ses ravages était le prix des tourments qu'il avait infligé. Ceux qui se dressaient encore face à lui, rares et inconstants, oubliaient déjà son nom. Comme sa haine, le souvenir de l'Exauceur de Souhait devenait légende.

Le temps et la lune étaient seuls témoins du bout du chemin parcouru par Nachtgewalt.
Il secoua la tête et remit son masque sur son visage, y effaçant toute trace d'émotions à la vue du reste du monde pour le remplacer par ce sourire trop large qui le caractérisait. C'était mieux ainsi. Il enjamba le corps rouge à ses pieds et s'enfonça dans la neige avec indifférence.

C'est alors que le chant lui parvint. Ténu, et pourtant clair comme une note de cristal. Si fin qu'il n'avait plus rien d'humain, tout lui donnait des airs d'instruments s'inspirant de la voix humaine au fil des cordes et des bois.

"Corbeau, le cœur que tu saignas
Jamais n'a aimé à moitié...
"

Nacht se raidit et se tourna dans tous les sens pour trouver l'origine de ce chant. Qui l'espionnait ? Avait-il vu son visage ? S'en moquait-il ? Il siffla entre ses dents, furieux, et son habituel sourire cauchemardesque prit des accents dangereux.

" Ton âme alors en oublia
Où fut caché le sang versé...
"

Nacht se tourna en direction d'un bosquet d'où, il en était certain, s'échappait la mélodie. L'air était doux, aussi délicat qu'une plume bercée par le vent, aussi plaintif que le glissement d'un archet sur un violon. Nacht ne s'en préoccupa pas, obnubilé par le fait d'être observé à son insu. Il courut en direction de la voix, peinant à se déplacer avec la neige qui ralentissait son allure. Il ne parvenait même pas à reconnaitre la voix qui fredonnait ainsi, ou même à lui donner un genre, et lorsqu'il parvint aux arbres, il eût beau remuer les arbres de ses serres et de son irritation, il ne vit personne. Pourtant, lorsque la mélodie s'éleva de nouveau, la voix s'était multipliée, une autre l'avait rejointe.

"Corbeau, tu n'es pas aussi noir..."

Nachtgewalt se tourna dans l'autre sens. Cette fois, la mélodie lui semblait plus proche. Il avisa un puits, recouvert de neige, dont la pierre argentée se distinguait à peine sous la lueur blafarde de la lune. Il s'en approcha doucement, remuant ses serres, légèrement courbé. Son sourire se fit plus sombre encore, et il murmura :

-Voyons si vous chanterez toujours sans cordes vocales, kleine Sänger...

Mais les voix continuèrent, imperturbables dans leur mélodie :

"Que ton cœur ne laisse paraître..."

Méfiant, Nachtgewalt plissa les yeux. Il devinait à l'écho de ces voix qu'elles provenaient du puits, plus feutrées qu'un murmure, plus claires qu'un hurlement d'espoir. Il posa ses mains sur la surface de la pierre, et tout son corps lui cria de s'éloigner. Une angoisse inexpliquée lui serra la gorge, et cette vulnérabilité le ramena à l'arrogance furieuse qui était la sienne et qui le protégeait bien plus efficacement. Il n'était pas brave, mais Nacht était puissant. Il ne pouvait tolérer que l'on prétende le contraire, alors il se pencha.

"Car vois-tu, tous les freux le soir..."

Ses yeux fixèrent l'intérieur du puits.

"Ne sont pas ce qu'ils semblent être..."

Les dernières notes furent fredonnées alors que Nacht contemplait l'obscurité pure du puits. Il ne distinguait rien ni personne. D'un simple vœu, il enflamma alors une pierre qu'il jeta à l'intérieur de l'abysse.

Et une nuée d'oiseaux s'échappa, fuyant la lumière nouvelle créée.

Nacht eut à peine le temps de se reculer avant que les oiseaux ne le frôlent de leurs grandes ailes. Stupéfait, il observa cette nuée de corneilles voltiger dans le ciel, leurs silhouettes se détachant sur la toile lunaire tandis qu'ils rejoignaient la voie lactée. Nacht les fixa, interloqué, puis avec rage il se pencha à nouveau vers l'intérieur du puits, convaincu qu'on lui jouait un mauvais tour. Il avait la ferme intention de faire "saigner le cœur” de ceux qui s'imaginaient le connaitre et jouer de son passé.

C'est alors qu'il aperçut la petite perle bleue sur le rebord du puits. La mélodie reprit à ce moment là, sans paroles, juste fredonnée. Elle ne provenait plus de l'intérieur de l'abysse, mais de partout à la fois. Elle faisait vibrer la Haine de Nacht d'un chantonnement réconfortant, elle la faisait résonner dans le vide que la Haine s'était créée. C'était un appel à ce qu'il était, à ce qu'il avait été. Nacht fit rouler la perle au creux de ses serres, et il la reconnut : c'était une de celles qui ornaient le collier de Seira, une des fois où elle était venue le voir dans ses geôles. C'était aussi une de ces perles que Nacht lui avait dérobées et offertes à sa fille adoptive, Wünschen. Arrachée à un spectre et offerte à une enfant.

Un renouveau.

Nacht resta quelques instants silencieux, puis s'assit sur le rebord du puits, la perle dans sa paume. Pour la première fois, il écouta vraiment la mélodie fredonnée. Elle n'était pas si désagréable, finalement. Elle était douce, chaleureuse, rayonnante. Harmonieuse.

Comme la perle dans sa main.

Et comme la colombe qui s'était envolée parmi la nuée de corneilles.

Juste à temps pour le refrain :

Le vol des oiseaux s'éclaircit
Dans ses contrastes et ses nuances...
Ni noir ni blanc, juste du gris
Pour atteindre la clairvoyance...

Nacht [FS]
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